Amina Zakhnouf, visage de l’Afrique de demain

Perspicace. Percutante. Punchy. À 27 ans à peine, la Marocaine Amina Zakhnouf  s'investit pour l’Afrique de demain. Classée aux  Forbes Africa “30 under 30 en 2022”, la cofondatrice de l’association “Je m’engage pour l’Afrique” (JMA), accompagne et incite la jeunesse africaine à prendre place dans le débat public et à devenir un acteur clé de son territoire.

Elle maîtrise à la perfection l’art oratoire. Les questions africaines l’animent. Les enjeux économiques la passionnent. À tout juste 27 ans, la Marocaine Amina Zakhnouf porte, aux côtés de la Togolaise Ileana Santos, l’association “Je m’engage pour l’Afrique” (JMA), un incubateur de politiques publiques qui forme une nouvelle génération de citoyens engagés et de futurs leaders africains.

Une initiative audacieuse lancée en janvier 2021 qui a attiré dès 2022 l’attention de Forbes Africa, classant ce duo pétillant et dynamique dans le top 30 des personnalités africaines de moins de 30 ans qui construisent l’Afrique de demain.  “C’est un honneur pour nous, crédibilisant encore plus l’ambition de JMA”, confie Amina Zakhnouf qui a grandi à Marrakech dans une famille aimante et encourageante. “J’ai eu beaucoup de chance”, avoue cette jeune femme diplômée de Sciences Po Paris en 2019 avec une spécialisation en économie du développement, gestion publique internationale et risques globaux. “C’est à Sciences Po où j’ai exploré les questions postcoloniales ou encore la place de l’idéologie maghrébine et arabe dans la colonisation”, précise-t-elle, avant de confier qu’elle s’est “véritablement” sentie africaine depuis le changement de discours sur la politique africaine il y a une dizaine d’années par le pays.

Après Sciences Po Paris, Amina Zakhnouf occupe différents postes dans des cabinets de conseil jusqu’à croiser le chemin d’Ileana Santos… à la cafétéria de son dernier travail qu’elle s’apprêtait à quitter. Elles discutent brièvement et échangent leur LinkedIn. Puis, plus rien. Chacune poursuit sa vie jusqu’à ce fameux message d’Ileana en novembre 2020, plusieurs mois après leur première rencontre. “Elle m’a contactée après avoir lu l’un de mes tweets sur les transferts de fonds des diasporas africaines, se rappelle Amina. Elle m’a très vite demandé si j’étais partante pour lancer ensemble une initiative sur les questions africaines.” Amina n’hésite pas. “Avec Ileana, nous avions partagé deux constats communs, enchaîne-t-elle. Le premier résulte de l’interview donnée en novembre 2020 par Emmanuel Macron. Le président français parlait de la grande histoire d’amour qui unissait la France et l’Afrique. Son discours nous a dérangées, frustrées, car il ne rendait aucunement justice à la complexité de ces relations les réduisant à un simple lien culturel alors que les questions commerciales et économiques sont conséquentes. Le second constat, c’est l’incroyable injonction paradoxale faite aux jeunes. On ne cesse d’entendre que la nouvelle génération doit impérativement s’engager… sans pour autant nous donner  les opportunités de le faire !” Jour et nuit, les deux amies mettent sur papier leurs idées, les peaufinent pour donner naissance, en janvier 2021, à  JMA.

Être audible
“Je pense que nous ne mesurions pas la complexité de monter une association », confie Amina Zakhnouf. Avec peu de moyens, les deux jeunes femmes et leur fine équipe de bénévoles se démènent et commencent déjà à livrer des publications sur des questions africaines. Le nom de JMA arrive jusqu’aux oreilles d’Achille Mbembe, l’un des intellectuels les plus en vue d’Afrique francophone, qui prépare le Sommet Afrique-France prévu le 8 octobre 2021 à Montpellier. Ce théoricien du post-colonialisme réalise une série de consultations, notamment avec la jeunesse, afin d’établir une série de recommandations qui seront présentées lors du Sommet. Les membres de JMA y prennent part et certains sont invités à participer à l’événement. C’est le cas d’Amina Zakhnouf qui fait partie des 11 panélistes amenés à questionne, voire bousculer le président Emmanuel Macron. “Je voulais à la fois que mon intervention interpelle et soit intelligible, compréhensible et concrète”,  lâche-t-elle. Chose faite. Face au Chef d’Etat, elle plaide pour la mise en place d’une structure dédiée aux transferts de fonds des diasporas africaines. Son intervention fait le buzz. La jeune femme marque les esprits par son franc-parler, sa sincérité et sa technicité. Mais, elle fait face à des commentaires misogynes sur le Web. “J’évite de les lire”, balaie-t-elle d’un revers de main, confiant qu’au début, les cofondatrices n’étaient pas prises au sérieux, étant jugées “trop jeunes” et “plutôt mignonnes”. Peu importe. Le duo explosif fonce.

Donner l’opportunité
Après ce coup de projecteur, la machine JMA s’accélère. Il y a urgence. À l’horizon 2050, 35 % des jeunes dans le monde seront africains. Et comme le rappelle Amina Zakhnouf, il est impératif que les jeunes comprennent dès à présent comment le monde est régi car c’est eux qui  vont hériter des maux de la société. Avec hargne, détermination et optimisme, le duo élabore trois programmes : la Résidence où durant quelques jours des jeunes engagés, accompagnés d’intellectuels, professionnels et experts repensent une thématique clé pour le développement du continent et proposent de multiples recommandations dans un ouvrage dédié;    les Taskforces où les jeunes engagés sont formés aux techniques de plaidoyer afin de faire émerger de nouveaux visages et des rôles modèles ; et l’Ecole de la délibération qui est un parcours d’apprentissage singulier sur la participation politique dont le projet pilote a pris forme le 22 octobre à Marrakech. Après deux ans d’existence,  JMA est présente dans 6 pays (Maroc, Côte d’Ivoire, Benin, Togo, Cameroun et France), et animée par une centaine de bénévoles. “En 2023, c’est l’année du passage à une échelle plus importante de nos activités”, annonce la jeune femme qui, en parallèle, est chargée d’investissement au Fonds pour l’Innovation dans le Développement (FID). “Nous avons aussi lancé des podcasts qui poussent les jeunesses afro-optimistes à s’exprimer par elles-mêmes sur des enjeux cruciaux comme ceux de la biodiversité en Afrique”, précise-t-elle, ajoutant que “ce défi est un problème très pernicieux pour les pays africains car ils sont les premières impactés sans en avoir été les responsables. Aussi, quelle est notre marge de manœuvre lorsque nous savons que notre salut est dans les mains des autres ?”.

 

“Un Constat À Prendre En Considération :  À L’Horizon 2050, 35% Des Jeunes Dans Le Monde Seront  Africains.”

 

 

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