Abdelhaï Laraki : “Les femmes occupent une place centrale dans tous mes films”

Racontée par Kamal, un petit garçon de 11 ans l'histoire du film ‘Fez Summer 55’ met aussi en avant le rôle des femmes durant cette période de la résistance.

Pouvez-vous nous pitcher en quelques mots le film ‘Fez Summer 55’.       

Le récit des derniers jours du protectorat durant l’été 55 vus à travers les yeux innocents d’un enfant de 11 ans. Celui-ci va vivre un parcours initiatique porté par son amour platonique pour Aïcha, sa voisine étudiante de la Qaraouiyne (Oumaïma Barid) engagée dans l’activisme contre l’occupant. Le fait d’avoir mis un enfant comme moteur narratif m’ouvre un horizon esthétique infini et me permet de raconter par la petite histoire la grande Histoire.

Comment s’est fait le choix des acteurs ?

Je voulais pour mon film des visages neufs vierges de toute référence cinématographique dans l’imaginaire des spectateurs pour que le spectateur puisse s’identifier plus fortement à mes personnages qui sont le symbole de la lutte de libération. Au terme d’un casting long et minutieux, j’ai découvert des talents émergents comme Oumaïma Barid, Mohamed Atef, Abdelkhalek Saadi et de veritables « gueules de cinéma » dans ce formidable vivier de talents qu’est la scène artistique de Fes (Lalla Hachoum, Zohra El Kouja, Khamar El Marini). Avec les rôles principaux et les petits rôles j’ai répété avant le tournage dans des décors naturels pour qu’ils s’imprègnent de ces lieux de mémoire que sont la Medersa Attarine, la bibliothèque et mosquée Qaraouiyne, etc.  Le seul rôle qui a été écrit pour quelqu’un de précis était celui de ‘Rahma’, pour Chaïbia Adraoui (Actrice primée avec mon premier long-métrage lors de la 1ère édition du FIFM Marrakech), qui est en quelque sorte l’ange de la Victoire. Avec ma productrice Caroline Locardi, nous avons identifié bien avant le tournage la grande comédienne de théâtre Mounia Lamkimel pour le rîole de ‘Zohra’, mère du jeune ‘Kamal’ (Ayman Driwi) son premier grand rôle cinéma. Elle nous a convaincus dès les premiers essais car elle avait ce mélange de douceur maternelle, de candeur, et en même temps ce caractère suffisamment trempé pour pouvoir dire à son mari, qu’elle aime: « Que peuvent-ils bien me faire après tous ces soldats (Français) ? La peur, c’est pire que la mort !  « Cette combativité était nécessaire pour incarner le Women Empowerment de la femme au foyer à la femme porte-drapeau de la nation ! »

Était-il important pour vous de rappeler le rôle que les femmes ont joué durant la résistance ?

Dans tous mes films, les femmes occupent une place centrale soit en tant qu’héroïne principale, soit en tant que moteur de l’action. Mon choix se porte sur des femmes fortes et complexes telles que Oumaïma Barid, Mounia Lamkimel, Majida Benkirane, et avant elles Nisrin Erradi, Fatimzahra Benacer, Amal Ayouch, etc.  Sur le plateau mon bonheur est de les diriger, faire ressortir leur sensibilité pour qu’elles irradient les autres protagonistes.

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