La naissance d’un bébé peut être le plus beau cadeau du monde. Le couronnement d’un amour, le début d’une nouvelle aventure… Elle est souvent attendue avec impatience et bonheur par les futurs parents. On idéalise le bonheur d’être parent, on se projette dans une famille harmonieuse, on s’imagine que l’amour sera plus fort que tout. Et puis on se confronte à la réalité, qui est plus complexe, plus exigeante, plus contraignante. Loin des photos édulcorées des réseaux sociaux et de la parentalité sacralisée, l’arrivée d’un enfant peut être une véritable tempête émotionnelle qui met à l’épreuve l’amour. Le baby clash, c’est le nom donné à cette crise que traversent de nombreux couples après la naissance de leur enfant, et qui peut parfois conduire à la rupture. “C’est un moment de grande turbulence pour les nouveaux parents qui se sentent envahis par la présence d’un bébé qui demande beaucoup de temps et d’attention. Ce moment s’accompagne malheureusement souvent de disputes explosives, de sentiments de frustration, et d’incompréhension”, explique Ghita Alami. Selon elle, on y retrouve une insatisfaction dans le couple où chacun se plaint de l’autre, et le perçoit comme insuffisamment investi. “À cela, se greffe un manque d’intimité et une sexualité souvent appauvrie qui nourrit encore plus la situation conflictuelle”, appuie la spécialiste.
Un bouleversement à tous les niveaux
L’arrivée d’un bébé implique de nombreux changements dans la vie d’un couple, tant au plan physique que psychologique, social ou financier. Il faut s’adapter à un nouveau rythme, à de nouvelles responsabilités, à de nouvelles attentes, à de nouvelles émotions. Il faut aussi composer avec la fatigue, les hormones, les pleurs, les visites, les conseils, les critiques… Autant de facteurs qui peuvent perturber l’équilibre du couple et créer des frustrations, des incompréhensions, des reproches, des conflits.
“Il y a également des causes qui sont en lien avec le parent qui revit de manière inconsciente ses propres conflits infantiles non résolus”, estime notre psychologue. “Une image parentale défaillante peut être aussi révélatrice de difficultés identificatoires. Un parent ne devient pas papa ou maman car un bébé est né. Il a besoin de temps mais surtout d’avoir accès à son propre répertoire identitaire parental”, explique-t-elle. À cela se rajoute l’état du parent à l’arrivée du bébé. Cela pourrait être un état de burnout professionnel, d’anxiété ou de stress chronique lequel peut empêcher de mettre en place des liens affectifs sereins.
D’autres raisons sont liées au couple lui-même qui découvre la “fonction” et le “travail” de parent. Car l’on n’est jamais préparé à être parent… Selon Ghita Alami, “La simple arrivée du bébé dans le foyer familial peut être ressentie comme choquante pour les parents. De manière soudaine, de nouvelles routines, doivent être mises en place. Ainsi qu’une grande tolérance à la frustration. Il importe par exemple de renoncer aux sorties nocturnes, aux voyages en tête-à-tête, etc.”
Des clés pour prévenir ou surmonter le baby clash
Mais le baby clash n’est pas une fatalité, et il ne signifie pas forcément la fin du couple. Il peut aussi être l’occasion de renforcer le lien, de se redécouvrir, de se réinventer, de se soutenir, de se réconcilier. Afin de préserver son couple et éviter que le baby clash ne dégénère en rupture, la psychologue partage avec nous ses six meilleurs conseils :
1. Communiquer : après la naissance du bébé, il est essentiel de maintenir le dialogue avec son partenaire. Communiquer de manière authentique, écouter l’autre. Se soutenir, se rassurer, se féliciter, se remercier, se dire ses sentiments, ses difficultés, ses joies, ses doutes, ses envies. Il faut éviter les reproches, les jugements, les comparaisons, les critiques, les silences, les non-dits, qui peuvent créer du ressentiment, de la frustration, de la distance.
2. S’organiser : il faut restructurer son emploi du temps et se partager les tâches à accomplir, pour éviter le débordement. Les nouveaux parents doivent faire en sorte que la répartition du travail et le partage des responsabilités dans leur foyer soient équitables. Cela est important pour éviter un épuisement psychologique et physique chez un des parents.
3. S’entourer : l’arrivée d’un bébé peut parfois être vécue comme une épreuve solitaire, qui isole le couple du reste du monde. Il est important de ne pas s’enfermer dans sa bulle, de ne pas se couper de son réseau social, de ne pas se replier sur soi. Le couple doit penser à prendre du temps pour lui, loin du bébé de temps en temps. Et ne pas s’oublier dans sa fonction de parents.
4. Demander de l’aide : il faut savoir solliciter ses proches, ses voisins, ses collègues ou encore se faire accompagner par des professionnels pour bénéficier de leur soutien, de leur écoute, de leur expérience, de leur aide, de leur réconfort. Demander de l’aide de manière ouverte, avec calme et sans culpabilité.
5. Vivre sa parentalité au jour le jour : il faut se rappeler que le bébé n’est pas un obstacle, mais un lien entre les parents qui partagent un amour, qui vivent une aventure unique, qui construisent une histoire familiale. Pour cela, il faut diminuer les projections et anticipations dans l’avenir et se faire confiance.
6. Relativiser : l’arrivée d’un bébé est une étape importante, mais pas la seule, ni la dernière, dans la vie d’un couple. Il faut “accepter d’être un parent manquant, car le parent parfait n’existe pas.” Il faut se souvenir que le couple n’est pas figé, mais évolutif, qui s’adapte, qui se réinvente, qui se renforce. Il faut se dire que le bonheur n’est pas parfait, mais possible, qui se cherche, se trouve et se cultive.