D’où vous est venue l’idée de partir à la rencontre de femmes qataries ?
Je me suis toujours intéressée aux femmes dans le monde arabe, cela vient probablement de mes origines. En effet, il y a des femmes dans le monde arabe qui ont de tout évidence fait avancer leur condition par leur personnalité, leur charisme et leur détermination. C’est souvent grâce à elles qu’une société tout entière peut progresser. On le voit par exemple en Jordanie grâce à la Reine Rania. Au Qatar, c’est Cheikha Mozha qui a non seulement donné l’image d’une femme moderne dans le Golfe mais également prouvé que les femmes comptent plus que jamais dans le pays.
Quelle est la particularité de ces femmes ?
Elles ont toutes cette envie d’agir et, bien évidemment, faire évoluer les mentalités concernant les conditions féminines dans le monde arabe. Ce sont des femmes qui cherchent à être indépendantes et à réaliser leur propres ambitions et rêves.
Quelle place ont-elles au sein de la société ?
Dans ce petit et puissant Etat et sous l’impulsion de Cheikha Mozha, les femmes prennent de plus en plus de place au sein de la société. Elle est une véritable source d’inspiration pour les femmes qataries car elle incarne le changement et révèle être un modèle d’engagement et d’ouverture. De nombreuses femmes empruntent son chemin.
Vous avez voulu mettre sous les projecteurs ces femmes. D’après vous, leur voix n’est donc pas entendue ?
J’ai eu l’opportunité de rencontrer des femmes aux parcours inspirants, dont on entend peu parler et qui méritent d’être mises en lumière comme le Docteur Hessa Al Jaber, une femme politique qui a occupé le poste de ministre des Technologies de l’information et de la communication (TIC). Elle a dirigé de nombreuses initiatives visant à faire du Qatar une société plus inclusive à travers les TIC. Autre femme visionnaire : Cheikha Asma Al Tani, directrice du département marketing et communication du Comité olympique du Qatar, passionnée non seulement par les défis humains mais également les sports extrêmes. J’ai également rencontré une aventurière dans l’âme, Asma Al Thani qui a été parmi les premières femmes qataries à gravir le mont Kilimandjaro. En avril 2017, avec une équipe de treize femmes représentantes des pays du Moyen-Orient et d’Europe, elle a aussi pratiqué du ski dans le pôle Nord. Son nouveau challenge est de devenir la première Qatarie à skier au fin fond du pôle Nord au sein d’une équipe internationale qui vise à favoriser le dialogue et la compréhension entre les femmes de cultures occidentales et arabes. J’ai également pu discuter avec Jawaher Al Fardan, une jeune entrepreneuse qatarie qui m’a séduite avec son concept : le premier café restaurant végétarien/végétalien de Doha, Evergreen Organics ! Elle est également professeur de Yoga et prône la culture du bien-être. En bref, des femmes très actives qui font bouger les lignes dans les différents domaines et cherchent à contribuer au rayonnement du pays. La relève est en marche !
Mais quelles sont les difficultés auxquelles elles sont confrontées ?
Elles sont bien évidemment confrontées a plusieurs difficultés, notamment parce qu’elles doivent jongler avec leurs différentes casquettes : femme, mère, épouse et leur profession. Elles se considèrent comme la première génération de femmes actives au Qatar mais elles sont persévérantes et savent que le changement passe par elles.
Elles sont des exemples mais peuvent-elles l’être pour les femmes Marocaines ?
Oui, car les femmes dans le monde arabe s’inspirent les unes des autres.