Qu’est-ce qui a suscité votre intérêt pour le sujet de la Leishmaniose ?
Naïma Abattouy : Petite, j’aimais observer les insectes. Durant mes études, j’étais fascinée par mes premières observations au microscope du monde parasitaire, et notamment le fait qu’ils vivent aux dépens d’autres organismes et l’intéraction entre eux. Puis, je me suis intéréssée aux maladies parasitaires qui touchent l’homme, d’où le choix de mon sujet de thèse : la Leishmaniose qui touche près de deux millions de personnes chaque année à travers le monde. Au Maroc, c’est la population rurale, notamment les femmes et les enfants, qui est particulièrement touchée par cette maladie.
Qu’allez-vous pouvoir réaliser grâce à la bourse L’Oréal-UNESCO et quels sont vos projets ?
Pour moi, cette bourse représente d’abord une reconnaissance de mon parcours scientifique et montre l’intérêt du sujet pour la communauté scientifique aujourd’hui. C’est aussi un encouragement à continuer sur la voie de la recherche, qui n’est pas toujours facile. J’ai également ressenti une grande fierté à représenter mon pays à l’échelle mondiale. La bourse est octroyée pendant deux ans, et en parallèle, j’ai passé un concours à L’Institut Universitaire de la Recherche Scientifique de Rabat, et je reste ouverte aux propositions de participation à des projets au Maroc. D’ailleurs, j’ai toujours intégré mon pays dans mes travaux, même si je vis et travaille à Grenade, en Espagne.
Etes-vous encouragée dans votre démarche ?
Le monde scientifique se caractérise par une rareté féminine mais les choses commencent à changer. Je suis native de Tétouan, et un certain nombre de mes camarades de classe ont pu, comme moi, mener des études supérieures en Espagne dans la filière scientifique. J’ai toujours bénéficié du soutien total de mes parents, aussi bien moral que financier, pour pouvoir mener à bien mes projets.Pour ma part, je pense que dans les sociétés traditionnelles dominées par les hommes, les femmes scientifiques sont la preuve qu’elles sont aussi compétentes qu’eux.