Le Maroc, une destination en plein essor

Le Maroc, véritable joyau de l'Afrique du Nord, connaît une ascension remarquable dans l'industrie touristique internationale. Face à une demande persistante même en période de crise, se pose la question : ce succès est-il le résultat des efforts de promotion touristique ou une résultante du phénomène “travel revenge”, cette soif de revanche du voyage ? Eléments de réponse.

Le Maroc, vanté par certains comme l’un des plus beaux pays au monde, est également une destination touristique de premier plan. Que l’on soit en quête d’aventure, de détente ou de découvertes culturelles, le Royaume répond aux attentes des voyageurs les plus exigeants, les transportant dans un univers exotique et luxueux. Cette renommée croissante résulte non seulement de son charme naturel, mais aussi de l’investissement considérable à la fois étranger et national, réalisé dans le secteur du tourisme. À tel point que les recettes touristiques de cette année, dépassent largement les prévisions des spécialistes. “Les observateurs et experts du secteur touristique sont étonnés par la rapidité de la reprise de l’activité. Je suis convaincu que l’année 2023 surpassera l’année record de 2019. Les indicateurs actuels laissent présager que nous sommes déjà sur la bonne voie, voire au-delà de nos attentes”, se félicite Ismaïl Loubaris, directeur commercial & marketing pour l’Afrique du Nord du groupe Accor. En effet, et selon le ministère du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, l’évolution des arrivées touristiques au Maroc connaît un essor remarquable durant ce début d’année avec 5.1 millions d’arrivés touristiques à fin mai 2023, soit une croissance de 20% par rapport à la même période de 2019. Cette tendance impacte positivement les recettes touristiques qui ont atteint à leur tour 32 milliards de dirhams à fin avril 2023, soit 40% de plus que 2019, souligne le ministère. Mais qu’est-ce qui a réellement alimenté cette demande exceptionnelle ?

Travel Revenge

Deux facteurs majeurs méritent d’être pris en compte, selon Zoubir Bouhoute, ancien directeur du Conseil provincial du tourisme de Ouarzazate. D’une part, le phénomène marquant du “travel revenge” et, d’autre part, l’élévation du taux de consommation observée dans les années qui suivent les crises, engendrant ainsi un effet de récupération. “Après avoir vécu des pertes personnelles, des périodes de confinement et d’incertitude pendant deux années, les individus ne raisonnent plus de la même manière qu’avant la pandémie. Dès qu’ils ont l’opportunité de sortir et de se divertir, ils saisissent cette chance. C’est pourquoi nous constatons un engouement touristique à l’échelle mondiale”, détaille-t-il. Une tendance se dégage, poursuit-il, lorsqu’on examine les données du secteur touristique depuis 1990 jusqu’en 2023 : à chaque crise, les années qui suivent enregistrent des taux de croissance supérieurs à la moyenne. À titre de référence, de 2000 à 2019, le taux de croissance a été d’environ 4%, tandis qu’après la crise du Covid, cette augmentation a atteint 7% à 9%, selon la moyenne mondiale. “Dans un contexte post-pandémie, les dépenses par visiteur ont connu une progression de 20% en 2022, passant de 6 000 DH à 7 400 DH”, affirme le ministère de tutelle, ajoutant que les arrivées touristiques en mai 2023 ont enregistré une croissance remarquable par rapport à 2019 : +2% pour les visiteurs français, +46% pour les visiteurs espagnols, +29% pour les visiteurs anglais, +10% pour les visiteurs italiens et +8% pour les visiteurs américains.

