Sarai Bareman : « Le Maroc, un exemple remarquable dans le football féminin »

Le Maroc est une terre de football, masculin et féminin. Le Royaume a été choisi pour accueillir en 2025 deux prestigieuses compétitions féminines : la CAN et la Coupe du monde U17 de la FIFA. Interview en exclusivité avec Sarai Bareman, Directrice de la Division du Football Féminin de la FIFA.

La prochaine CAN féminine est prévue en juillet 2025 au Maroc. C’est la deuxième fois que le Royaume organise cette compétition. Quel regard portez-vous sur notre pays hôte ?
La 15ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) Féminine promet d’être une des éditions les plus passionnantes jamais organisées. On a vu des choses incroyables en 2022. C’était la première fois que la compétition réunissait douze équipes et la réussite de cette édition a permis de créer une dynamique qui s’est poursuivie jusqu’à la Coupe du Monde Féminine de la FIFA en 2023. En tant que pays organisateur, le Maroc a fait un travail fantastique en s’investissant totalement dans le football féminin.

C’était aussi quelque chose de voir tous ces efforts récompensés sur le terrain comme en dehors. Sur le terrain, les Marocaines ont réussi à atteindre la finale, pour la première de leur histoire. Et que dire de leur buteuse vedette, Ghizlane Chebbak, qui a remporté à la fois le Soulier d’or et le titre de meilleure joueuse de la compétition, le tout devant son public ! En dehors du terrain, la compétition a été tout aussi impressionnante. Par exemple, la demi-finale entre le Maroc et le Nigeria a battu le record d’affluence de la CAN féminine avec 45 562 spectateurs. La finale face à l’Afrique du Sud a été l’occasion d’un nouveau record avec 50 000 spectateurs. Les résultats parlent d’eux-mêmes. Nous attendons avec impatience la prochaine édition, en juillet 2025.

Ghizlane Chebbak, capitaine de l’équipe nationale marocaine féminine

Et sur les Lionnes de l’Atlas, vice-championnes d’Afrique 2022 et qui se sont qualifiées pour la première fois de leur histoire au mondial féminin 2023 ?
C’était non seulement la première qualification de l’histoire pour le Maroc, mais aussi pour un pays arabe. Les Marocaines n’ont d’ailleurs pas fait de la « figuration », puisqu’elles ont réussi à finir devant l’Allemagne dans leur groupe et à se qualifier ainsi pour les huitièmes de finale. Les Lionnes de l’Atlas font donc partie des équipes nationales féminines les plus intéressantes du moment, et j’ai hâte de voir ce qu’elles vont faire à l’occasion de leur deuxième CAN consécutive à domicile.

 Qu’attendez-vous de la prochaine CAN féminine ? Que peut-elle apporter de nouveau ?
Je pense que la prochaine CAN féminine sera la plus âprement disputée à ce jour. En Afrique, le niveau de jeu s’élève clairement. Lors de la Coupe du Monde 2023, c’est la première fois que des équipes des six confédérations ont remporté un match dans la même compétition, et c’est aussi la première fois que trois équipes africaines se sont qualifiées pour les huitièmes de finale, à savoir le Nigeria, l’Afrique du Sud et le Maroc. Je m’attends donc à ce que la prochaine CAN féminine soit très disputée par toutes les équipes !

Lors du Sommet exécutif du football de la FIFA à Djeddah en Arabie Saoudite en décembre 2023, vous avez cité le Maroc en exemple en termes d’investissement dans le football féminin. Un investissement initié par le contrat-objectif lancé en août 2020 par la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF). Pour vous, qu’a réussi le Royaume par le biais de ce contrat-objectif ?

J’ai souvent dit du Maroc qu’il offrait un exemple remarquable de ce qu’il est possible de faire quand on investit dans le football féminin. Je tiens donc à féliciter la Fédération Royale Marocaine de Football pour son implication. J’ai eu le privilège de pouvoir passer du temps au Maroc et de voir de mes yeux les installations de classe mondiale qui ont été mises à la disposition des joueuses. Ce qui a été accompli se passe de commentaires : organisation de deux CAN féminines, nouveaux records d’affluence, qualification pour les huitièmes de finale de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, victoire d’un club marocain en Ligue des Champions Féminine de la CAF (AS FAR en 2022). Pour couronner le tout, n’oublions pas le nombre de jeunes filles à qui tout cela a donné envie de jouer au football, au Maroc comme dans les pays environnants. Lors de la Coupe du Monde 2023, une joueuse a fait les gros titres : « Nouhaila Benzina devient la première joueuse à porter le voile lors d’un match de Coupe du Monde ». Imaginez combien de jeunes filles dans le monde, en voyant Nouhaila représenter son pays en Coupe du Monde, se sont dit « Ça pourrait être moi un jour » ? Ce que je trouve le plus intéressant, c’est de voir combien de jeunes filles de la nouvelle génération ont commencé pour la première fois à jouer au football, inspirées par les joueuses marocaines.

