Le préscolaire, c’est important

Depuis plusieurs années, on ne cesse de vanter les mérites du préscolaire dans le développement de l’enfant. Et si on misait sur la crèche, ce lieu d’accueil collectif destiné à nos chers chérubins dès trois mois ? Décryptage.

Au Maroc, un mode de garde a particulièrement la cote ces derniers temps : la crèche. Une évidence à l’heure où la méfiance est grandissante envers les nounous suite à une multiplication de faits divers entendus ou lus sur la toile. Mais pas seulement. Car les parents veulent tout bonnement le meilleur pour leurs bambins. “Quand nous avons commencé en 1997, les parents ne voyaient en la crèche qu’une solution de substitution par rapport à la nounou, se rappelle Khadija Hakimi Améglio, directrice et responsable pédagogique de l’Ecole Buissonnière. Aujourd’hui, c’est différent. Ils recherchent plus un moyen de sociabiliser leur enfant et de lui donner un bon départ pour se préparer à l’école primaire, et ce, même quand ils ont une nounou à la maison.” Autonomie, éveil, épanouissement et sécurité, les avantages de la crèche sont multiples et considérables comme le prouve une étude* réalisée par l’Inserm sur l’influence du mode de garde sur le développement comportemental et émotionnel des enfants. En effet d’après les chercheurs de l’Institut français, les enfants en crèche rencontrent moins de problèmes émotionnels et ont trois fois moins de difficultés relationnelles que ceux gardés à la maison. Néanmoins, une question taraude : quel est le meilleur âge pour commencer la crèche ? “Vers 3 mois, le bébé est capable de percevoir la rupture entre le milieu familier et le nouveau milieu étranger (dans ce cas-là, la crèche) où les parents vont le déposer, explique la pédopsychiatre Houda Hjiej. Loin de ses figures d’attachement, un sentiment de détresse peut être ressenti chez le bébé. La phase entre 7-8 mois et un an est ensuite marquée par une composante développementale appelée “l’angoisse de séparation”.  Ainsi, pendant cette période, la séparation est plus difficile, c’est pourquoi une intégration en crèche à distance de cette phase est souhaitable, même si on sait que les capacités de résilience chez les enfants leur permettent d’activer rapidement, s’ils sont bien accompagnés, certains mécanismes d’adaptation à tout âge.” En effet, la capacité du bébé à dépasser un tel événement est variable d’un tout-petit à un autre.

Un Label pour rassurer

Dans les grandes villes, notamment à Casablanca, les crèches privées poussent comme des champignons aux côtés des établissements de la Petite Enfance relevant du Ministère de la Jeunesse et des Sports. Inondés par la panoplie de propositions, les parents ne s’y retrouvent plus. Pour tenter de les aider à faire leur choix, un référentiel qualité 100% marocain pour les crèches privées marocaines a vu le jour. Baptisé “Label Enfance”, il a été lancé, en novembre 2017, par le cabinet Qualifes Conseil et un groupement de crèches privées marocaines dont les établissements Kenzi et L’Ile aux trésors. “Ce label a reçu la validation de l’organisme international de normalisation et certification AFNOR, appuie Fadela Bennani-Smires, directrice de la Crèche-Jardin d’Enfants Kenzi. Les établissements sont conformes aux nouvelles exigences de la législation marocaine ainsi qu’aux normes internationales.” Parmi les autres atouts considérables ? “Le projet d’établissement de la crèche est consultable par les parents”, répond-elle. Dans ce document, tout y est détaillé y compris la méthode pédagogique appliquée. “Il est important de savoir quel programme est proposé pour développer toutes les potentialités d’un enfant”, insiste Rabea Joundy, conseillère pédagogique de la célèbre crèche L’Ile Aux Trésors. 

