Sur le tatamis, Hicham Hakam, professeur de jiu-jitsu brésilien à la salle de sport Gym Factory de Casablanca, met d’emblée les points sur les “i” : “Cet art martial n’apprend pas à désarmer un individu ou à se battre contre deux personnes, mais il regorge de techniques qui permettent de s’extirper d’une situation délicate.” C’est dit. Après ce cours, je ne dois pas m’attendre à devenir Bruce Lee ou Super Woman. Toutefois, il m’assure que grâce aux prises enseignées, une personne petite et moins forte est capable de se défendre face à un adversaire plus costaud. “J’ai l’une de mes élèves, haute comme trois pommes, qui a affronté des garçons lors d’une compétition. Elle les a tous battus”, assure le coach, ceinture noire de jiu-jitsu. En bref, pas besoin de conditions physiques particulières pour se lancer tête baissée dans cette discipline. En revanche, “il faut répéter les exercices pendant plusieurs semaines pour que la maîtrise soit fluide, et que les gestes deviennent des réflexes le jour-J”, appuie-t-il. Une “mémoire musculaire” qui est d’autant plus importante, sachant que le stress nous empêche d’être à 100 % de nos capacités lorsque nous nous faisons agresser. “Avec le jiu-jitsu brésilien, on va aussi réapprendre à avoir l’estime de soi, assure-t-il. Je prends souvent l’exemple du vol de téléphone. Réfléchissez trente secondes avant de réagir : entre votre vie et votre portable, lequel a le plus de valeur ?” Effectivement.
Piéger…pas vraiment
Après avoir fait une petite mise au point qui me semble indispensable, nous voici tous les deux face-à-face. “Ce que la plupart des femmes me demandent lorsqu’elles s’inscrivent à mes cours, c’est comment réagir lorsqu’une personne leur tire les cheveux, les bloque au sol ou les maintient ventre collé contre le mur.” Ni une, ni deux, Hicham Hakam m’écrase littéralement contre la paroi tout en me maintenant les poignets. Impossible de bouger… du moins, à première vue. “Faites glisser votre hanche sur le côté droit, tout en passant le pied droit à côté du gauche, et à ce moment, vous allez réussir à pivoter et à libérer vos poignets, m’explique-t-il tout en mimant les gestes. Là, donnez-lui un coup de coude au visage et courez illico presto vous réfugier dans un endroit sûr, c’est-à-dire là où il y a du monde.” Et au sol ? “Déjà n’ayez pas peur d’être à terre et de vous salir les vêtements, assure-t-il. Car vous pouvez enchaîner les coups au niveau du genou tout en vous protégeant le visage. S’il se déplace pour essayer de vous attraper, suivez sa rotation et continuez à le frapper !” Autre situation : lorsque l’agresseur tire les cheveux vers l’arrière. Le meilleur moyen pour le maîtriser reste la clé de bras, une technique qui, il ne faut pas se le cacher, est difficile à exécuter du premier coup mais s’avère tellement efficace. Concentration. “Tout d’abord, je dégage l’un de mes deux bras que je passe au-dessus de son coude. Ensuite, je joins mes deux mains. Et enfin, je tire vers l’avant”, détaille-t-il. Imparable et surtout très douloureux !
Désamorcer et/ou réagir
L’essentiel, c’est de toujours prêter attention à ce qui se passe autour de nous. Cela paraît évident, et pourtant… “Vous savez, quand je sors de chez moi ou que je m’engouffre dans un endroit inhabituel, je tourne toujours discrètement la tête des deux côtés afin de faire un bref état des lieux”, confie-t-il. En plus de l’observation, il ne faut pas hésiter à écouter son instinct notamment lorsque celui-ci “juge” qu’il faut faire marche-arrière. Si malheureusement, une situation semble s’envenimer, “tentez de garder votre calme et communiquez avec la personne en face en lui parlant tranquille, explique-t-il. Si vous sentez que vous devez vous protéger le visage, ne vous positionnez pas comme sur un ring de boxe. Ouvrez plutôt les mains.” La différence ? C’est que nous sommes davantage dans la confrontation avec les poings, que dans la tentative d’apaisement. Mais, “si une personne arrive par derrière et vous étrangle, poursuit-il, en prenant un énième exemple, levez votre menton et agrippez-lui le bras tout en passant votre jambe droite devant la sienne pour le faire tomber avant de vous enfuir.” Et d’ajouter : “Si vous arrivez à lui attraper le bout des doigts, n’hésitez pas à les lui tordre !” En bref, pensez tactique. Une heure après avoir enchaîné une série d’exercices, ce qui me saute aux yeux, c’est mon assurance. C’est véridique : je me sens un plus forte !
Gym Factory, quartier Beauséjour Casablanca : Workshop de jiu-jitsu brésilien pour les femmes, chaque samedi de 8h30 à 10h30
Pour tout renseignement, appelez le 05 22 36 94 61 ou surfez sur
www.facebook.com/gymfactorycasablanca