Cinéma : Adil El Fadili, “Mon film n’est pas porteur de message”

Avec “Mon père n’est pas mort”, Adil El Fadili signe un premier long-métrage saisissant, déjà récompensé par six prix lors du festival national du film de Tanger. Relatant l’histoire d’un enfant en quête de son père, le film nous plonge dans un univers riche en émotions et en couleurs. Interview.

Le titre du film “Mon père n’est pas mort” intrigue. Quelle signification porte-t-il dans le contexte de l’histoire ?

Le titre n’a aucun lien avec la disparition de mon propre père. Il a accompagné le projet dès le départ. “Mon père n’est pas mort” correspond à l’histoire du film. Le petit Adam est en quête de son père et tant qu’il n’a pas trouvé son corps, dans son esprit et son imaginaire, son père est toujours en vie. C’est cette idée qui m’a poussée à choisir ce titre.

Le film semble dénoncer certaines injustices sociales, notamment à travers le personnage de Mehdi. Quel message souhaitez-vous transmettre par le biais de cette histoire ? 

Je ne suis pas trop messages. Je raconte des histoires et celle-ci se déroule dans un contexte politique  sombre. Je la raconte avec plein de couleurs et de manière poétique, afin qu’elle touche les spectateurs de manière plus subtile. Je n’aime pas les films avec des messages ou une morale. Ce long-métrage n’est pas un film politique, mais plutôt un film humain, bien que l’histoire s’inscrive dans les années de plomb.

Feu Aziz El Fadili a joué son dernier rôle dans ce film. Que retenez-vous de cette collaboration avec votre défunt père ? 

Ce n’était pas notre première collaboration. Nous avions déjà travaillé ensemble sur des projets pour la télé et le théâtre. Il avait d’ailleurs fait une petite apparition dans mon court-métrage “Courte vie”. Ça a toujours été très professionnel. En dehors du plateau, nous partagions une relation père-fils, mais sur le tournage, c’était avant tout une relation entre un acteur et un réalisateur. Ce que je retiens de lui, c’est sa passion immense, son exigence, et son amour pour ce qu’il faisait. C’est ce qu’il nous a transmis, et c’est ce que nous gardons de lui.

Après des années dans la réalisation de séries et téléfilms, qu’est ce qui a motivé votre passage au long-métrage ? 

J’ai toujours voulu faire du cinéma, d’où mon parcours au Conservatoire libre du cinéma français de Paris (CLCF). Cependant, j’ai commencé par travailler sur des téléfilms et de la fiction. Au début, je n’avais pas une vision précise de ce que je voulais exprimer, ni de la manière dont je voulais le faire, car la forme a toujours été très importante pour moi. Le court-métrage m’a beaucoup motivé à me lancer dans le long-métrage. Aujourd’hui, après le succès rencontré par ce film dans les festivals, j’espère qu’il saura également toucher le public.

L’univers des forains joue un rôle central dans votre film. Pourquoi ce choix ?

J’ai voulu parler de personnes dont le seul tort était d’être au mauvais endroit, au mauvais moment. Il existe déjà des films sur les années de plomb qui reconstituent un peu cette période, mais de manière “trop politique”. Pour ma part, j’ai voulu parler de gens normaux, qui cherchaient à vivre simplement, mais qui se sont retrouvés dans un contexte politique difficile.

Très appréciées par le public, les actrices Nadia Kounda et Fatima Atif font partie du casting. Qui est-ce qui vous a poussé à les choisir ? 

Nadia et Fatima sont des actrices de composition, capables de jouer des rôles très différents. Dans ce film, elles incarnent pour la première fois le rôle de deux chikhates. Elles ont tellement bien interprété ce rôle qu’on pourrait les prendre pour de vraies chikhates. Être un caméléon, mettre des costumes de personnages différents, cette capacité de se transformer, de se métamorphoser…, c’est ce qui m’attire chez un acteur. J’ai eu la chance de travailler avec un casting qui possède cette aptitude.

Après “Mon père n’est pas mort”, quels sont vos projets futurs ? Envisagez-vous d’explorer d’autres genres ou thématiques dans vos prochains films ?

Je pense continuer dans la même lignée que “Courte Vie” et “Mon père n’est pas mort”, cet univers un peu fantastique et poétique, riche en couleurs. J’aime reconstituer des époques que l’on voit rarement aujourd’hui sur nos écrans. J’aime beaucoup le Maroc des années 50, 60, 70 : c’est une période incroyablement riche artistiquement, que ce soit au niveau des costumes, des décors, des personnages ou des accessoires. D’ailleurs, le film “Mon père n’est pas mort” est à 95% tourné en studio, avec des décors entièrement construits. J’apprécie énormément cet environnement qui me permet de mieux raconter mes histoires

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