Reconstruire en préservant l’identité des lieux

Dans son plan de reconstruction, le Maroc n’oublie pas de préserver l’immatériel, les traditions et l’identité des régions touchées par le séisme. Le travail est en marche !

La mosquée de Tinmel édifiée dans un petit village dans le Haut Atlas, à 100 km au sud-est de la ville de Marrakech, sur la route de Taroudant porte aujourd’hui les stigmates du séisme du 8 septembre. Ce monument chargé d’histoire, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, va devoir être reconstruit pour qu’il retrouve tout son lustre, tout comme d’autres bâtiments qui forment le patrimoine immatériel des régions de Marrakech, Al Haouz, Taroudant, Chichaoua, Azilal et Ouarzazate, affectées par le tremblement de terre.

Cet immense chantier va demander du temps et de l’argent, mais il devra surtout tenir compte des défis qu’un tel ouvrage convoque.

Lors d’une séance de travail consacrée au programme de reconstruction, Sa Majesté le Roi, a insisté sur “l’importance d’être à l’écoute permanente de la population locale afin de lui apporter des solutions adaptées, tout en accordant l’importance nécessaire à la dimension environnementale et en veillant à respecter le patrimoine unique, les traditions et modes de vie de chaque région”.

Il s’agira donc de reconstruire, tout en préservant le bâti traditionnel car il est l’illustration d’un mode de vie, d’un savoir-faire et d’une culture millénaires. “C’est un habitat adapté et on doit refléter les spécificités de la région : intégrer les parties historiques, intégrer le rocher, intégrer les usages polyvalents, intégrer des matériaux adaptés. Ces architectures ont été construites sur des millénaires, désormais il faut les restituer, les restaurer, les améliorer, en quelques mois ou en une année ou deux. La gageure est immense mais possible”, préconise Salima Naji, architecte et auteure du livre “Architectures du bien commun, éthique pour une préservation”, paru aux Éditions Métis presses en 2019 et dans lequel elle défend l’utilisation de techniques traditionnelles de construction et de matériaux géo et biosourcés. “Aujourd’hui le monde décarbone son architecture et nous au Maroc, dans la haute montagne, on bouderait notre magnifique pierre et nos terres nourricières ?”, s’interroge-t-elle pour insister sur la nécessité de s’appuyer sur nos propres ressources. Et pour cela, la concertation avec les habitants locaux est incontournable, car ils vont constituer une main d’œuvre habilitée. “On construit mieux à ceux qu’on connait qu’à des inconnus. Ce volet me paraît fondamental. Ce sont eux qui portent ce fameux patrimoine immatériel dont tout le monde parle aujourd’hui”, explique Salima Naji.

La mosquée Tinmel et des lieux historiques à Marrakech portent les stigmates du séisme.

Ksours, mosquées et sites historiques

Le programme de reconstruction va concerner de manière urgente et prioritaire, bien entendu, les habitations et les écoles. Avec l’arrivée des grands froids, les victimes du séisme ne pourront pas passer l’hiver sous des tentes provisoires. Il faudra très vite les reloger. Quant aux écoles, elles constituent des lieux de vie pour des enfants qui y vont non seulement pour apprendre, mais aussi pour jouer avec leurs camarades. 

Mais il ne faut pas négliger les nombreux monuments et sites historiques touchés par le tremblement de terre avec plus ou moins de gravité. Des experts du ministère de la Culture sont chargés de les lister et d’évaluer les dégâts afin de préparer la reconstruction. Ils ont effectué une mission sur le terrain et ont déjà dressé une première liste.

À Taroudant, par exemple, de nombreux sites historiques et archéologiques datant de plusieurs centaines d’années comme Bab Oulad Bennouna, Bab al-Silsila et les minarets de la mosquée de la Kasbah et de la grande mosquée, ont subi des dégâts. Le Palais El Bahia, le Palais El Badi, le Musée du tissage et du tapis, Ksar d’Aït-Ben-Haddou, connu pour avoir servi de décor naturel à de grands films américains, ont également fait les frais de cette secousse meurtrière, allant de quelques fissures superficielles à des destructions plus importantes. Faudra-t-il tout reprendre à zéro ? Il est trop tôt pour se prononcer, car les visites d’inspection et de diagnostic sont toujours en cours et même si les premiers rapports donnent une idée sur l’étendue des dégâts, rien n’est encore définitif. En ce qui concerne les monuments dont on a gardé les plans, la reconstruction sera plus facile. Pour les autres, les experts se concertent pour réfléchir à la manière la plus rapide et la plus efficace, qui protège la vie des gens, pour conduire les travaux de restauration ou de reconstruction.

Une chose est sûre, l’expertise de nos artisans et de nos spécialistes est reconnue dans le monde entier et la mission sera menée avec le plus grand soin et dans les règles de l’art.

Sauver le patrimoine immatériel, préserver les us et les coutumes de ces régions sinistrées, soigner, panser et réhabiliter, sont au cœur d’un programme multisectoriel qui va exiger du souffle et de l’engagement. Le Maroc a montré, en ces circonstances douloureuses, qu’il a la force de se relever.

Un patrimoine à sauvegarder

Au cœur de la ville de Marrakech, c’est un patrimoine inestimable qui a été touché suite au séisme. Ainsi, les remparts de la médina ont été particulièrement impactés, surtout le côté Est de la muraille. Des dégâts structurels ont été subis par Bab Debbagh, Bab Aylan, tandis que Bab Taghzout a perdu certains de ses éléments décoratifs en plâtre et en bois. Dans la médina de Marrakech toujours, des mosquées (la mosquée Kharbouche, la mosquée Eloussta et la mosquée Ben Youssef), le mellah, Souk Semmarine, des riads et des boutiques ont subi des dégâts plus ou moins importants. D’autres lieux du patrimoine ont également souffert. C’est le cas du Musée des confluences, le Musée national du tissage et du tapis et le Musée du patrimoine culturel immatériel. Le Palais de la Bahia est également concerné. Des travaux devraient être diligentés pour remettre à niveau la terrasse, la coupole, le patio, ainsi que la façade extérieure.

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