Jean Lachenal, vous êtes Chef pâtissier du Royal Mansour Marrakech et vous avez démarré vos fonctions en 2019 au sein de ce célèbre palace. Vous, Myriam Mourabit, c’est en 2017 que vos premières créations s’installent dans la boutique de ce même hôtel de luxe à l’ADN unique. Comment votre collaboration a-t-elle pris naissance ?
Jean Lachenal : J’ai eu un coup de cœur pour le travail de Myriam en visitant la boutique du Royal Mansour Marrakech. Une œuvre m’a particulièrement touché : l’œuf d’autruche. J’ai immédiatement contacté Myriam et l’idée d’une collaboration est venue tout naturellement. C’est ma première association et je trouve que nos deux univers fusionnent à la perfection.
Myriam Mourabit : Lorsque Jean s’est déplacé dans mon atelier à Rabat, nous avons su, après quelques minutes d’échanges, que nous allions collaborer ensemble. C’était évident pour nous.
Comment avez-vous imaginé votre création ?
Myriam Mourabit : Nous sommes très gourmands tous les deux et très créatifs également. Aussi, vous imaginez bien que les idées ont foisonné durant ces deux années de travail remplies de rencontres, de discussions, de croquis. Je dois avouer que Jean a souvent dû me ramener à la réalité (rire). Nous avons beaucoup prototypé, réfléchi, tout en nous remettant en question. Tout a été pensé de A à Z, de la poudre du chocolat à l’écrin. A la fin de chaque échange, nous avancions pour construire cet œuf gourmand, chic et élégant à l’image du Royal Mansour.
Jean Lachenal : Lorsque je suis allé voir pour la première fois Myriam dans son atelier à Rabat, j’ai beaucoup appris de son univers. Aussi, fallait-il que j’en fasse de même, lui expliquant quelle est ma matière, les contraintes, les avantages, la gourmandise possible, … Car le chocolat a mille aspects et saveurs.
Aussi, gustativement parlant ?
Jean Lachenal : En fin de compte, c’est le design de l’œuf qui nous a dit quoi faire dedans. Très vite, le mot « enfantin » s’est imposé, nous poussant vers l’ultra-gourmandise jusqu’à l’addiction ! L’oeuf de pâques « De Terre et d’Or » se décline en deux versions. La première, un oeuf en chocolat au lait du Ghana très poudré, dévoilant des roses des sables caramélisées et des pépites de noisettes au caramel et à la pointe de sel. La seconde : l’oeuf en chocolat blanc qui ressemble le plus à l’empreinte de Myriam. Aussi, lui ai-je demandé ces parfums préférés. C’est la vanille ! Du coup, cette version s’est rehaussée de feuille d’or, les roses des sables sont parfumées à la fleur d’oranger et agrémentées d’oranges confites des vergers de l’hôtel. Elle dévoile également des pépites de chocolat avec une ganache moelleuse intensément vanillée.
Comment définirez-vous le style artistique de l’autre ?
Jean Lachenal : Sa signature est très graphique. Il y a toujours cette empreinte qui marque son art. Nous ne sommes pas dans de l’abstrait. Elle met du sens dans tout ce qu’elle réalise avec beaucoup de finesse et de précision. Elle a un côté jusqu’au-boutiste dans ses œuvres.
Myriam Mourabit : Je vais parler de Jean. Il a en lui une force qui est très communicative : la joie. C’est terriblement addictif. Le projet s’est ainsi imprégné de son hyper activité, de son intensité, et de sa joie. Jean est aussi un amoureux d’art et de cultures. Il n’est pas que dans la pâtisserie, même si c’est très noble, il a un regard sur le monde très captivant.
Que vous a apporté respectivement cette collaboration ?
Myriam Mourabit : Tout d’abord, la découverte d’une personnalité. Puis, d’une équipe bienveillante. Je dirai que cette collaboration a été flatteuse et gratifiante. J’en souhaite d’autres de ce type car nous avons été au service du projet, sans ego, d’une entité, d’une marque, c’est ce que j’aime.
Jean Lachenal : Cette collaboration m’apporte beaucoup de bonheur et de sens, comblant une vie, un travail, une passion.
Pour finir, comment ont évolué vos carrières ?
Myriam Mourabit : Formidablement bien (sourire). Elle est synonyme de multiples créations et rencontres. J’ai toujours voulu mettre en avant ma culture. J’ai la tête remplie de parfums, de couleurs et de matières.
Jean Lachenal : Il y a quelque chose de très présent dans mon métier de pâtissier : la transmission. Je dois presque tout aux gens que j’ai rencontrés ainsi qu’à ma bonne étoile. On s’engage dans une profession sans forcément très bien savoir où on va, on sait juste qu’on aime manger des gâteaux puis on évolue. Quand on apprend à aimer, on se passionne et on donne généreusement. La Maroc est professionnellement très intéressant car la gastronomie y est fabuleuse tout comme l’artisanat. C’est une culture dans laquelle je me sens heureux.
Oeuf de Pâques « De Terre et d’Or » du 1er au 30 avril 2023. Prix : 950 DH.
Commande par email : [email protected] ou au tel +212 529 80 82 82