Préparer un mariage au Maroc implique une série de choix parfois complexes. Plus qu’un simple événement, c’est une mise en scène savamment orchestrée, où chaque détail compte. Du choix de la salle aux dernières retouches maquillage, rien n’est laissé au hasard. Traiteur, orchestre, make-up artist, fleuriste, neggafa…, les futurs mariés sont confrontés à une multitude de prestataires, tous indispensables à la réussite de cette journée unique. Encore faut-il savoir vers qui se tourner et quelles tendances dominent la saison.
La salle de réception : Place aux espaces ouverts
La salle des fêtes est souvent la première case à cocher sur la longue check-list des futurs mariés. Aujourd’hui, les lieux les plus prisés ne sont pas nécessairement les plus grandioses, mais ceux qui offrent de la flexibilité et des espaces extérieurs. “Actuellement, la tendance penche vers les espaces ouverts, les coins de verdure et les lieux avec un plan d’eau. Ni trop grands ni trop exigus, les futurs mariés que je reçois recherchent avant tout un cadre naturel, des vues dégagées et un beau ciel bleu en toile de fond. Ils sont même prêts à faire des concessions sur d’autres prestations, à condition que le lieu de réception soit ce petit coin de paradis qui fera de leur cérémonie un moment à la fois magique et inoubliable”, observe Diâa Lahmamsi, wedding planner. Cette option pousse de nombreux couples à s’éloigner des salles classiques au profit de domaines champêtres ou de villas privées, parfois en dehors des grandes villes. “Peu importe la ville ou l’éloignement par rapport au centre, un lieu en plein air reste le choix de prédilection de la majorité des couples que j’accompagne. Puisque la nature est au cœur de leurs envies, l’entrée de la mariée en Amaria, au coucher du soleil, s’impose presque naturellement. L’ambiance devient alors féerique, sublimée par la lumière vacillante des bougies, offrant à la mariée une allure de reine”, poursuit-elle.
Une tendance que confirme Ali Zouhri, vice-président de l’Union marocaine des propriétaires et gérants des salles des fêtes, et directeur général du Palais Saada à Meknès. “La tendance actuelle va clairement vers les espaces verts bien aménagés, dotés d’un bon éclairage et de plafonds drapés pour créer une ambiance magique. Ces lieux sont souvent pensés par des ingénieurs et des décorateurs d’intérieur afin de répondre à un thème précis, choisi en fonction des envies des mariés”, explique-t-il. Pour autant, certaines salles plus traditionnelles conservent toute leur aura. “Les salles ornées de plâtre sculpté ou de bois travaillé gardent leur charme et restent toujours très prisées”, relève-t-il.
Un menu moderne, sans oublier les classiques
La composition du menu de mariage suscite une attention particulière. Les tendances actuelles oscillent entre respect de la tradition et ouverture vers des cuisines plus modernes. Là aussi, l’équilibre entre raffinement et convivialité est recherché. “Actuellement, les menus de mariage suivent des tendances bien définies. En entrée, on propose souvent un assortiment de quatre salades: burrata, fruits de mer, quinoa-avocat et endives aux noix, puis un duo ou trio de pastillas, généralement au poulet, aux fruits de mer et au saumon”, détaille Ali Zouhri, également traiteur. Cette ouverture à des saveurs plus contemporaines répond à une demande croissante de variété, sans pour autant sacrifier les classiques. “Pour le plat principal, si le gigot farci et le filet en sauce aux champignons séduisent par leur raffinement, les grands classiques comme le méchoui et le poulet rôti à la daghmira restent des incontournables toujours très demandés”, ajoute-t-il. En dessert, la tendance est à la légèreté, avec des fruits frais découpés et des tartes glacées aux saveurs fruitées. Côté présentation, rien n’est laissé au hasard non plus. “La vaisselle évolue sans cesse, mais celle en argent fassi reste la plus prisée pour son élégance intemporelle. Elle donne à la table un cachet authentique et raffiné”, précise Ali Zouhri.
La mise en beauté : Cap sur le teint glowy
Et qui dit mariage dit mise en beauté de la mariée. “En ce moment, la tendance est au teint glowy, qui sublime la mariée sans la transformer”, fait savoir Kanza Hdadi, makeup artist. “Je privilégie un travail du teint très soigné, lumineux et léger, sans surcharge de matière pour éviter l’effet masque. Les préférences varient beaucoup : certaines mariées optent pour un maquillage naturel et doux, tandis que d’autres préfèrent un rendu plus sophistiqué, qui souligne davantage leurs traits. Tout dépend du style et des envies de chacune. Cela dit, le teint lumineux reste la star incontestée”, insiste Kanza Hdadi.
Vers plus de technicité et un rendu harmonieux.
Dans le même esprit, les attentes des mariées en matière de maquillage évoluent vers plus de technicité, mais toujours au service d’un rendu harmonieux. “Aujourd’hui, les mariées recherchent un maquillage longue tenue, naturel mais couvrant, capable de tenir face à la chaleur et à l’émotion. Elles aiment aussi avoir un regard lifté, souvent accompagné de faux cils discrets, des sourcils façon browlift, et un rendu photogénique qui reste harmonieux en vrai”, souligne la maquilleuse. Mais pour que le maquillage tienne toutes ses promesses, la préparation de la peau commence en amont. “Une peau lumineuse passe d’abord par une bonne hydratation, une alimentation équilibrée et une routine de soins stable. Pas de changements brusques ni de soins trop proches du jour J, pour éviter rougeurs et réactions. Je recommande aussi d’épiler le visage quelques jours avant, et d’éviter les extensions de cils permanents qui peuvent compliquer le maquillage et limiter les possibilités de lifting du regard”, conseille Kanza Hdadi.
