Cette année, la Journée internationale de la fille le 11 octobre se décline sous le thème « les filles : une force libre et inarrêtable ». Et cette année, à cette occasion, les agences onusiennes, l’UNFPA, l’UNICEF et l’ONU Femmes, appellent à un engagement collectif afin d’éradiquer le mariage des mineur(e)s au Maroc. Elles s’adressent ainsi à toutes les parties prenantes, gouvernement, institutions constitutionnelles, médias et société civile afin de contribuer main dans la main à son élimination. Comment ? En agissant sur cinq axes. Le premier, pousser à réviser les législations en place et les politiques nationales destinées à protéger et à défendre les enfants. Le deuxième, renforcer l’accessibilité à un système d’éducation, de santé, de protection de l’enfance et de protection sociale de qualité. Le troisième, informer les familles, les communautés et les dirigeants jusqu’à les inciter à investir en faveur des adolescentes. Le quatrième, donner aux adolescentes déjà mariées, ou menacées de l’être, les moyens d’exprimer leurs opinions et de faire des choix, tout en favorisant leur scolarisation et en offrant des alternatives économiques aux plus vulnérables. Et enfin le dernier, produire des données et informations pour guider les programmes et les politiques publiques visant les adolescentes.
Un constat alarmant… toujours d’actualité
Les chiffres sont effrayants. Selon les statistiques du ministère de la Justice, 32 104 demandes de mariage d’enfants ont été enregistrées, dont 18 422 acceptées, en 2018 contre 30 312 en 2006. Pour rappel, d’après l’article 20 du Code de la famille, « le juge de la famille chargé du mariage peut autoriser le mariage du garçon et de la fille avant l’âge de la capacité prévu, à savoir 18 ans, par décision motivée précisant l’intérêt et les motifs justifiant ce mariage, après avoir entendu les parents du mineur ou son représentant légal, et après avoir eu recours à une expertise médicale ou procédé à une enquête sociale ». Résultat : entre 2011 et 2018, 85% des demandes de mariages se sont soldées par une autorisation. Les conséquences de ce fléau sur les mineur(e)s ? Une mise en danger de leur vie et de leur santé (viols et violences conjugales, infections sexuellement transmissibles, grossesses non désirées, avortements à risque, mortalité maternelle et néonatale, etc.) et une perte de perspectives avec l’abandon de leurs études… Mais le mariage des mineur(e)s empêche également le développement du pays. En effet, comme le recommande très clairement le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), il faut « l’accélération du processus d’éradication de la pratique du mariage d’enfants dans l’intérêt du développement socio-économique du pays ».