Les livres de coeur de Kenza Sefrioui

Journaliste culturelle, critique littéraire, féministe et cofondatrice de la maison d’édition En Toutes Lettres, Kenza Sefrioui se raconte à travers les livres qui ont marqué sa vie.

Quel est actuellement votre livre de chevet ?
Je suis en train de lire “Par dieu, cette histoire est mon histoire!” de Abdelfattah Kilito, dont j’adore la subtilité et l’humour. En même temps, je lis “A descolonizar las metodologias” de la chercheuse néozélandaise Linda Tuhiwai Smith, un essai remarquable qui remet en question les épistémologies coloniales et plaide pour la décolonisation des savoirs.

Quel ouvrage vous a fait ouvrir les yeux sur le monde ?
Ouvrir un livre, c’est toujours un peu ouvrir une fenêtre sur le monde, voyager, en apprendre un peu plus sur la vie… Les tragédies grecques et Homère ont été d’une importance majeure pour moi, malgré la distance dans le temps.

Quelle publication vous a pris aux tripes ?
C’est vraiment terrible de devoir choisir parmi les livres qui ont été des chocs ! “Le chardonneret” de Donna Tartt pour son atmosphère fiévreuse autour d’un tableau hollandais… “Les Misérables” évidemment, dont je me souviens d’une édition que ma grand-mère avait reçue en prix, avec de belles gravures, que j’ai lue et relue. “Ambre ou les métamorphoses de l’amour” de Mohamed Leftah, pour sa puissance évocatrice et son imaginaire multilingue… Taha Hussein, pour son inébranlable volonté… “Mon nom est rouge”, d’Orhan Pamuk, sur la rivalité entre les miniaturistes orientaux et les peintres de portraits à l’européenne pour la réalisation d’un manuscrit célébrant le millénaire de l’Hégire…

Quels essais ont eu un réel impact sur votre vie ?
Frantz Fanon, “Les Damnés de la terre”, Howard Zinn, “L’impossible neutralité” pour leur façon de remettre en question des ordres établis en montrant la façon dont sont construits les préjugés et les représentations, et sur le fait que la rigueur n’exclut pas l’engagement.

Quelle lecture a éveillé votre conscience féministe ?
“Trois guinées” de Virginia Woolf, où elle analyse la place des femmes dans la société, en posant la question notamment de l’argent consacré par les familles à l’éducation des filles, par rapport aux sommes allouées à celle des garçons.

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