Caftan Lakhrib, tissu Hajj Omar…
Le retour aux sources
On ne peut pas parler de mariage marocain sans évoquer la neggafa. Bien plus qu’une habilleuse, elle est garante d’un rituel ancestral. Cette saison, Neggafa Saphir observe un véritable retour aux sources. “En ce moment, les mariées marocaines préfèrent le pur traditionnel au contemporain. Elles privilégient le style beldi”, explique-t-elle. “Parmi les tenues en vogue, on retrouve le caftan Lakhrib, réalisé selon la méthode artisanale du Maâllem, ainsi que le tissu Hajj Omar, très prisé pour son raffinement. Côté accessoires, la tendance est aussi au beldi, avec des pièces traditionnelles ornées de rosaces, d’émeraudes ou de rubis”, précise-t-elle. Ce retour au traditionnel s’accompagne aussi d’une réorganisation pratique du déroulé de la soirée. “Autrefois, on comptait jusqu’à cinq tenues dans une même soirée, alors qu’aujourd’hui, les mariées préfèrent limiter leurs tenues à trois maximum. Une pour la cérémonie du henné, une autre pour l’entrée en Amaria, et une dernière pour le dîner”, détaille Neggafa Saphir. Une manière de profiter davantage de la fête, sans devoir s’absenter à répétition pour se changer. “Je recommande aux futures mariées de faire plusieurs essayages et de choisir leurs tenues en fonction de la morphologie et de la forme du visage. Par exemple, un grand diadème ne conviendra pas à toutes les formes de visages. Une mariée ronde sera mise en valeur par des tissus légers et des couleurs foncées, tandis qu’une silhouette fine pourra se permettre des matières plus riches, comme le velours ou le tissu Tlija, dans des tons clairs”, conseille-t-elle.
Une décoration florale sobre et chic
Aujourd’hui, la décoration florale ne se limite pas aux tables et au “trône des mariés”, elle habille l’ensemble de la salle. Hamza El Ansari, cofondateur et Directeur Développement et Marketing chez Le Céladon Fleuriste, observe une véritable évolution des goûts et des attentes. “Les tendances actuelles vont vers une décoration plus naturelle, où l’élégance sobre et les compositions aériennes sont à l’honneur. Les fleurs séchées ou stabilisées sont de plus en plus populaires, souvent associées à des fleurs fraîches pour créer des arrangements à la fois intemporels et modernes”, explique-t-il. Ce retour à une esthétique épurée s’accompagne d’un désir croissant de personnalisation. “La tendance est au sur-mesure : chaque mariage devient une histoire à raconter à travers les fleurs. Une grande attention est portée à la cohérence entre chaque élément floral et l’ensemble de l’univers visuel du mariage, des bouquets aux décors de table, en passant par l’architecture florale”, poursuit Hamza El Ansari. À ceux qui planifient leur grand jour, Hamza El Ansari adresse un conseil essentiel : “Restez fidèles à votre propre vision et à l’atmosphère que vous souhaitez créer”, souligne-t-il.
Le Chaâbi, la star musicale incontestée
Sans musique, pas de fête. Et au Maroc, la musique est une affaire sérieuse. Le choix de l’orchestre conditionne l’ambiance et le rythme de la soirée. Si les mariés recherchent une animation festive, le chaâbi s’impose plus que jamais comme le genre musical incontournable. “Le chaâbi est aujourd’hui la véritable vedette des mariages marocains. Il est devenu incontournable et demandé dans toutes les régions du pays, sans distinction”, observe Samir El Filali, chef d’orchestre. Un changement de paradigme, quand on sait qu’il y a encore quelques années, chaque région conservait ses préférences : “À Fès, on optait surtout pour du tarab, du melhoun ou un chaâbi discret, tandis que dans le Nord, la Taqtouqa jabaliya dominait. Aujourd’hui, on constate un engouement général pour le chaâbi et même pour des styles comme El Aloua. Ce répertoire n’est plus perçu comme régional, il s’impose désormais comme une tendance nationale”, précise Samir El Filali.
“On voit également émerger des nouveautés dans les musiques accompagnant les moments phares de la cérémonie comme l’entrée des mariés, le tour de l’Amaria et celui de la mida, avec l’introduction de paroles inédites autour de l’amour et de la mariée”, poursuit-il. La musique de mariage évolue aussi dans sa forme instrumentale. “On intègre de plus en plus de cuivres comme la trompette ou le trombone. Ce sont des influences occidentales qui viennent enrichir et dynamiser le chaâbi, tout en conservant son essence populaire”, souligne le chef d’orchestre. Enfin, certains passages du mariage appellent une ambiance musicale plus feutrée. C’est le cas du moment où la mariée fait son entrée en robe blanche, une scène inspirée des codes occidentaux. “Étant donné que ce moment s’inspire d’un univers plutôt occidental, nous privilégions des ambiances douces et romantiques, souvent portées par le violon, plutôt que des sonorités orientales. Cela permet de conserver une cohérence avec le style de la tenue et l’atmosphère souhaitée”, conclut Samir El Filali. Entre traditions revisitées et envies modernes, l’essentiel reste de s’entourer de prestataires de confiance, capables de transformer cette journée en un souvenir inoubliable.