Dormir à deux dans un même lit lorsqu’on est en couple est un symbole fort. Mais au bout d’un certain temps, ce sont des freins moins romantiques qui apparaissent. L’un ronfle pendant que l’autre tente désespérément de rejoindre les bras de Morphée, un (e) partenaire qui monopolise la couette, l’autre qui se retourne beaucoup. Résultat ? Certains couples choisissent de ne plus partager leur lit au quotidien. “La chambre est le symbole de l’intimité et du partage. L’on se réfugie dans un nid à deux. Cela réconforte d’un tas de choses, de la vie, des blessures”, rappelle Bernard Corbel, psychothérapeute et sexologue.
Historiquement, dormir séparément pour un couple était rarement abordé dans les conversations. Dans des sociétés où la norme était de partager le même lit, ne pas le faire pouvait être perçu comme un signe de détachement, voire d’échec relationnel. La chambre à part était souvent associée à des disputes, des problèmes conjugaux ou une rupture émotionnelle. “La croyance dit que le mariage c’est être ensemble, partager tout, ensemble : par conséquent la chambre et le lit”, souligne Maria Bichra, love coach. “Mais quand on opte pour ce mode de vie, cela renvoie un peu à la séparation, qu’on est fâchés, qu’on ne s’entend plus, qu’on ne se désire plus…”, poursuit-elle.
Pourquoi dormir séparés ?
Mais cette proximité quotidienne, renforcée par la routine, quelques désagréments, peut finir par user le couple. Beaucoup de personnes ressentent le besoin d’un espace personnel pour se retrouver elles-mêmes, vivre selon leur propre rythme. “Un partenaire qui ronfle bruyamment peut perturber le sommeil de l’autre, rendant les nuits stressantes et diminuant l’humeur générale du couple. De même, les différences dans les habitudes de sommeil (réveil très tôt pour l’un, coucher tard pour l’autre) peuvent créer des situations désagréables. En séparant les chambres, les partenaires peuvent chacun dormir selon leur rythme, sans se gêner mutuellement, tout en maintenant une relation amoureuse saine”, détaille Maria Bichra. Dans ce contexte, faire chambre à part apparaît comme une solution pragmatique pour éviter ces frustrations quotidiennes. “Opter pour cette pratique permet au couple de travailler sur l’équilibre autonomie/fusion ” souligne la coach.
Mais comment annoncer la décision ? “Petit à petit. Et non pas à coup d’une grande annonce”, avertit Bernard Corbel. Ce qui est primordial, c’est de discuter et de communiquer ouvertement au sein du couple pour comprendre les besoins de chacun. “Avec beaucoup d’amour et de bienveillance”, conseille pour sa part Maria Bichra. “L’essentiel est que la décision soit prise en concertation, sans qu’aucun des partenaires ne se sente rejeté ou exclu. Faire chambre à part ne doit pas être un moyen de fuir des conflits non résolus, mais bien une démarche constructive permettant à chacun d’évoluer sereinement dans la relation”, ajoute-elle.
Raviver la flamme
De nombreuses personnes qui choisissent cette pratique témoignent d’une amélioration de leur bien-être psychologique. “Ainsi, avoir sa propre chambre peut permettre à chaque partenaire de se reposer sans être dérangé, de se consacrer à des activités personnelles (lire, écouter de la musique, méditer…) ou encore de préserver son sommeil, particulièrement quand les rythmes de vie des deux partenaires sont différents”, explique la love coach.
Certains couples constatent également une diminution des tensions et des conflits, et une augmentation du désir l’un pour l’autre. “Faire chambre à part est excellent pour raviver la flamme sexuelle. Cela augmente le désir, donne envie. On est dans l’attente, et le manque crée le désir”, détaille la coach. Et de poursuivre : “Il y a un côté excitant aussi de savoir que chacun a son territoire. Et lorsque l’autre y pénètre, on sait que c’est parce qu’il le veut vraiment”.
Toutefois, la séparation des chambres n’est pas à adopter par tout le monde. “Cela dépend de l’âge du couple. Pour un jeune couple d’amoureux, on ne peut pas dire que ça fait du bien. Le couple perd son intimité alors que c’est absolument nécessaire pour un couple”, nuance Bernard Corbel.
Comment conserver une intimité ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, faire chambre à part ne signifie pas nécessairement une rupture de l’intimité émotionnelle ou sexuelle. Au contraire, cela peut, dans certains cas, renforcer la relation. Bien entendu, cette solution n’est pas sans défis. La gestion de l’intimité physique, les moments de rapprochement doivent être planifiés. “On peut se donner rendez-vous, dire à son partenaire : “Viens voir avec moi un film”, “J’ai envie de toi ce soir, chez moi ou chez toi ?”… Cela met vraiment du piment dans le couple. Et puis cela permet de se préparer. On attend ce moment avec impatience. Cela peut être très agréable quand les deux partenaires jouent le jeu”, appuie Maria Bichra. Pour Bernard Corbel, il est essentiel de faire des “sessions de rattrapage”. “Il faut se faire des câlins en journée, trouver des créneaux où on a des moments d’intimité. Prendre une douche ensemble, se câliner, se masser…”.
Mais il n’y a pas que la sexualité. La love coach invite également les couples à faire des efforts pour que l’éloignement physique n’entraîne pas un éloignement émotionnel. “Il faut aussi garder cette intimité émotionnelle au sein du couple en se soutenant, en se disant de belles choses, en s’envoyant des messages dans la journée”. Selon l’experte en amour, la communication est la clé. “On peut par exemple se dire des mots sympathiques comme “J’ai hâte de te revoir, bonne nuit mon chéri” avant d’aller dans sa chambre. Il est crucial de garder ce lien affectif”, conclut Maria Bichra.
Faire chambre à part dans un couple n’est ni une solution miracle ni une pratique universelle. C’est une option à explorer pour certains couples, un moyen d’améliorer la qualité de la relation en offrant à chacun l’espace nécessaire pour se ressourcer et se retrouver. Comme pour toute décision dans une relation, elle doit être prise avec soin, réflexion et surtout communication.
