Mashrou’ Leila. Le projet d’une jeunesse

Dès qu’il monte sur scène, le groupe libanais Mashrou’ Leila déchaîne les passions. La voix sensuelle du chanteur Hamed Sinno, la musique entêtante et les textes engagés des morceaux ont leurs adeptes au Maroc. Nous les avons rencontrés lors de leur passage en avril pour deux concerts à Rabat et Casablanca.

Ils sont en quelque sorte la voix de la jeunesse arabe. Le chanteur Hamed Sinno, le violoniste Haig Papazian, le bassiste Carl Gerges et les guitaristes Ibrahim Badr et Firas Abou Fakhr sont les cinq membres du groupe libanais Mashrou’ Leila, “le projet d’une nuit” en arabe. Car au départ, il n’avait pas vocation à durer. Au contraire. La bande d’amis s’est rencontrée sur les bancs de l’université américaine de Beyrouth (AUB) où ils suivaient un cursus en architecture et design. Le temps de quelques concerts, ils décident de jouer ensemble. Le bouche-à-oreille prend. Le style pop rock indie et les textes qui abordent le malaise de la jeunesse séduisent. En 2015, le groupe sort son quatrième album Ibn el Leil (fils de la nuit), et depuis, enchaîne les scènes européennes, américaines et arabes. Mashrou’ Leila s’est produit pour la deuxième fois au Maroc les 21 et 22 avril derniers à Rabat et Casablanca. Et une nouvelle fois, le talent des cinq garçons a donné des frissons au public marocain. Car au-delà de leurs gueules de beaux gosses, c’est bien la musique envoûtante et les questions soulevées dans leurs textes qui interpellent. Le groupe ose taper du poing sur la table contre la corruption ou les préjugés qui gangrènent nos sociétés. Il prône tout simplement les libertés individuelles.

Depuis la sortie de votre dernier album en 2015, vous sillonnez le globe. Comment évolue votre musique sur scène ?
Avec cet album, nous nous sommes lancés un défi : composer et enregistrer en studio sans rien dévoiler jusqu’à notre grand concert organisé à Londres en 2015, qui a été retransmis dans différentes villes et notamment à Beyrouth. Depuis, nous partageons notre musique avec le même stress et autant de plaisir. À chaque concert, nous jouons comme si c’était la toute première fois.

Vu les thèmes que vous abordez dans vos textes, on peut vous qualifier de groupe engagé…
Tout à fait, nous parlons de  causes qui nous tiennent vraiment à cœur : la défense des droits de l’homme, la liberté d’expression ou encore l’environnement, c’est-à-dire les maux de la jeunesse. Mais nous les abordons aussi parce qu’ils nous sont très personnels, car sinon, comment retranscrire “les bonnes émotions” sur le papier et en musique. Prenons l’exemple de la Palestine, un pays où nous ne pouvons pas jouer car nous ne sommes pas autorisés à y mettre les pieds. Ce sujet me touche, bien sûr, mais je ne peux pas m’approprier l’histoire des Palestiniens. Moi, je ne vis aucunement leur situation. Nous nous refusons d’aborder des problématiques qui ne nous sont pas personnelles simplement pour vendre plus de disques. De tout façon, ce ne serait pas naturel. Si nous commençons à nous forcer et à nous imposer certains sujets, le résultat ne sera pas le même.

Vous parlez aussi de liberté sexuelle dans vos textes,  comme dans Shim El Yasmine dans laquelle vous racontez l’histoire de deux hommes. Quels conseils donneriez-vous à un jeune homosexuel aujourd’hui ?
Il faut qu’il soit bien entouré, même si je trouve qu’aujourd’hui, il est difficile de se faire de vrais amis. Dans tous les cas, il ne faut pas baisser les bras. On doit accepter nos différences et faire abstraction du “qu’en dira-t-on” et des tabous. C’est notre bonheur qui prime. Il faut pouvoir porter son propre jugement et sans cesse garder l’esprit ouvert. Pour cela, il faut communiquer et accéder aux savoirs. La connaissance est vraiment très importante.

En novembre dernier, avant l’ouverture de la COP 22, vous avez embarqué à bord du Rainbow Warrior, le navire de Greenpeace qui a fait différentes escales en Méditerranée pour sensibiliser au réchauffement climatique. Qu’est-ce qui vous a poussé à le faire ?
C’est l’urgence de la situation ! Nous devons nous sentir concernés par la dégradation de la nature. Cette campagne a été l’occasion d’éveiller les consciences des populations, surtout des jeunes du pourtour méditerranéen qui partagent, quand on regarde bien, une même richesse : le soleil durant plus de 300 jours par an. C’est une véritable opportunité. Les pays arabes devraient se sentir encore plus concernés par le sujet, en particulier le Liban, en proie à une sérieuse crise des déchets. Venez au Liban et vous sentirez, ça pue ! Là-bas, la situation n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. À propos des déchets notamment : beaucoup de Libanais recyclent leurs ordures mais jettent leur poubelle dans la rue, laquelle finira mélangée avec des détritus non recyclés dans les décharges. Car ce sont des sociétés privées qui gèrent le recyclage, et pas le gouvernement. Pourtant, c’est à lui d’agir. Quand on regarde, les actions individuelles sont ridicules par rapport à la pollution générée par les industriels uniquement motivés par le gain. Seuls les gouvernements peuvent leur faire courber le dos en votant des lois, mais pas l’inverse. D’où l’importance de la COP 22 et de la prise de conscience des États.

La conférence internationale contre le réchauffement climatique a réuni en novembre dernier, des centaines de chefs d’État et de leaders. Huit mois plus tard, avez-vous l’impression qu’il y ait eu des avancées ?
Huit mois, c’est trop tôt. Il ne faut pas oublier que cela fait plus de 200 ans que la production d’énergie est basée sur le pétrole et sur les énergies fossiles. Ce sont véritablement les industriels qui dirigent le monde. Ils nous obligent à utiliser du fuel alors qu’il existe des alternatives. Pour qu’il y ait de véritables avancées, il faut donc plus que quelques mois…

Cela fait près de deux ans que vous avez enregistré votre dernier album. J’imagine qu’un autre est en cours…
Oui. Depuis quelques mois, nous commençons à écrire et à composer mais nous tâtonnons encore. Nous saurons vraiment où nous allons quand nous serons enfermés dans nos studios à Beyrouth.

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