L’attrait de la ville ocre

À Marrakech par exemple, l’activité touristique a atteint son point culminant, puisque la fréquentation a battu les records en affichant une hausse de plus de 63% des arrivées par rapport à la même période de l’année 2019 et une hausse de 51% de ses nuitées. Parallèlement, durant le mois de mai, l’aéroport de Marrakech-Ménara a connu une augmentation au niveau du trafic aérien par rapport à la même période de 2019. Il a enregistré un volume de trafic commercial passager de 624.029 contre 493.126 seulement en 2019, soit une hausse de 27%. “Contrairement aux affirmations de certains, Marrakech ne connaît pas de saturation. Seules les périodes clés telles que les vacances de Pâques, du Pessah et les vacances d’été marocaines connaissent une forte affluence”, argue Mustapha Amalik, secrétaire général du Conseil régional de tourisme (CRT) Marrakech, ajoutant que comme partout dans le monde, le marché est basé sur l’offre et la demande. Il poursuit que les prix parfois élevés s’expliquent par la concurrence de plusieurs événements qui se déroulent souvent simultanément. “Le même établissement de la même chaîne à Marrakech coûte beaucoup moins cher que dans n’importe quel autre pays. La clientèle nationale, qui se plaint des tarifs, manque simplement de culture du voyage et ne planifie pas souvent à l’avance. Résultat, réserver une chambre à la dernière minute coûte bien plus cher que de le faire en avance”, explique Mustapha Malik.

De son côté, Rkia Alaoui, présidente du CRT Tanger explique que bien que l’activité touristique ne soit pas aussi intense qu’à Marrakech, elle a connu une évolution positive au cours des deux dernières années post-Covid. “Nous sommes optimistes. Le retour de l’opération Marhaba et l’attrait des villes balnéaires du Nord ont eu un impact positif sur le tourisme dans la région”, déclare-t-elle. Elle souligne également que les arrivées aux postes-frontières ont enregistré une augmentation de 215% au cours des quatre premiers mois de 2022, atteignant ainsi 1,5 millions de touristes. Sauf que la saisonnalité du tourisme reste tout de même un défi majeur pour les régions balnéaires marocaines telles que la ville de Tanger. D’ailleurs, les acteurs de la région unissent leurs efforts pour accroître la visibilité de Tanger qui accueille de plus en plus d’événements d’envergure tels que le Mondialito, souligne Rkia Alaoui. Ces initiatives constituent un véritable coup de pouce pour l’activité touristique. “Nous sommes actuellement en période de récupération. Ceci permettra à nos destinations de progresser. Cependant, nous avons encore du chemin à parcourir pour atteindre le niveau de destinations mondiales qui génèrent trois fois, voire plus, de nos revenus avec un nombre équivalent de touristes”, espère la présidente du CRT Tanger. Ainsi, si ces destinations attirent un grand nombre de visiteurs pendant la saison estivale, elles font tout de même face à une baisse significative de l’affluence pendant le reste de l’année. Cette situation crée, selon Rita Touzani, consultante en tourisme, des difficultés pour les acteurs du secteur touristique qui doivent gérer une demande fluctuante et s’adapter aux variations saisonnières. “Pour stimuler le tourisme dans la région du Nord, nous devons diversifier notre offre, promouvoir le tourisme hors-saison et attirer des visiteurs tout au long de l’année. Cela peut être réalisé en organisant des événements culturels, des festivals, des activités sportives et en mettant en valeur notre patrimoine historique et naturel”, suggère Rita Touzani. Selon elle, en plus des hôtels de luxe, la région a besoin davantage de restaurants et d’activités touristiques pour progresser.

Le secteur connaît une reprise encourageante

Le premier marché hors domestique reste le marché français, bien qu’en termes d’arrivées touristiques, il n’est toujours pas arrivé au niveau de l’année 2019. En revanche, les marchés espagnol, anglais, israélien et latino-américain connaissent une croissance significative par rapport à 2019. Cette expansion témoigne d’un intérêt croissant pour la destination marocaine qui est aussi une destination de luxe. En ce qui concerne la promotion de l’image du Maroc, des efforts considérables ont été déployés. L’ONMT a entrepris une refonte complète de la marque “Maroc” à l’étranger, renforçant ainsi sa visibilité et son attractivité. Des campagnes publicitaires réussies, comme “Maroc terre de lumières”, ont été lancées pour mettre en avant les attraits du pays. Des partenariats avec des opérateurs spécialisés dans le tourisme de luxe ont également été établis pour renforcer la présence du Maroc sur le marché international.

