Les femmes en situation de handicap aussi victimes de violences

Abus sexuels, violences physiques, psychologiques et économiques, …Les femmes en situation de handicap ne sont pas épargnées. Au contraire. Elles sont surexposées à la violence. Isolées et marginalisées, ces femmes, victimes et souvent dépendantes, ont dû mal à être écoutées, entendues et crues…

Leurs cris sont inaudibles. Pourtant les coups pleuvent tout comme les injures. Les femmes en situation de handicap sont violentées, maltraitées, parfois violées. Au Maroc, il n’existe aucune donnée chiffrée sur ce fléau. “Vous imaginez que les femmes en situation de handicap n’ont pas été mentionnées dans la dernière enquête nationale du Haut-Commissariat au Plan (HCP) concernant les violences faites aux femmes. Elles sont encore oubliées !”, s’indigne Sabah Zemmama, présidente de l’Union Nationale des Associations
œuvrant dans le domaine du Handicap Mental au Maroc (UNAHM). Comme le rappelle l’étude qualitative sur les perceptions sociales liées au handicap au Maroc présentée par l’antenne locale de l’UNESCO en 2021, le taux de prévalence du handicap dans le Royaume est de 6,8%, soit 2,3 millions de personnes. Ce chiffre représente 25% des ménages soit 1 ménage marocain sur 4… “Les exemples de violences dont sont victimes les femmes en situation de handicap notamment de handicap mental sont innombrables”, appuie Sabah Zemmama. “Elles subissent des moqueries et remarques acerbes à l’intérieur ou à l’extérieur de chez elles. Elles sont malmenées, frappées, manipulées … Elles n’ont pas le droit de gérer leur argent. Elles n’ont pas leur mot à dire sur l’achat, par exemple, d’un vêtement. Elles peuvent être lésées lors de l’héritage, etc.” Et d’enchaîner : “Les préjugés et les stigmatisations sur les femmes en situation de handicap sont pesants, engendrant violences et mépris. Beaucoup de personnes dans la société ont encore une vision erronée, ne voyant pas que la femme en situation de handicap est avant tout une femme, une citoyenne que l’on doit respecter…”

Hchouma
Les viols et les incestes sont également très fréquents. “Certaines familles se rendent compte des agressions sexuelles subies mais préfèrent regarder ailleurs et ne rien révéler”, indique Sabah Zemmama. La raison ? “La Hchouma, omniprésente au sein des foyers et de la société”, répond Khadija Baladi, psychologue-clinicienne au sein de l’Association des parents et amis des personnes handicapées mentales (Hadaf). “Pourquoi être pointé du doigt alors que la femme en situation de handicap mental n’a, selon certains proches, peut-être pas conscience de ce qui se passe ? Alors que c’est totalement faux ! Elle n’est aucunement insensible à la douleur !” Et Sabah Zemmama d’enchérir : “J’ai déjà entendu des familles me dire qu’une agression sexuelle n’était pas grave car elle ne se marierait jamais…” Libérer la parole est cruciale mais difficile.  “Selon son handicap notamment mental (léger, modéré ou profond), une femme ne va pas révéler les maux subis de la même façon mais elle va parler à sa manière”, ajoute Sabah Zemmama. Décryptés quand c’est le cas, ses mots sont souvent niés. “Le taux de femmes victimes de violences déposant plainte est ridicule. Aussi, imaginez un peu celui des femmes en situation de handicap ?”, peste-t-elle. “Et quand elles le font, leur parole est bafouée…”

Quelle assistance ?
Pour Sabah Zemmama, il est difficile, encore aujourd’hui, de parler d’accompagnement ou de protection des femmes en situation de handicap victimes de violences au Maroc. “Au sein des associations défendant les personnes en situation de handicap, nous soutenons bien sûr ces femmes victimes de violences et essayons de trouver des solutions, parfois avec leur famille, mais cela reste extrêmement compliqué”, déplore-t-elle. Car outre le dépôt de plainte qui pourrait enclencher une procédure judiciaire, quels aide et hébergement leur offrir ? “C’est une question capitale sans réponse concrète. On bricole !”, répond Sabah Zemmama. Quant aux associations de lutte contre les violences faites aux femmes, elles ont longtemps été dans l’impossibilité de prendre en charge les femmes violentées en situation
de handicap, se disant mal outillées. Aujourd’hui, certaines tentent de leur tendre la main en leur apportant principalement un soutien juridique et psychologique. C’est le cas de l’Association Tahadi pour l’Égalité et la Citoyenneté (ATEC). “Toute femme qui rentre dans nos locaux est accompagnée”, affirme Bouchra Abdou, présidente de ladite association. “Nous ne regardons pas si elles ont un handicap ou pas. Nous ne laissons personne sur le seuil de la porte.” Et de confier : “Dans notre centre d’appel, nous nous sommes rendus compte du nombre conséquent d’appels à l’aide de ces femmes et de leurs proches.” L’an dernier, l’ATEC a suivi deux cas de femmes violentées en situation de handicap. Seul un s’est finalisé par l’incarcération de l’agresseur. “Pour l’autre affaire, la pression de la famille a été telle que la mère et sa fille en situation de handicap ont dû retirer leur plainte”, se désole Bouchra Abdou. Pour Sabah Zemmama, il est impératif d’agir, appelant à un renforcement des politiques publiques, à la mise en place d’études chiffrées, à l’élaboration de solutions propres à tous les handicaps facilitant le signalement des abus de manière discrète et sécurisée, à la mise en œuvre d’encadrements adaptés et accessibles, ainsi qu’à une coordination étroite avec les ONG spécialisées sur la question du handicap et des violences. “Il y a urgence !”, interpelle-t-elle. “On ne peut plus détourner le regard !” 

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