Malgré les avancées, certains défis restent toujours d’actualité comme un salaire des footballeuses égal à celui de leurs homologues masculins ou encore la construction et l’amélioration des infrastructures dédiées au football féminin….

La FIFA a réalisé d’importants progrès dans ce domaine, surtout autour de la Coupe du Monde Féminine, y compris en ce qui concerne l’amélioration des niveaux de services pour les joueuses et les équipes, et l’augmentation des dotations lors de l’édition de l’année dernière. Mais c’est un sujet sur lequel le football doit encore effectuer de nombreux progrès dans certains pays. Il est important que la FIFA donne le ton et mette en place le cadre de référence et les outils à cet effet, de façon à aider les organisations, à tous les échelons, à investir dans le football féminin pour le faire progresser. À travers sa Stratégie pour le football féminin : 2024-2027, la FIFA s’est engagée à investir dans toute une série d’initiatives conçues pour développer les infrastructures destinées au football féminin et pour assurer aux joueuses de meilleures conditions, sur le terrain comme en dehors.

Dans le cadre des cinq piliers qui sont constitutifs de la Stratégie de la FIFA pour le football féminin, on peut citer des initiatives comme le Programme de développement féminin de la FIFA, FIFA Forward, le programme Football for Schools et le Programme de développement des talents de la FIFA, entre autres. La division du Football féminin de la FIFA suit également cette progression de différentes manières à tous les niveaux, y compris à travers l’évaluation comparative annuelle de la FIFA sur le football féminin et le Rapport d’enquête sur le football féminin dans les associations membres.

Selon vous, la progression et la visibilité accrue du football féminin en Afrique sont-elles au rendez-vous ?

Oui, bien sûr, on peut constater les progrès réalisés par le football féminin dans le monde entier. Des interviews comme celle-ci, la couverture médiatique du football féminin : tout cela montre que le football féminin gagne en visibilité. De plus, beIN SPORTS a annoncé que, malgré le décalage horaire, un nombre record de 93,5 millions de personnes se sont connectées pour suivre la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, Australie & Nouvelle-Zélande 2023 au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Grâce à des compétitions comme la CAN féminine et à l’augmentation du niveau de jeu des équipes africaines, ce nombre devrait encore augmenter de façon substantielle en 2027.

En 2018, la FIFA a dévoilé sa première stratégie de développement du football féminin. Six ans plus tard, quel bilan faites-vous ?

Il est clair que le football féminin a beaucoup progressé. Depuis le lancement de notre stratégie, nous avons organisé deux Coupes du Monde Féminines qui ont battu tous les records. En 2019, 1,12 milliard de personnes du monde entier ont suivi le plus grand événement de sport féminin de la planète. En 2023, c’était plus de 2 milliards de personnes. L’important maintenant, c’est de poursuivre sur cette dynamique. Au moment où nous travaillons à la Coupe du Monde 2027, la dixième édition de l’histoire et la première qui se déroulera en Amérique du Sud, nous devons nous demander ce que nous pouvons faire pour que cette croissance se répercute sur les championnats nationaux. Il existe un autre indicateur clé de croissance : le nombre de transferts de joueuses qui ont eu lieu depuis la Coupe du Monde Féminine 2023. Regardez combien de footballeuses marocaines évoluent maintenant en Europe. Ghizlane Chebbak a été transférée en Espagne cette année, par exemple. En 2023, le montant total des transferts dans le football féminin est plus de dix fois supérieur à ce qu’il était en 2018, avec USD 600 000 en 2018 contre USD 6,1 millions en 2023. Que peut-on apprendre de ces chiffres ? Ils nous disent que rien ne peut arrêter le football féminin.

Mais que reste-t-il à faire ? Et comment y parvenir ?

L’un de nos objectifs les plus ambitieux consiste à faire en sorte que 60 millions de jeunes filles et de femmes jouent au football. Cela fait partie de nos priorités : faire tout ce que nous pouvons aux quatre coins du monde pour permettre à chaque jeune fille d’avoir accès au football et d’y jouer, si c’est son choix ou son envie. Aucune jeune fille ne doit se voir refuser l’occasion de jouer au football, quel que soit l’endroit où elle vit. Le Programme de développement féminin de la FIFA nous permet de travailler d’arrache-pied dans les 211 associations membres des six confédérations pour faire progresser le football de base. Nous nous concentrons là-dessus au quotidien, loin des paillettes de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA. 

La Coupe du monde féminine U17 de la FIFA se tiendra du 17 octobre au 08 novembre au Maroc. Pourquoi ce choix ? 

Le Maroc est, sur le terrain comme en dehors, un candidat sérieux pour organiser des compétitions de football féminin. Au regard de la nouvelle approche adoptée par la FIFA en matière de compétitions de jeunes, le fait d’organiser les cinq prochaines éditions au Maroc permet à la FIFA et à la Fédération Royale Marocaine de Football de travailler main dans la main pour veiller à ce que la compétition laisse une marque positive à long terme dans la région. Le Maroc a investi dans des installations de classe mondiale et nous savons d’ores et déjà que la Coupe du Monde Féminine U-17 va remporter un franc succès.

 

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