Les associations féministes en Tunisie ont le sourire depuis hier soir : l’Assemblée des représentants du peuple a adopté à l’unanimité -146 députés étaient présents sur un total de 217- la loi dite « intégrale » contre les violences faites aux femmes. Un moment très émouvant « autour d’un projet historique », comme l’a qualifiée la ministre de la Femme, Naziha Laabidi. La raison ? Ce texte reconnaît tout d’abord toutes les formes de violences : physiques, psychologiques, sexuelles mais aussi économiques. Une avancée majeure puisque « ce qui se dégage de la philosophie de la loi, c’est que ces violences ne sont plus une question privée. C’est une question qui concerne maintenant l’Etat et la preuve, c’est que le retrait de la plainte n’arrête plus les poursuites », a souligné la députée Bochra Belhaj Hmida à l’AFP.
La loi introduit ensuite de nouvelles dispositions pénales et augmente les peines correspondant à diverses formes de violence lorsqu’elles sont commises dans le cadre familial. Elle pénalise aussi le harcèlement sexuel dans les lieux publics, l’emploi d’enfants comme employées domestiques, et prévoit des amendes pour les employeurs qui discriminent intentionnellement les femmes au niveau des salaires, comme l’énumère Human Rights Watch qui applaudit l’adoption de cette loi tout en rappelant que les moyens financiers doivent suivre.
Autre évolution : la loi abroge une disposition très controversée du Code pénal, qui permettait à l’auteur d’un acte sexuel dit « sans violence », d’épouser sa victime mineure pour échapper aux poursuites.
La loi entrera en vigueur six mois après sa publication au Journal officiel. En Tunisie, une femme sur deux est victime de violences au sein de sa famille, d’après une étude datant de 2010 de l’Office national de la Famille et de la Population…