L’humoriste marocain Youssef Ksiyer s’engage contre les stéréotypes (Interview)

L’humoriste marocain Youssef Ksiyer a participé à la campagne menée par l’Onu Femmes Maghreb pour lutter contre les violences faites aux femmes mais aussi contre les stéréotypes. Une campagne qui se décline notamment sous forme de vidéos thématiques diffusées sur les réseaux sociaux tout au long du mois de décembre et début d’année prochaine. Dans le clip, prévu en janvier, où intervient l’artiste, on y voit un couple dans une cuisine et on y entend des commentaires haineux prononcés par l’humoriste qui aborde le "délicat" sujet de la participation des hommes aux travaux domestiques. Entretien avec l’artiste qui ne mâche pas ses mots.

Pourquoi vous êtes-vous engagé ?
Cela me paraissait essentiel car nous avons face à nous une injustice sociale. Je pense qu’aujourd’hui de plus en plus de personnes prennent conscience qu’il y a effectivement une injustice envers les femmes de par le monde mais aussi au Maroc, en raison de notre culture et de certaines de nos pratiques du quotidien. L’Onu Femmes Maghreb m’a sollicité pour participer à cette campagne et j’ai tout naturellement accepté parce que cela rentre dans la ligne de mes convictions. C’est également l’occasion de l’exprimer et de toucher un public plus large.

Mais avez-vous également accepté d’y participer en raison d’un certain ras-le-bol ?
Les violences faites aux femmes et les stéréotypes ne sont pas nouveau au Maroc, alors peut-on parler de ras-le-bol ? Mon ras-le-bol ne date pas d’aujourd’hui et est permanent face à ce constat répétitif. Chaque année, on reparle de ces violences. Chaque année, on refait le même constat consternant. Les choses n’évoluent pas assez rapidement !

Qu’est-ce qui vous choque le plus ?
La violence physique reste pour moi une aberration absolue au sein du couple, mais il y a d’autres formes de violence qui me choquent tout autant comme les agressions psychologiques, le harcèlement dans le rue, le viol conjugal qui reste un grand tabou au Maroc comme un peu partout dans le monde. Je ne comprends pas que mêmes mariées, certaines personnes ne respectent pas la volonté de l’autre de disposer de son corps et de faire ce qu’elle en veut. Comment peut-on encore penser que le devoir d’une épouse est de satisfaire les besoins sexuels de son mari, et ce, que ce soit de force ou de plein gré ? Le viol existe bel et bien dans l’institution du mariage ! Mais je ne peux pas vous dire que telle violence me choque plus qu’une autre. Elles sont toutes révoltantes !

Y-a-t-il tout de même des avancées au Maroc ?
Elles sont timides. Par exemple, au niveau de la parole. Grâce aux réseaux sociaux, tout un chacun peut s’exprimer. La toile permet ainsi d’avoir une petite idée sur la réaction des gens qui est parfois extrême. Mais, il ne faut pas se leurrer et penser que les réseaux sociaux reflètent la conscience collective du pays. Le dialogue fait avancer doucement les mentalités mais il faudra du temps pour que le changement se ressente. Il est important d’en parler et d’éduquer. Il ne faut pas moraliser mais surtout accompagner.

Selon vous, les hommes doivent-ils s’engager d’autant plus ?
Je suis convaincu que ce n’est pas une question de genre. Il y a des hommes qui servent la cause des femmes, mais il y a des femmes qui desservent leur cause en affirmant par exemple que l’homme doit être violent avec une femme. Je l’ai entendu ! Pour moi, on ne doit pas se demander : est-ce que les hommes devraient prendre le relais ou est-ce que les femmes devraient faire plus ? Non. Tout un chacun doit avoir conscience de cette inégalité existante et de cette violence criante. Les femmes représentent près de 50 % de la population marocaine. Il existe par conséquent une discrimination envers 50% de cette population ! Nous devons nous libérer de toutes ces croyances culturelles qui n’ont absolument aucun bien fondé. Et pour s’en débarrasser, il faut que ce soit le mouvement de toutes et de tous.

Un dernier mot à nos lecteurs…
Le combat est permanent. Ne baissons surtout pas la garde et continuons cette bataille jusqu’à obtenir enfin l’égalité réelle.

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