Leila Slimani : Le droit à l’avortement, une « urgence humaine et sanitaire »

« Hors la loi ». Un titre choc pour une question cruciale : l’avortement. Pour défendre ce droit, deux femmes écrivains, Leila Slimani et Sonia Terrab, ont pris la plume et signent une tribune percutante à laquelle s’associe une panoplie de personnalités. Dans ce texte fort, la vérité est rétablie : « Criminels, coupables, et complices, nous le sommes toutes et tous ». Interview avec l’une des auteures, Leila Slimani.

La tribune « Hors la loi » s’apparente-t-elle à un cri de colère ou à un constat sur une réalité dramatique ?

Ce sont les deux car on constate une réalité dramatique qui nous met vraiment hors de nous.

Dans votre texte, vous employez des mots percutants comme « hypocrisie sociale » ou encore « lois, liberticides et inapplicables, (…) outils de vengeance politique ». D’après vous, le moment idéal est-il arrivé ?

Chaque moment propice à davantage de libertés et de dignité est idéal. Ces derniers temps, les affaires médiatiques s’accumulent, mettant en évidence une hypocrisie insupportable. Les relations sexuelles hors-mariage sont interdites par la loi. Une loi complètement inapplicable puisqu’aujourd’hui, les gens se marient en moyenne à 28-29 ans. Ainsi, qui peut croire que ces jeunes attendent cet âge-là pour perdre leur virginité ? La réalité est tout autre. Et on laisse des Marocains, notamment les plus pauvres et les femmes, en venir à vivre une situation dramatique : avortements clandestins, risques de viols, pressions familiales, sans parler du sentiment de honte.

A vos yeux, d’où vient ce blocage ?

C’est à cause de l’immense manque de courage politique. Les élus ont peur de froisser leur électorat ou une partie de la société. Mais je pense qu’il y a aussi un manque de confiance vis-à-vis des citoyens, alors qu’avec de la pédagogie et un travail de fond, ils comprendraient la nécessité primordiale de résoudre cette urgence humaine et sanitaire.

A qui s’adresse cette tribune ?

A tous nos gouvernants et législateurs, mais aussi à tous ceux qui se disent progressistes et qui défendent le droit à l’avortement dans des salons tout confort ou des lieux intimes. Aujourd’hui, ils doivent assumer leurs convictions. On demande donc à tous ceux qui partagent nos idées, quels qu’ils soient, conservateurs ou progressistes, religieux ou non, femmes ou hommes, de mettre de côté leurs différences pour le bien des valeurs.

Qui sont les signataires ? Et ont-ils été facile à trouver ?

Cela n’est jamais facile. Mais nous avons senti un grand ras-le-bol et une envie de changement chez les personnes contactées. C’est vrai que certains n’ont pas voulu signer la tribune à cause du texte ou tout simplement parce qu’ils n’avaient pas envie de s’afficher. Nous respectons leur choix. Chacun a le droit de faire comme il veut. Au final, les soutiens ont été nombreux et les signataires issus de tous les milieux.

A sa lecture, il fait écho au « manifeste des 343 » de Simone de Beauvoir. Vous en êtes-vous inspirée ?

Je ne dirai pas inspiré, mais c’est vrai que nous y avons pensé car ce manifeste a été fondateur dans la lutte pour le droit à l’avortement en France. Pour nous, il était nécessaire de faire tomber les masques et d’arrêter d’avoir peur pour dire les choses telles qu’elles sont en écrivant notre propre histoire.

Qu’attendez-vous avec cette tribune ?

J’attends une prise de conscience générale avec une pression émanant de la population sur nos gouvernants. Car ce n’est pas juste une question d’ordre moral ou immoral. Chaque jour, des femmes avortent ou sont jetées en prison. Elles vivent des drames dans leur chair. Nous souhaitons vraiment que les gens qui liront la tribune ressentent de la compassion, leur donnant envie de faire bouger les lignes.

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