Salima Naji, L’architecte au parcours exceptionnel

C’est la première architecte africaine et arabe à être honorée par l’Académie d’Architecture de France, dans le sillage d'architectes de renom, tels Jean Nouvel ou Sir Norman Foster.

Salima Naji a reçu, en septembre dernier, la Grande Médaille d’Or, la plus haute distinction de cette prestigieuse institution qui promeut l’excellence. Son engagement, son travail et son approche réinventant l’architecture ancestrale ont été largement salués. Depuis quasiment 30 ans, Salima Naji fait renaître des techniques anciennes privilégiant les matériaux naturels et en innovant constamment et collaborant avec les maîtres artisans dans une démarche de préservation environnementale et culturelle. Elle défend une architecture du bien commun qui interroge le bâtiment comme son usage pour le repenser afin qu’il tienne compter de la réalité et des pratiques locales. “C’est lorsque j’ai reçu la Grande Médaille d’Or à Paris, que j’ai pris conscience de la résonnance de mon travail au niveau mondial”, confie l’architecte, avant de repenser à ses débuts, “au Mali en 1995, j’ai compris que la terre crue peut être un moteur architectural, la matrice du projet.” 

Née à Rabat d’une mère française et d’un père marocain, diplômée de l’École d’architecture de Paris-La-Villette et docteure en Anthropologie (École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) à Paris), elle a d’abord arpenté toutes les vallées présahariennes avant de consacrer ses recherches aux greniers communautaires marocains. Tribu, par tribu, pierre après pierre, cette spécialiste s’est fait un nom dans un milieu longtemps dominé par les hommes, réhabilitant monuments et bâtiments historiques et bâtissant des projets d’utilité sociale et de mise en valeur touristique à l’instar de la reconstruction de la forteresse d’Agadir Oufella accessible par téléphérique, la transformation de la Villa Carl Ficke à Casablanca en musée ou le Souk Tablabla à Taghjijt, …. Ses œuvres sont nombreuses et considérables. Un projet en cours parmi d’autres ? La construction d’un collège y compris son internat, en procédés parasismiques dans le Haouz. “Revenir à la dignité sociale par les matériaux locaux”, explique l’architecte, autrice d’ouvrages de référence sur les architectures vernaculaires comme “Art et architectures berbères du Maroc” (2001), “Greniers collectifs de l’Atlas” (2006) ou encore “Architectures du bien commun” (2019). Primée à plusieurs reprises durant sa carrière notamment avec le prix européen d’architecture Philippe Rotthier tout récemment, Salima Naji ouvre ainsi la voie à une nouvelle génération de jeunes architectes consciente de la fragilité du monde et de la nécessité d’en prendre soin.

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