Amel Sebti : “Le bien-être est une quête permanente”

Le bien-être est le graal auquel aspire l’être humain. Cet n’est pourtant pas à la portée de tous, et nécessite une quête absolue pour être bien dans son corps et son esprit. Amel Sebti, thérapeute holistique déblaie pour nous le chemin pour atteindre cette plénitude tant espérée.

Quel est l’impact de nos émotions sur notre bien-être  et notre santé ?

Les émotions ont un double impact sur notre bien-être. Le premier est un impact direct, chimique. Quand on ressent du stress, de la colère ou de la peur, les hormones vont entraîner une modification de notre homéostasie (température corporelle, battements de cœur, pression sanguine, dilatation des paupières, etc.). Lorsque ces émotions sont excessives, elles deviennent toxiques, dommageable pour nos constantes vitales. Le retour à l’équilibre est souvent difficile. Le second impact est indirect et dépend de la façon dont nous gérons nos émotions. À titre d’exemple, quand la personne ressent de l’anxiété, de l’angoisse et de la frustration, et qu’elle met en place des mécanismes de défense, cette attitude va installer certains comportements automatiques et répétitifs qui peuvent affecter la santé… En fait, chaque personne déploie à sa façon des mécanismes pour gérer le stress ou la colère. Lorsque le comportement adopté est contraire à notre bien-être global, il peut nuire à notre santé.

Comment le bien-être physique peut-il influer sur le bien-être mental ?

Le bien-être physique et mental sont indissociables. Tout déséquilibre ou déficit de l’un influence l’autre. Aussi, et au-delà des différentes dimensions de l’être (mental, spirituel, énergétique, etc.) la dimension à travers laquelle nous vivons l’expérience terrestre est notre biologie. C’est à travers elle que s’expriment toutes les autres formes de maladies. En améliorant notre biologie ou notre état physique, nous pouvons améliorer les autres dimensions de notre corps. Toutes les études ont d’ailleurs démontré l’importance d’une activité physique et d’une alimentation saine. Nous savons maintenant que nous avons un deuxième cerveau au niveau de notre intestin qui est soumis à la manière dont nous nous alimentons, ou encore à la richesse de notre biotope.

Quand on est malade, on ne peut concevoir d’être heureux, car le bien-être renvoie à la notion d’être bien… Travailler le bien-être physique nous amène vers une forme de responsabilité du corps, de bien-être de notre biologie qui nous laisse une plus grande latitude pour nous occuper des autres domaines liés à notre bien-être.

Et qu’en est-il du cerveau ? Manipule-t-il  la façon dont nous percevons notre corps ?

Tout ce que nous gérons, nous le faisons par rapport aux autres. Si on était seul au monde, nous n’aurions aucune perception de notre corps, de notre niveau de bonheur de richesse ou de réussite. Ce sont clairement les imputs externes, tels les dynamiques de groupe, les expériences vécues et la manière dont les autres nous voient qui vont déterminer et manipuler la façon dont nous nous percevons et percevons notre corps… Le cerveau, et cela a été prouvé par des recherches scientifiques, procède par comparaison. Il a été démontré que nous nous comportons à travers un phénomène qui s’appelle la preuve sociale. L’être humain vit par mimétisme par rapport à l’autre. Notre cerveau enregistre une sorte de banque d’images idéales, et Dieu sait combien nous sommes bombardées d’images anxiogènes, standardisées, et soumis à des échelles de valeur, proches de la perfection. Ceci installe à l’intérieur de nous une espèce de censeur extrêmement dur envers nous et qui nous manipule sur la façon de nous habiller, de manger, etc. car le cerveau est injuste et sélectif et ne retient que les expériences négatives… Il est important de développer de la bienveillance envers soi-même, de travailler à accepter ses vulnérabilités…

Quels sont vos conseils pour atteindre et consolider la santé physique et mentale ? 

Le bien-être est une quête permanente. On ne peut pas l’atteindre de façon fortuite. Il faut de l’intentionnalité pour pouvoir changer la perception de son propre corps et aller vers le bien-être physique. 

Pour atteindre la santé physique et mentale, il est nécessaire d’opérer un changement de mindset qui consiste à voir son corps comme un outil de bien-être. L’injonction au bien-être ou au bonheur se fait presque toujours au niveau mental. On nous invite à travailler, à faire des choses, à apprendre, à mettre en place des actions, pour atteindre le bien-être. Il faudrait plutôt considérer que notre corps est capable de contribuer à ce bien-être général, et partant de là, accepter de fournir des efforts, de mettre de l’intentionnalité pour aller vers ce bien-être physique. Nous avons besoin de développer une conscience du corps, de se reconnecter avec soi-même…Autrement dit, il faudrait créer une espèce d’alliance entre son corps et sa conscience.

Dans ce cas, comment prendre soin de soi au quotidien ?

Les recommandations de l’OMS sont très claires à ce sujet. Cela passe par une alimentation saine, un minimum d’activités sportives et physiques, la méditation qui a un effet détoxifiant sur le corps, s’exposer au soleil, avoir une vie sociale, contribuer à la vie de la communauté, œuvrer à faire quelque chose qui a du sens, faire du bien…

Les règles d’une alimentation saine sont très simples. C’est une alimentation intelligente et qui est la plus proche de la nature, basée sur ce que tout ce qui estvivant (graines, fruits, légumes), et qui repose également sur le rythme biologique du corps, l’heure à laquelle notre digestion commence et s’arête, la connaissance du rythme du stress et du cortisol, 

Au niveau de l’activité physique, il est important d’en avoir deux : une activité physique intense qu’on appelle cardio (aérobic, course, etc.), c’est-à-dire toutes les activités qui augmentent notre souffle cardiaque et qui sont très bonnes pour notre cerveau.

Il y a aussi une autre catégorie d’exercices qui sont l’endurance, excellents pour notre musculature, nos articulations, notre squelette… Nous avons besoin de ces deux types d’activité physique, quotidiennement.

La méditation permet de diminuer sa conscience conceptuelle et de se connecter à son corps, ce qui permet d’aérer le cerveau et d’alléger la charge mentale. Il y a aussi tous les exercices spirituels, telles que la prière, la contemplation, la conscience écologique être dans l’amour, qui sont autant d’éléments importants pour notre bien-être.

Qu’en est-il des injonctions liées au bien-être que les femmes subissent ?

Depuis la nuit des temps, les femmes ont toujours été soumises à des contraintes et à des injonctions, dont celles d’être parfaites. Ce n’est donc pas étonnant si  la femme est la plus grosse consommatrice de développement personnel. On a diabolisé les émotions féminines… On exhorte les femmes à aller vers plus de sérénité tout en exigeant d’elle d’utiliser sa capacité d’empathie et ses talents “émotionnels”, ce qui place la femme sous une double contrainte.

Les femmes ont un rôle à jouer dans la revalorisation de cette féminité. Et elles en sont parfaitement capables, surtout si elles ne se laissent pas prendre au narcissisme masculin et qu’elles s’approprient leur identité féminine profonde, en décryptant les injonctions implicites et contradictoires qui ont jalonné leur vie…

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