A l’occasion du « Mois du Patrimoine », le livre « Le Miracle de l’eau ; Marrakech, cité-jardin idéale » de Souad Belkeziz a été présenté au Palais Badii. Lors de cette conférence-débat, l’auteure a ainsi exposé trois des grands thèmes présents dans son livre, à savoir :
- Les Khettaras, une technique ancestrale d’irrigation au Maroc qui se traduit par des galeries souterraines creusées manuellement à partir de regards verticaux distants d’une dizaine de mètre chacun. Par simple effet de gravité, les eaux sont conduites dans les cultures. L’auteure révèle que ces galeries sont le résultat de l’esprit d’innovation et du travail de l’école des hydronomes et des arpentiers, érudits originaires d’Iran et connus également pour leur spécialité dans les constructions en terre. Souad Belkeziz indique qu’à Marrakech notamment, plus de 900 km de Khettaras ont été identifiés en 1970 par Paul Pascon.
- Le parcours de l’eau à l’intérieur de la ville comme fondement de la culture arabo-musulmane et comme base de son organisation spatiale. L’auteur explique dans ce sens qu’à l’époque almoravide, la cité de Marrakech adopte un modèle radioconcentrique autour de l’eau et de la mosquée gardienne de cette dernière. On apprend ainsi que l’eau jouit d’une forte symbolique et d’une sacralité notamment grâce aux préceptes du Coran la concernant, tels que la gratuité de l’eau pour tous ou encore l’obligation d’équité dans sa distribution, qui était assurée par cette institution et base du pouvoir que représentait la mosquée, comme on peut le lire dans un communiqué. Tous les quartiers étaient disposés de telle manière que leurs ruelles convergeaient vers une centralité où se trouvait la mosquée de quartier, la fontaine, le hammam et les latrines.
- Le palais Badii et la période Saadienne. Souad Belkeziz nous fait ainsi découvrir les origines de ce lieu exceptionnel qu’est le palais Badii, à travers des gravures anciennes et des plans reconstitués nous permettant de nous placer dans l’ancienne kasbah almohade devenue Saadienne au sein de laquelle le palais a été construit.
La conférence et le débat qui a suivi, ont été marqué par l’idée de création d’une association à Marrakech pour la sauvegarde du patrimoine historique et végétal de la ville, dont les Khettara et les bâtiments de l’époque coloniale.