Le cœur, la pédagogie

Les méthodes pédagogiques alternatives sont en vogue dans les crèches. Mais elles sont surtout nombreuses. On trouve ainsi l’approche Montessori, Pikler-Loczy, Steiner-Waldorf, Reggio Emilia, Faber et Mazlish, ou l’éducation bienveillante. “Notre projet éducatif prend appui sur les principes de l’Education Nouvelle et sur les pédagogies actives”, détaille Meryem Belyamani, codirectrice de la crèche Au Petit Paradis, avant de développer les trois principales caractéristiques de ce mouvement éducatif : “La première, une approche centrée sur l’enfant avec des actions éducatives basées sur ses besoins et ses projets. La deuxième, l’éducation à la vie en société à travers l’autonomie, l’entraide, la paix et la coopération. Et la troisième, la pratique de la pédagogie active qui favorise la libre expérimentation et donne les moyens à chaque enfant d’agir sur les situations au lieu de les subir.” En d’autres termes, “le bien-vivre des tout-petits est au cœur de nos préoccupations”, lâche-t-elle. Une philosophie partagée par les établissements Kenzi, l’Ecole Buissonnière et L’Ile Aux Trésors qui proposent un programme réajustable et sur-mesure, en piochant dans plusieurs méthodes éducatives. “Notre démarche repose également sur les découvertes en neuroscience, nous permettant de mieux comprendre le cerveau des enfants”, tient à faire remarquer Rabea Joundy. Et sa collègue, Fatine Laffineur, directrice pédagogique, d’enchérir : “Dès qu’un enfant arrive chez nous, l’équipe réalise tout d’abord un important travail d’observation, avant d’adapter ensuite les ateliers à ses besoins évolutifs.” Un accompagnement personnalisé essentiel qui est également destiné aux enfants à besoins spéciaux. “Grâce à notre expérience, notre professionnalisme et notre équipe composée notamment par deux psychologues, nous sommes aussi en mesure de suspecter très tôt de potentiels troubles chez un enfant et d’agir en conséquence”, précise Fatine Laffineur, avant d’ajouter qu’accompagner les parents fait également partie de la mission de L’Ile Aux Trésors.

Les parents, des alliés chouchoutés

“Une bonne crèche doit être à l’écoute des besoins des parents, appuie fortement Rabea Joundy. Car l’accompagnement d’un enfant ne peut se faire sans eux.” Ainsi, à L’Ile aux trésors, des ateliers pour adultes ont été montés comme le cycle “Le Parent Conscient” englobant quatre modules. Le but ? Les déculpabiliser, les écouter, les soutenir ainsi que les outiller pour mieux les aider à comprendre leur rôle et les besoins de leurs enfants, comme le met en avant Adil Joundy, le Chef d’établissement. Car leurs craintes sont nombreuses comme celles autour de la santé. “Ils ont peur que leur chérubin ne soit contaminé par des virus et bactéries véhiculés par les autres, indique Khadija Hakimi Améglio. Je ne partage pas cette opinion. Pour moi, au contraire, un tout-petit mis précocement au contact avec d’autres va développer plus rapidement son immunité.” Et la responsable de l’Ecole Buissonnière d’aller beaucoup plus loin dans son argumentaire : “Il y a des pays où l’on pose les bébés dans la neige 15 minutes tous les jours pour les aider à développer leurs défenses!” Autre grande interrogation des parents : la formation du personnel. Et c’est normal. “Car les erreurs qui peuvent être faites pourront avoir des répercussions à long terme sur l’enfant, prévient Khadija Hakimi Améglio. On ne peut pas s’improviser éducateur. On ne travaille pas dans une crèche comme on élève ses enfants : il faut des savoirs et un professionnalisme qui aideront l’enfant à se construire et à se sociabiliser pour devenir écolier et citoyen.” Résultat : ses éducatrices, comme celles des établissements Kenzi, Au Petit Paradis et L’Ile Aux Trésors, sont minutieusement formées. Et la pédopsychiatre, Houda Hjiej d’insister à son tour : “La formation du personnel travaillant en crèche au développement psychoaffectif des bébés et aux besoins physiques émotionnels et cognitifs des enfants est le garant d’un accueil optimal de ceux-ci avec le moindre impact possible de la séparation et les bénéfices d’une bonne stimulation du développement.” υ

(*) Etude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale sur 1 428 enfants par les chercheurs de l’Inserm de Sorbonne Université et de l’Université de Bordeaux, dont les résultats ont été publiés en octobre 2018.

Quelle méthode garantit un meilleur éveil ?

Pour la pédopsychiatre Houda Hjiej, “quelle que soit la méthode utilisée, l’objectif premier serait d’assurer une certaine continuité dans les soins du bébé et d’éviter toute rupture brutale avec son milieu de vie primaire. Le deuxième objectif serait la stimulation du bébé afin de favoriser son développement cognitif et moteur. Dans ce sens, toute méthode qui prend en considération les spécificités de chaque bébé en fonction de son âge, du milieu d’où il vient et de ses besoins individuels en stimulation – sans trop uniformiser les soins apportés – est une méthode capable de garantir un éveil adéquat du bébé.”

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