Cependant, des défis subsistent. Le taux d’occupation des chambres d’hôtel n’est pas optimal tout au long de l’année, nécessitant une intensification des efforts de commercialisation pour attirer davantage de visiteurs. Il est essentiel que tous les acteurs de l’industrie touristique jouent un rôle actif dans la promotion de la marque “Maroc” et la vente de ses attraits. En termes de compétitivité internationale, il est important de noter que les comparaisons avec d’autres destinations peuvent être biaisées. Les offres et les prix varient considérablement d’un pays à l’autre, et il convient de mettre en valeur les spécificités et les avantages uniques que le Maroc offre en tant que destination.

Dans l’ensemble, le secteur du tourisme connaît une reprise encourageante. Il est crucial de prendre des mesures pour résoudre les problèmes liés à la demande, tels que les liaisons aériennes et l’amélioration du service, afin d’offrir une expérience touristique de qualité et d’encourager les visiteurs à partager leur expérience positive sur les réseaux sociaux.

Défis et enjeux

Ceci dit, dans de nombreuses villes marocaines, la question de la saisonnalité n’est pas le seul défi auquel elles doivent faire face. Un problème majeur concerne la fiabilité des étoiles affichées sur les hôtels. Rita Touzani souligne l’urgence de mettre à jour les anciens hôtels cinq étoiles qui sont devenus vétustes, dépassés et négligés. “Les coûts élevés de rénovation poussent les exploitants à privilégier la construction de nouveaux établissements plutôt que la rénovation des anciens”, ajoute-t-elle. Malheureusement, pendant ce temps, ces hôtels conservent leur classification en étoiles, maintiennent des tarifs élevés, mais ne proposent pas un service à la hauteur. De plus, selon Zoubir Bouhoute, environ 25% des chambres d’hôtel au Maroc ne sont pas disponibles à la commercialisation, en particulier dans des destinations telles que Ouarzazate et Agadir, où plusieurs établissements sont fermés. “Cependant, si nous parvenons à stimuler les investissements pour accroître notre offre, nous pourrons récupérer la place que nous avons perdue en raison de la pandémie de Covid-19”, fait-il savoir. L’expert reste néanmoins optimiste quant à l’avenir du secteur qui se portera mieux, dit-il, avec la concrétisation de la nouvelle feuille de route. Il détaille dans ce sens qu’il est crucial d’accorder une plus grande importance à l’investissement dans le secteur du tourisme surtout que le Maroc bénéficie d’une renommée certaine. C’est pourquoi il faut répondre à la demande en modernisant le parc hôtelier marocain. “Je suis convaincu que cela est réalisable grâce à la nouvelle charte de l’investissement qui prévoit des mesures d’accompagnement, de financement et de soutien aux investisseurs. Notre reprise n’a commencé qu’en mai 2022 et l’année 2023 s’annonce prometteuse”, se félicite Zoubir Bouhoute.

Par ailleurs, l’expert souligne l’importance du travail remarquable effectué par la campagne “Maroc terre de lumières”, lancée par l’Office national marocain du tourisme (ONMT) en avril 2022, ainsi que la participation active du pays à divers salons internationaux. Selon lui, des initiatives telles que l’accueil des tours opérateurs, les voyages de presse, l’implication des influenceurs, les événements sportifs, les festivals de mode ou de musique jouent un rôle essentiel dans la promotion de l’image du Maroc. Grâce à ces actions, le Maroc peut gagner en visibilité et en rayonnement. “Maintenant, l’un des défis que se doit de relever le Royaume, c’est que lorsqu’un touriste potentiel d’Amérique latine, d’Amérique du Nord ou d’un autre pays voit une publicité vantant la beauté du Maroc, il doit pouvoir trouver des liaisons aériennes accessibles pour s’y rendre. C’est là que réside l’enjeu majeur”, insiste l’expert. Il ajoute qu’il faut également travailler sur la qualité du service offert, en veillant à éviter tout harcèlement ou désagrément, afin que les touristes vivent une expérience positive qu’ils partageront sur leurs réseaux sociaux. “Il nous faut en urgence remédier à tout cela car nous risquons, après ces années de récupération, de nous confronter à une crise sans précédent”, met en garde Rita Touzani.

