Cérémonial : l’ultime tendance

Un peu, beaucoup, passionnément. La tendance bohème chic séduit les mariés marocains et étrangers, qui la combinent avec finesse à la cérémonie traditionnelle. Décryptage.

Aux quatre coins du monde, la tendance bohème chic fait fureur dans les mariages. Au Maroc, elle est de plus en plus prisée par les couples qui l’adaptent à la traditionnelle cérémonie. Ainsi, la soirée est aussi glamour que romantique. Et elle le sera encore plus en 2019, comme le préviennent Rita Touzani et Karim Chraïbi, fondateurs et organisateurs du Salon du mariage Ceremony dont la cinquième édition s’est achevée en février dernier. “Cette année, la mode Caftan n’est plus aux incrustations et perlage, assure Rita Touzani. La broderie florale prédominera. La tenue légère et fluide sera romantique avec des airs de bohème chic.” Les cérémonies sont également davantage fleuries : du centre de table aux fauteuils des mariés, sans parler de l’arche et du bouquet de la promise. “On opte pour des fleurs exotiques importées, et non plus pour des bouquets de roses”, précise Karim Chraïbi, ajoutant toutefois que la fête se passe encore aujourd’hui à l’intérieur, et non pas à l’extérieur comme la tendance l’exige. Le style bohème chic, c’est aussi un mot d’ordre : “naturel”.  Ainsi, les make-up artists ont la côte et surtout la main légère. Sur le visage de la future mariée, contouring nude, fard à paupières et rouge à lèvres. En clair, fini les paillettes. Pour la coiffure, on garde aussi l’esprit bohème et on opte pour le chignon bas, la tresse ou les grosses boucles.

Glams et authenticité

Malgré la tendance bohème chic, le glamour prime dans les mariages marocains. Ainsi, tels des people, les invités s’avancent sur le tapis rouge et se prêtent au jeu du Photocall, avant de faire leur grande entrée dans l’immense salle. Des images aussi capturées par le caméraman et diffusées sur les écrans LED 3x4m éparpillés dans la pièce. “On ramène également des experts en son et lumière, spécialisés dans les events, poursuit Karim Chraïbi. Par exemple, lorsqu’arrive le moment du wedding cake, tout un jeu de lumières est orchestré au millimètre près.” Calibrage parfait également du côté de la neggafa qui est aujourd’hui jeune et instruite. “Lors du Salon Ceremony organisé à Marrakech, nous en avions invité une qui sortait d’une grande école de commerce, indique-t-il. Désormais, les neggafas sont moins dirigistes et davantage à l’écoute des jeunes. Des jeunes qui sont moins attachés à suivre certains rituels à l’inverse de leur famille.” Néanmoins, ils s’imposent de plus en plus… en douceur. Ainsi, lors de la cérémonie du Henné, la plupart des futures épouses ne se font tatouer que l’annulaire contre, à une certaine époque, les deux mains et les deux pieds. À la fin de la cérémonie, certaines enfilent également une robe de soirée après avoir porté les trois Caftans et la robe de mariée. La raison ? Elles cherchent à profiter, elles-aussi, de la soirée. Côté nourriture et boissons, on revisite le menu, comme le font savoir le duo du Salon Ceremony, précisant qu’il n’est pas étonnant de voir aujourd’hui du homard et des fruits de mer sur la carte.

Pour l’alcool, c’est une autre affaire. Un sujet sensible, en tout cas selon les proches et la belle-famille. Alors que certains couples osent le bar dans une autre pièce voire à la vue de tout le monde, d’autres préfèrent se réserver une fin de soirée plutôt arrosée entre amis ou un brunch le lendemain.

Les rituels marocains devenus symboliques ?

En 2018, parmi les 330 000 couples qui se sont dits “oui”, 5 000 étaient mixtes. “Lorsque j’organise des mariages mixtes, je suis face au refus catégorique du jeune marié marocain qui ne veut pas suivre les différents rituels de la cérémonie traditionnelle, et l’envie de la mariée étrangère d’en respecter quelques-uns, le plus souvent, la cérémonie du Henné pour “rendre hommage”, comme elle le dit, à son conjoint, développe Axel Hammouche, spécialiste chez 2A Wedding des mariages mixtes en formule tout inclus organisé dans le monde entier. Pour elle, tout n’est que symbolique et non pas religieux comme pour nous.” Mais les jeunes mariés vont encore plus loin et sont capables de décliner la tradition en thèmes d’ateliers proposés pour les invités. Résultat, se faire tatouer du henné devient tendance durant la soirée tout comme faire du sushi. Aussi en vogue, l’arrivée de la mariée étrangère sur l’Amarya et habillée d’un Caftan. “Mais cela ne dure que quelques minutes sous l’œil attentif de la neggafa”, comme le raconte Axel Hammouche. Puis, la jeune femme se change et revient avec une robe blanche de style bohème chic, que ce soit une tenue en dentelle ou parsemée d’imprimés floraux. Pour la destination, en général, les tourtereaux jettent leur dévolu sur Marrakech. “Ce n’est désormais plus tendance de se passer la bague au doigt sur le sable doré d’Agadir ou ailleurs au Maroc, poursuit-il. En plus, ces derniers mois, la ville ocre a été sous le feu des projecteurs grâce aux émissions de téléréalité et à quelques stars internationales comme Madonna qui y a fêté ses 60 ans.” Des célébrités qui sont également à l’origine de la tendance d’aujourd’hui “qui ne sera pas un simple effet de mode puisqu’elle va se prolonger dans le temps”, assure-t-il. Lors de la cérémonie, la table est joliment décorée de branches d’oliviers, avant que les serveurs y déposent le repas gastronomique ponctué de plats traditionnels comme la pastilla. Quant à l’alcool, il sera réservé au second mariage réalisé à l’étranger. En effet, “la plupart des mariages mixtes se traduit par une union au Maroc et une autre dans le pays d’origine du ou de la conjointe.” Et le budget ? “Il a fortement chuté, répond Axel Hammouche. On est passé de la fourchette de 40.000-70.000 euros à celle de 15.000-30.000 euros.” Le nombre d’invités a aussi été revu à la baisse : 30-50 contre 150 auparavant. Normal, le mariage bohème chic se fait en toute intimité, tout comme les unions d’étrangers qui rêvent d’une cérémonie de mille et une nuits au Maroc. En d’autres termes, un mariage des cultures fascinant. 

Les mariages marocains, un ADN, une industrie

“Grosso modo, un mariage marocain équivaut au prix d’un logement par catégorie sociale”, laisse imaginer Rita Touzani, cofondatrice du Salon du mariage Ceremony, avant de pointer du doigt l’importance de pérenniser les métiers d’art jouant un rôle dans les cérémonies. “Derrière tout ce glamour, il y a une immense industrie comprenant des traiteurs, des stylistes, des neggafa et bien d’autres artisans”, appuie-t-elle. Pour elle, il est impensable que la modernité prenne le pas sur l’authenticité. “Nous ne pouvons pas faire de demi-mesures”, lâche-t-elle, avant que son binôme, Karim Chraïbi interpelle sur le budget qu’incombe aux mariés. “Ne l’oublions pas mais ils ont aussi un projet de vie”, souligne-t-il. En effet, comment démarrer avec des dettes colossales ? Un budget moindre n’entraînerait-t-il pas une déstabilisation de tout un secteur ? Un questionnement essentiel de nos jours…

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