Sylvia Kaplan Yes, she can !

A la veille de son retour chez elle, après quatre années de passionnantes actions auprès de son mari, ambassadeur des USA au Maroc, Sylvia Kaplan a reçu FDM chez elle. Entretien.

FDM Est-ce que la femme de l’ambassadeur, dans les conventions des Etats-Unis, a un rôle officiel à jouer ?

Sylvia Kaplan : Non, aucune obligation officielle à tenir un quelconque rôle protocolaire. Certains partent seuls en mission, leur conjoint décidant de rester aux Etats-Unis pour y poursuivre leur carrière. D’autres, hommes ou femmes – car plusieurs Américaines sont nommées ambassadrices puisqu’au département d’Etat, la parité est de mise – prennent plaisir à s’occuper de la résidence, à organiser des réceptions…

Vous ne vous contentez pas d’organiser des réceptions. On vous voit partout aux côtés de votre mari. Nul doute, vous aimez bien cet aspect des choses. Est-ce une vocation ? Seriezvous tombée dans la marmite politique jeune ?

Permettez-moi de préciser d’emblée un détail d’importance : mon mari et moi-même avons participé activement à la campagne électorale du président Obama. Ce poste d’ambassadeur a été proposé au couple : à charge pour nous deux de désigner qui va porter officiellement la casquette. A la ville comme à la vie, selon la formule consacrée, nous sommes complémentaires, supplémentaires. Nous faisons beaucoup de choses en tandem. C’est tout naturellement que je m’implique dans les diverses facettes de la vie de l’ambassade. J’ai exercé de nombreuses fonctions dont celle de journaliste. Plusieurs causes me tiennent à coeur : les droits de l’homme, et j’y inclus évidemment ceux des femmes, ceux des minorités, des homosexuels. L’écologie, l’environnement font partie de mes chevaux de bataille car il y a urgence absolue en la matière. M’occuper de la maison me plaît aussi. J’adore la cuisine et apprendre la gastronomie marocaine m’a passionnée. Vous savez, je suis propriétaire d’un restaurant aux Etats-Unis.

Quel regard jette Sylvia Kaplan l’“Américaine”, quand elle laisse tomber la casquette officielle, sur la Marocaine lambda ?

J’ai de l’admiration pour les Marocaines. Je les trouve courageuses. Elles occupent toutes sortes de postes dans la vie active. Elles bataillent. De véritables fourmis travailleuses quand nombre d’hommes sont attablés dans les cafés (rires) ! Je suis habituée à la parité. Chez nous, les femmes sont les “exactes” égales des hommes. Elles sont invitées à faire leurs preuves sans tricher, sans recourir à un quelconque jeu de séduction (rires). Par comparaison, l’absence de mixité ici me désarçonne. Les hommes sont rarement aux côtés des femmes. Je me demande pourquoi ? Est-ce un héritage du passé ? Une volonté de la femme ou encore un désir de l’homme de ne pas s’exposer face à la réussite de sa compagne ?

Le harcèlement que subit la Marocaine, notamment dans la rue, est révoltant. Vous savez, quatre Américaines appelées en mission ici au sein du corps de la paix ont préféré démissionner et rentrer en Amérique, ne supportant plus le harcèlement dont elles faisaient l’objet. Dans le rural, quand j’accompagne des O.N.G. notamment, je note avec peine que les hommes parlent pour les femmes, ces dernières étant acculées au silence. Je trouve que c’est là une violence faite aux femmes qu’il faut combattre encore et encore…

On parle beaucoup du printemps arabe. Une réaction ?

Que ce soit au Maroc, en Tunisie ou encore en Egypte, les femmes ont investi la rue, ont pris part avec force au printemps arabe. L’après printemps ne leur donne pas justice. Il reste encore des combats à mener pour l’égalité. Ici, le gouvernement de M. Benkirane compte une seule femme. Il me revient en mémoire un souvenir qui a fait le buzz sur le Net comme on dit ! J’ai eu l’occasion de participer à un événement officiel auprès du chef du gouvernement. Je l’ai embrassé et on s’est beaucoup demandé sur la Toile qui avait initié ce geste amical : lui ou moi (rires)…

Un message avant votre départ ?

J’ai vécu passionnément ma mission ici. J’ai un seul regret : ne pas avoir réussi à interviewer Sa Majesté le roi pour qui j’ai une grande admiration…

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