C’est un mot universel, puissant, qui transcende les langues et les frontières, l’amour est aussi l’un des concepts les plus complexes à définir et à vivre, surtout dans des sociétés aux influences multiples. Dans ce numéro, nous avons voulu explorer les nouvelles manières de vivre son amour, entre traditions solidement ancrées et influences contemporaines venues d’ailleurs.
Aujourd’hui, pour de larges tranches de la population, spécialement les jeunes générations, aimer c’est jongler entre deux mondes. D’un côté, les codes sociaux, souvent empreints de pudeur et de discrétion, nous rappellent les valeurs de nos aïeux ; de l’autre, les réseaux sociaux et les séries nous bombardent de modèles d’amour à la fois libres et flamboyants. Comment trouver son équilibre entre un “romantisme à la marocaine” et des modèles globaux de “love stories” qui résonnent avec tant de sensibilités différentes ? Comment créer un espace où cohabitent traditions et soif de liberté ?
Mais au-delà de ces réflexions sociétales sur les nouveaux codes de l’amour et des relations qui en découlent, un sujet plus concret s’impose : la révision de la Moudawana, ce texte fondateur qui régit les relations conjugales et familiales au sein de la société marocaine. Entre les nouvelles manières d’aimer ou de vivre ensemble et les attentes envers cette refonte, un point commun émerge : la nécessité de redéfinir les bases de l’engagement, qu’il soit affectif ou institutionnel. Ce dialogue entre l’intime et le légal est essentiel, car il touche à la façon dont nous construisons nos vies et nos familles.
Cette refonte annoncée de la Moudawana soulève de nombreuses interrogations sur la place des femmes, des hommes et des familles dans notre société. Ce texte, qui a déjà connu une évolution historique en 2004, est une pierre angulaire des relations conjugales et familiales au Maroc. Mais les débats restent vifs : pour certains, les changements annoncés vont trop loin, menaçant les fondements traditionnels ; pour d’autres, ils ne vont pas assez loin pour garantir l’égalité et les droits fondamentaux.
Où se situe la juste mesure ? Peut-on réconcilier les conservateurs et les progressistes ? Dans l’attente du texte final, les discussions continuent, les esprits s’échauffent…
Mais de telles questions ne sont-elles pas censées dépasser les clivages ? La réponse est-elle dans l’atteinte du parfait compromis ou plutôt dans notre capacité collective à avancer avec bienveillance et courage vers un futur où chacun trouve sa place.