Somme toute, l’engagement considérable dans la promotion de la destination Maroc, les investissements importants réalisés par les secteurs privé et public, ainsi que l’effet du “travel revenge”, ont suscité un engouement sans précédent pour le Maroc, le positionnant comme une destination incontournable. Cependant, il est crucial de concrétiser cette notoriété. Cela implique de garantir des liaisons aériennes adéquates et de fournir un service de qualité, afin d’offrir aux touristes une expérience mémorable et de générer des recommandations positives.

Une approche stratégique pour relancer le secteur

La sortie de crise s’annonce prometteuse pour l’industrie touristique, avec des perspectives encourageantes pour l’année 2023. Cette tendance positive indique un regain d’activité touristique et témoigne du redressement après une période difficile. Le Maroc, qui occupait autrefois la première place en Afrique selon l’Organisation mondiale du tourisme, a été dépassé par l’Égypte au cours des dernières années, avec un écart de 800.000 arrivées touristiques. Cependant, les prévisions pour 2023 sont encourageantes, avec l’objectif d’atteindre les 14 millions de touristes et de rivaliser avec l’Égypte pour s’accaparer de la position de leader.

Pour réaliser cet objectif ambitieux, il est essentiel de concrétiser les recommandations de la nouvelle feuille de route du secteur touristique. L’un des défis majeurs consiste à augmenter la capacité hôtelière du pays. Le Maroc a la chance de disposer d’une feuille de route élaborée en collaboration avec les professionnels du tourisme, ce qui favorise une approche concertée pour répondre aux besoins de tous les acteurs du secteur. Cette approche stratégique contribuera à la relance du secteur et à renforcer la compétitivité du Maroc sur la scène internationale.

Ainsi, les perspectives pour le secteur touristique marocain sont très favorables, avec le pays qui se dirige résolument vers la reconquête de sa position de leader en Afrique. Une feuille de route claire, des investissements ciblés et une amélioration de l’offre hôtelière placent le Maroc dans une position propice pour attirer un nombre croissant de touristes et accroître sa visibilité et son rayonnement à l’échelle internationale.

 Quels sont les obstacles rencontrés dans la région du Nord ?

Outre la contrainte de saisonnalité qui affecte la région de Tanger-Tétouan- Al Hoceima, il existe des problèmes liés à la connectivité aérienne et à l’augmentation des tarifs des traversées maritimes. Nous sommes optimistes pour l’année à venir, mais nous restons prudents eu égard aux retombées de la pandémie. De plus, l’ombre d’une récession dans certains marchés exportateurs commence à peser sur l’esprit des consommateurs, car touchant leur pouvoir d’achat. Cela signifie que l’année 2023 ne sera certainement pas sans difficultés. Cependant, nous resterons résilients et vigilants.

 Quel est le profil des touristes qui choisissent le Nord ? Pourquoi le choisissent-ils ?

Les touristes qui choisissent le Nord ont des profils variés, en raison de la diversité de notre région qui offre différents types d’attractions (plages, culture, nature, sports, etc.). Cependant, une part importante de notre clientèle est constituée de Marocains résidant à l’étranger (MRE), ainsi que les nationaux qui ont tendance à réserver au dernier moment. Nous constatons également une augmentation des événements de type MICE (Meetings, Incentives, Conventions, and Exhibitions) dans la région. La clientèle d’affaires a contribué à occuper une part importante de notre capacité d’accueil. Les activités de formation et de team building organisées par de grandes entreprises ont stimulé le nombre d’arrivées, qui était traditionnellement tiré par la demande balnéaire.

Êtes-vous confrontés à des problèmes de compétences ? Pourquoi ?

Après deux ans de crise et de fermeture d’établissements, les talents se sont tournés vers d’autres secteurs, tels que les banques et les assurances. Les hôteliers sont contraints d’augmenter les salaires de certains cadres supérieurs pour les fidéliser, notamment les chefs cuisiniers, essentiels au bon fonctionnement des établissements en termes de qualité. En outre, il existe des raisons structurelles telles que le manque de formation, de motivation et de perspectives de carrière.

 

 

 

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