Dès 19h, le public s’est massé devant la scène Borj Bab Marrakech pour vivre les ultimes instants de cette édition. Maâlem Hassan Boussou a ouvert le bal avec une prestation énergique, portée par la puissance de ses percussions et la profondeur de sa voix. Fidèle à l’esprit gnaoui, il a su capter l’attention d’un public en quête de vibration et de spiritualité.
Puis, changement d’univers avec le collectif Nishtiman Project, composé de musiciens kurdes venus d’Irak, d’Iran et de Turquie. Leur performance a proposé une relecture contemporaine de la culture kurde, mêlant instruments traditionnels, rythmes électros et narration musicale. Une rencontre inattendue, mais parfaitement alignée avec l’esprit du festival : celui du métissage.
Sur la scène Moulay El Hassan, Hind Ennaira a captivé le public par sa maîtrise du guembri et son chant habité. Une des rares femmes à avoir osé revendiquer sa place dans cet univers longtemps réservé aux hommes, elle a livré un moment intense, à la fois ancré dans la tradition et résolument moderne. La soirée s’est poursuivie avec Maâlem Mohamed Boumazzoug, qui a entraîné le public dans une fusion joyeuse aux côtés de musiciens venus du Maroc, du Mali et de France. Le mélange de balafon, batterie, trompette et guembri a donné naissance à un set vibrant, à la croisée du jazz et de l’afrobeat.
À 22h45, Maâlem Omar Hayat a pris le relais, dans un hommage appuyé à Mahmoud Gania. Avec intensité et maîtrise, il a rappelé que le gnawa est d’abord une musique de l’âme. Et pour clore cette dernière nuit, le Cubain Cimafunk a rejoint Maâlem Khalid Sansi pour un final explosif, entre groove latino et transe marocaine. Une fusion qui a enflammé la foule jusqu’aux dernières notes.
Trois jours d’un souffle ininterrompu
Depuis jeudi, la médina d’Essaouira a vécu au rythme du festival. Pas moins de 54 concerts, plus de 350 artistes et 33 Maâlems se sont succédé sur les différentes scènes : plage, Borj Bab Marrakech, Moulay El Hassan ou encore les zaouïas.
Dès l’ouverture, Maâlem Hamid El Kasri avait donné le ton avec une performance puissante aux côtés de la troupe sénégalaise Bakalama. L’esprit de la tagnawite, dans ce qu’il a de plus authentique et généreux, était déjà là. Tout au long du festival, les fusions musicales se sont multipliées : Dhafer Youssef et Morad ElMarjan pour une rencontre mystique entre oud et guembri, CKay pour un dialogue inédit entre afrobeat et musique gnaoua, ou encore la présence de talents féminins comme Asmaa Hamzaoui, Bnat Timbouktou ou la chanteuse malienne Rokia Koné.
Parallèlement aux concerts, le Forum des droits humains a réuni artistes, intellectuels et militants autour du thème de la mobilité, des frontières et des libertés. Un espace de réflexion essentiel dans un événement qui dépasse largement la musique. Dans les ruelles de la ville, dans les cafés, sur les terrasses ou à l’intérieur des zaouïas, la transe gnaouie n’a jamais cessé d’opérer. Certains ont dansé, d’autres ont médité. Tous ont partagé.
Le rideau est tombé, mais l’écho reste. Le Festival Gnaoua 2025 a tenu sa promesse : réunir les peuples, les musiques et les âmes autour d’une même vibration. Une édition haute en couleurs, en sons et en sens. Rendez-vous en 2026!