Houda Chaloun, voyageuse dans l’âme

Depuis 2014, la blogueuse et globe-trotteuse marocaine Houda Chaloun parcourt le monde dans une quête aussi spirituelle qu'humaine. Portrait.

Tel un pèlerin, Houda Chaloun a pris la route. Originaire d’El Jadida, la jeune femme a fait du voyage la quête d’une vie. Sa marche « philosophique », comme elle aime la qualifier, a démarré en 2014. Avant cela, cette Marocaine de 36 ans qui a suivi une formation d’ingénieur en informatique, était cadre dans une multinationale. Un poste à responsabilité assez confortable qu’elle n’aurait jamais pensé « bazarder », jusqu’au jour où une idée se glisse dans sa tête et ne la quitte plus : « Un beau jour, alors que je roulais en direction de ma société, j’ai eu comme une intuition, explique-t-elle. Je me suis dit tout d’un coup « allons faire le tour du monde ». C’était une idée si étrangère à toutes celles que j’avais en tête à ce moment-là de ma vie. Cela a été un véritable choc, au point que j’ai dû m’arrêter sur le bas-côté. Je me rappelle, je me suis regardée dans le rétroviseur et je me suis demandé si j’étais sûre de vouloir faire ça. Je n’ai pas hésité un instant. La réponse était « oui ». » Elle remet le contact et part au travail comme si de rien n’était. Deux semaines plus tard, elle dépose sa demande d’année sabbatique, alors qu’elle est en pleine ascension professionnelle. Ses supérieurs ne s’y attendent pas. « Le voyage n’avait pourtant jamais été mon rêve jusque-là, précise-t-elle, même si, bien sûr, j’ai toujours aimé voir du pays dès que j’en avais l’occasion en vacances. » Avant le début de son périple, Houda avait déjà posé le pied dans plus de 22 pays.

Nouvelle vie au long cours
Après en avoir parler à son entreprise, Houda doit mettre au courant ses parents. « Pour eux, l’idée était un peu farfelue, se rappelle-t elle, j’ai essayé de trouver les mots pour les rassurer, car à cette époque, je ne comptais pas lâcher mon travail ». Ses parents ne l’acceptent pas, du moins au début. « J’ai compris que mon père était moins réticent lorsque, deux mois plus tard, il s’est assis à côté d’un globe terrestre et m’a demandé dans quels pays j’allais m’envoler ? » Réponse : dans toute l’Amérique Latine. Car Houda n’a pas attendu l’accord de ses parents pour préparer son voyage. En décembre 2013, elle crée déjà son blog Moroccan Nomad, avant de planifier son aventure. Le grand départ est prévu pour juin 2014.
Pendant six mois, Houda sillonne l’Amérique Latine. Elle crapahute tranquillement de pays en pays jusqu’au jour où elle est refoulée du Chili. « Les gardes-frontières n’ont pas voulu me laisser entrer parce que mon visa avait soi-disant expiré, ce qui s’est avéré être au final faux », se souvient-elle. Elle est obligée de rebrousser chemin. Le transporteur qui l’avait emmenée jusque-là la dépose à la frontière bolivienne. Là, elle discute avec un garde-frontière qui tente de la toucher. Elle prend la décision de fuir. Pas d’autre choix. « J’ai marché pendant deux heures dans le désert en suivant juste des traces de pneus. Et sur certaines portions, elles allaient dans toutes les directions inimaginables, confie-elle. Mais pendant ma marche, j’ai eu comme un moment de clarté. Vraiment. Cela s’est comme éclairci dans ma tête. Je me suis dit que je devais rester ici, en Amérique du Sud ». Le lendemain, elle réussit à trouver une auberge et un guide. Mais, alors qu’elle avait réservé depuis plusieurs mois un billet d’avion pour s’envoler depuis Santiago du Chili vers l’Australie, elle décide de rester en Amérique Latine.

Vers l’infini et au-delà
De retour au Maroc, elle démissionne. Son voyage l’a totalement transformée. Elle repart huit mois au Brésil pour vivre au cœur d’une communauté spirituelle dans un village de l’Etat de Sao Paulo. La jeune femme prend une nouvelle décision et change sa manière de voyager. « Je prends juste mon billet d’avion et je ne réserve plus rien », indique-t-elle avant de rire : « De tout façon, chaque fois que je préparais un programme, ça tombait toujours à l’eau, alors autant ne plus rien prévoir ». Hormis sa mauvaise expérience avec le garde-frontière bolivien, Houda ne déplore plus aucune mauvaise rencontre. « Et encore, de cette mauvaise expérience, je garde du positif, car elle m’a permis d’opter pour ce nouveau mode de vie. » Sac de couchage chez l’habitant, auto-stop, rencontre avec d’autres voyageurs, Houda va où le vent la mène et découvre alors des paysages et des personnes uniques. Pas étonnant qu’elle fasse partie du collectif des blogueurs voyage marocains (BVM) qui promeut une culture du voyage qui sort des sentiers battus et sensibilise les acteurs du tourisme au métier de blogueur. Car aujourd’hui, difficile de vivre confortable du blogging au Maroc. Pour Houda, ce n’est pas un problème. Elle concocte des voyages économiques. « Je suis partie dernièrement en Iran. Je devais y rester un mois mais j’y suis finalement restée deux mois et j’avais encore de l’argent dans mon portefeuille à la fin », assure-t-elle. L’argent n’est pas sa préoccupation première, à l’inverse des rencontres. Car ce sont elles qui l’enrichissent.

 

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