Les Lionnes de l’Atlas, de 1997 à nos jours

L’équipe nationale féminine s’envole pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande où elle participe à la Coupe du Monde organisée du 20 juillet au 20 août 2023. Une première à marquer d’une pierre blanche dans sa jeune histoire, mais la connaissons-nous vraiment ? Retour sur ses débuts jusqu’à son exploit.

Avant 1997, il n’existait pas d’équipe nationale féminine de football. Endosser le maillot était une affaire d’hommes… jusqu’à cette année-là. Aux côtés du président de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) de l’époque, le général HosniBenslimane,NawalElMoutawakelalorsSecrétaire d’État chargée de la Jeunesse et des Sports (1997-1998), décide de fonder la première équipe nationale féminine de football : les Lionnes de l’Atlas. “Cette création est intervenue dans un contexte mondial marqué par un début d’intérêt pour le football féminin”, situe Jamal Astaifi, journaliste et consultant sport. “Jusqu’en 1997, la Fédération ne semblait pas s’intéresser au football féminin”, explique, de son côté, Nadia Maqdi, surnommée “Tigana” et première capitaine de l’équipe nationale féminine. “Comme il n’existait pas encore de Botola pro féminin, les joueuses ont été choisies sur la base d’une simple sélection faite lors d’un championnat local tenu sur deux jours au Centre national des sports Moulay Rachid à Salé.” “C’étaient des sportives issues d’équipes non conventionnelles”, précise le journaliste sportif Saïd Zeddouk. Constituée en un temps record, l’équipe parvient, dès 1998, à se qualifier à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN féminine) au Nigéria. “Cette première participation restera dans les mémoires”, soutient Jamal Astaifi. “Car elle s’est déroulée avec des joueuses remarquables dans des circonstances organisationnelles et financières difficiles.” Crampons au pied, les jeunes femmes entrent sur le terrain et entonnent l’hymne national avant de se lancer dans leur premier match. “Vous ne pouvez imaginer notre fierté de représenter notre pays à l’échelle continentale dans une compétition d’une telle ampleur”, confie cette pionnière, aujourd’hui coach (féminine U15 et U17) au Centre fédéral de formation de football à Saïdia. “À l’époque, je ne réalisais pas ce que nous étions en train d’écrire. À vrai dire, je ne me posais même pas la question. Je me réjouissais de jouer tout simplement au football, ma passion, et de concrétiser mon rêve”.“Malgré leur inexpérience, les Lionnes de l’Atlas ont gagné contre l’Égypte et ont fait match nul contre le Congo,” décortique Saïd Zeddouk. “Elles ont ensuite perdu 8 à 0 face au grand favori, le Nigéria. En revanche, côté public, les spectateurs n’étaient pas au rendez-vous, seule la presse spécialisée suivait l’événement”.

Des qualifications puis l’oubli…

En 2000, les Lionnes de l’Atlas se qualifient à nouveau à la CAN organisée, cette fois-ci, en Égypte. Parmi les joueuses appelées, l’attaquante Lamia Boumehdi, âgée de 16 ans et demi. “Jusqu’à aujourd’hui, je suis la plus jeune footballeuse à avoir porté le maillot de l’équipe nationale marocaine Seniors”, fait-elle remarquer avec fierté. “Mes parents ont été d’un grand soutien dans ma carrière. Ils ont toujours cru en moi malgré les préjugés, lourds et fastidieux, émis par la société”, confie-t-elle. L’entraîneuse de l’équipe féminine du TP Mazembe (RDC), a encore en tête les clichés misogynes lancés sans vergogne dès qu’elle avait un ballon au pied : “Le nombre de fois que j’ai entendu que la place des femmes n’était pas sur la pelouse mais à la cuisine !” Peu importe pour cette femme déterminée et douée. “Le football, c’était comme inné pour nous !” “Le groupe et l’entraîneur de l’époque El Alaoui Slimani ont notamment été bienveillant à mon égard”, poursuit celle qui est devenue, en 2001, championne de la Coupe d’arabe au Caire avec l’équipe nationale U19 dont elle était la capitaine. “La Fédération avait décidé d’instaurer la catégorie des moins des 19 ans et de nous faire jouer, à cette compétition, face à des Seniors”, se souvient cette ex-attaquante remarquée par sa technicité et son leadership. En 2004, elle intègre l’éphémère sélection arabe regroupant les 20 meilleures joueuses arabes, pour affronter, en amical, la grande équipe de Chelsea. “J’ai marqué le premier but avant que les Anglaises n’égalisent. On a fini par un match nul”, sourit-elle. “Je me rappelle encore de la surprise de nos adversaires par la qualité de notre jeu, et ce, malgré des obstacles.” Parmi ces derniers, la formation. “Malheureusement, il n’y avait pas beaucoup de stages de préparation”, assure Lamia Boumehdi. “L’équipe nationale féminine semblait occasionnelle…” Résultat: les Lionnes de l’Atlas n’arrivent plus accéder à des compétitions continentales, ne dépassant guère les éliminatoires…

Un nouveau souffle

La transformation du football féminin est, initialement et incontestablement, liée au contrat-objectif de la FRFM signé en août 2020, comme le rappelle Jamal Astaifi. À travers ce plan Marshall, “le président de la Fédération, Fouzi Lekjaa s’est engagé à donner les moyens au football féminin”, poursuit-il, ajoutant que c’est dans ce contexte que vient s’inscrire l’arrivée en novembre 2020 du coach Reynald Pedros, “chargé de guider l’équipe nationale”. En deux ans, les Lionnes de l’Atlas reprennent du souffle, et pas qu’un peu. Les Marocaines arrivent jusqu’en finale de la CAN 2022 organisée au Maroc. Une première applaudie par le milieu, suscitant la curiosité et l’enthousiasme du public. Plus de 45000 spectateurs et spectatrices ont été comptabilisés dans les gradins, du jamais vu pour un match national féminin ! “Le coach a grandement contribué à hausser le niveau de jeu de l’équipe féminine”, appuie Saïd Zeddouk. “Les Seniors sont constituées du noyau dur des U17 et U20”, fait remarquer, de son côté, Lamia Boumehdi, l’entraîneuse de ces deux catégories (2016-2021), citant Fatima Tagnaout, Zineb Redouani, Nesryne El Chad, Sofia Bouftini, Samya Hassani ou encore Inès Arouaissa. Grâce au travail entrepris et aux potentiels de ces jeunes femmes, les Lionnes sont devenues vice-championnes de la CAN 2022, se qualifiant de facto à la Coupe du Monde. Une première ! L’équipe nationale est le premier pays arabe à participer à ce rendez-vous mondial rassemblant les mastodontes du football féminin, de quoi rendre fiers Tigana, Lamia Boumehdi et tous les aficionados et experts du ballon rond à l’instar de Saïd Zeddouk. “Nous avons des joueuses de très haut niveau”, lâche ce dernier. Un nouveau chapitre s’ouvre ! Nos Lionnes sont désormais prêtes à rugir !

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