Zakya Daoud : « La place de la femme musulmane a toujours été déterminante dans l’histoire »

« Maroc-France. Mensonges et préjugés » est le dernier essai de la journaliste Zakya Daoud qui compte une carrière de plus de 40 ans dans le milieu. Entretien avec une écrivaine passionnante qui est notamment l’autrice de « Zaynab, la reine de Marrakech ».

Pourquoi avez-vous décidé de plonger, dans votre dernier essai, le lecteur dans les aléas des relations franco-marocaines ? Quel éclairage avez-vous souhaité lui apporter sur les rapports entre ces deux pays qui ont une histoire proche voire partagée ?

Je voulais comprendre comment deux Etats si fiers de leurs relations historiques, amplifiées et enjolivées par le temps d’ailleurs, mais aussi non exemptes de brouilles momentanées, en étaient arrivés à ce degré d’acrimonie, qui a marqué les trois et quatre dernières années. Je pensais trouver, certes au-delà de l’actualité immédiate qui a son poids, une explication dans l’histoire. J’y ai trouvé des différences de regards, anciennes et éclairantes.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur leurs relations actuelles qui, comme vous le précisez, n’ont pas été simples ces dernières années ?

Le regard que je porte aujourd’hui est marqué par les faits récents, les déclarations, les accueils que l’actualité nous a fournis. Cela confirme l’analyse que j’en faisais et j’espère que cela intéressera les lecteurs car, comme le dit Jacques Berque que je cite souvent, « il n’y a pas d’intelligence du présent sans une relecture du passé ». 

Vous avez plus de 40 ans d’expérience dans le journalisme. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre carrière ?

Ce qui m’a le plus marqué dans ma longue carrière de journaliste, c’est la lutte qu’il faut fournir pour ne serait-ce que décrire et imposer la vérité des faits, imposer aussi un regard qui n’est pas toujours admis, qui est même rejeté la plupart du temps s’il ne va pas dans le sens voulu. C’est le combat que doivent, à mon sens, mener tous les journalistes.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?

Je dirai que la lutte est toujours difficile, pleine d’aléas et de désillusions. Les victoires n’en sont que plus réjouissantes.

Pour vous, quelle est la place de la femme musulmane dans l’histoire ?

Un des premiers livres que j’ai écrit, portait sur le « féminisme et (la) politique au Maghreb », à savoir sur la lutte des maghrébines, depuis et même avant les indépendances, pour faire avancer leurs droits. Cette lutte n’est pas toujours terminée. Et comme on le voit partout ailleurs, les acquis peuvent toujours être remis en question. La place de la femme maghrébine, et musulmane dans l’histoire est, et a toujours été, déterminante, même quand elle n’est pas mise en évidence.

Vous avez notamment consacré un livre sur « Zaynab, la reine de Marrakech ». Quel a été sa place, son poids, son influence dans l’histoire du Maroc ? 

Je suis fière d’avoir, avec d’autres, sorti Zaynab, la femme de Youssef Ben Tachfine, de l’oubli dans lequel, comme les autres femmes d’ailleurs, elle était confinée. Je suis heureuse que mon éclairage ait porté et que de nombreux lecteurs l’aient ainsi redécouverte. Dix siècles se sont écoulés depuis la présence de Zaynab à Marrakech et dans la vallée de l’Ourika sous les Almoravides et les Almohades. Néanmoins, dans la vallée, on sent sa présence. Son souvenir persiste. C’est déjà, après tant de temps et d’oubli, une grande preuve de son influence. Que dire de plus alors que seulement maintenant la présence des femmes importantes de l’histoire du Maroc ressurgit de l’oubli ?   

En effet, nombreuses ont été les femmes longtemps oubliées qui ont pourtant marqué l’histoire. Pour vous, le regard posé sur elles est-il en train de changer ? Pourquoi ?

J’espère que le regard sur les femmes, les sultanes oubliées dont parlait Fatima Mernissi -dont il ne faut pas passer sous silence la mémoire- soit en train de se modifier. C’est une question d’époque, mais il ne faut jamais, en la matière, se reposer sur ses lauriers !

 

 

 

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