Depuis le lancement de « Mères en ligne », quels retours en avez-vous ?
Huit mois plus tard, la thématique (sur les mères célibataires) et les animatrices continuent de fasciner les auditeurs. Les experts que nous invitons régulièrement au micro trouvent que « Mères en ligne » est une expérience unique en son genre puisque les animatrices vivent elles-mêmes cette situation. Cela leur permet ainsi de bien angler leurs sujets afin que les auditeurs se rendent compte de la réalité. Quant aux animatrices mères célibataires, elles voient la radio comme un outil important leur permettant de revendiquer leurs droits et ceux de leurs enfants, ainsi que de parler sans tabou, et sans limite. Depuis le lancement de « Mères en ligne », ces mamans sont de plus en plus à l’aise avec le micro et prennent surtout confiance en elle !
Quels sont vos programmes phares ?
Deux programmes ont le plus de succès. Le premier, l’émission « Témoignage » dans laquelle des mères célibataires se livrent. Elles parlent de leurs expériences et de leurs histoires personnelles. Cette émission est beaucoup appréciée par les auditeurs qui sont très curieux de découvrir ces histoires notamment de savoir comment ces mères célibataires ont pu reprendre leur vie en main. La seconde émission est « Consultations juridiques ». Elle est beaucoup écoutée car elle décortique les principaux problèmes juridiques qui touchent les mères célibataires et donnent des explications sur les différentes procédures à mettre en œuvre que ce soit pour elles ou leurs enfants.
Vous vous êtes fixées comme objectif de « libérer la parole » et d’améliorer les droits des mères célibataires au Maroc. Aujourd’hui, quel bilan faites-vous ?
Je pense que nous avons réussi à atteindre les objectifs fixés. Les mamans célibataires bénéficiaires de notre association n’ont plus peur de parler, de s’exprimer sur leur vécu et de revendiquer leurs droits et ceux de leurs enfants. Grâce à cette web radio, plusieurs supports médiatiques, nationaux et internationaux, sont venus dans nos locaux et ont interviewé nos animatrices qui n’hésitaient pas à témoigner à chaque fois, que ce soit sur leur situation juridique, social et/ou économique. Nous pouvons donc dire qu’au jour d’aujourd’hui, nous avons pu libérer la parole des mères célibataires au Maroc.
Qu’est ce qui a été le plus difficile ?
C’est d’assurer une diffusion permanente puisque les animatrices ne sont que des volontaires à la radio.
À l’association « 100% Mamans », vous avez lancé récemment une pétition…
Oui, qui a déjà dépassé les 8 900 signatures ! Elle a été lancée en décembre dernier pour qu’au Maroc, l’ADN soit au service de l’intérêt supérieur de l’enfant né hors mariage. Nous faisons référence à la décision de la Cour d’appel de Tanger, rendue le 9 octobre dernier, annulant le jugement de première instance reconnaissant la paternité d’un enfant né hors mariage. A travers le lancement de cette pétition, nous tenons à annoncer à l’opinion publique, nationale et étrangère, que de telles dispositions ne nous empêcheront pas de poursuivre notre processus de plaidoyer qui est clair : abolir et modifier toutes les lois injustes et discriminatoires contre les femmes et les enfants pour garantir la pleine égalité entre les sexes, et garantir aussi à tous les enfants de jouir de leurs droits, quelque soit leur statut matrimonial ou social.
Quels sont vos autres combats ?
À « 100% Mamans », nous luttons pour promouvoir la dignité, la citoyenneté et les droits humains des mères célibataires et de leurs enfants, et donc réduire l’exclusion et la précarité sociale. Nous nous battons aussi pour prévenir les grossesses non désirées ainsi que la transmission du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST) auprès des mères célibataires bénéficiaires de l’association. Nous essayons également d’améliorer leur employabilité à travers un dispositif d’économie sociale et d’insertion professionnelle durable.