J’ai passé plus d’un mois à Agadir, la première grande ville depuis mon départ. Et à vrai dire, j’ai vraiment eu du mal à en partir. A chaque fois que je me décidais enfin à reprendre la route, des amis me contactaient pour me dire qu’ils prévoyaient de passer par là, ou qu’ils y étaient déjà pour me rencontrer.
Mes copines de Casa… C’est une petite bande de filles à qui je dois d’avoir réalisé mon rêve. Elles me suivent depuis le début et m’ont toujours encouragé à concrétiser ce projet, quitte même à se rendre à Rabat pour m’aider dans mes démarches administratives. Elles m’ont rejoint à Agadir et on a passé quatre jours ensemble… un pur moment de détente. Merci les filles !
Inès… Elle a 19 ans et c’est une amie venue de Salé pour marcher avec moi d’Agadir à Imessouane. Elle vient de finir ses études à la fac et elle a pris une année sabbatique pour faire le point. Elle m’a beaucoup impressionné. Elle est forte et très audacieuse dans le sens où elle n’hésite pas à aller vers les gens. Par exemple, dans un café de Tamri, elle était allée voir le serveur pour lui demander de nous héberger. Il a accepté et elle lui a alors fait promettre de la laisser travailler avec lui pendant deux jours. J’ai halluciné en la voyant prendre les choses en main, comme si de rien n’était, servir les clients et interpeller le serveur : “Mohammed, un café noir !”. Lui aussi, d’ailleurs, s’y est très vite habitué et lui répondait à coups de : “Inès, vient prendre les commandes !” (rires)
Ma rencontre avec deux “soul surfers”… J’étais de passage à Taghazout, assis sur la plage, quand j’ai vu débarquer cette fille avec sa planche. La mer était démontée et il fallait être un pro du surf pour oser s’y aventurer. Malgré son bras amputé, elle s’est élancée dans les vagues pour une petite session de surf, c’est là que j’ai reconnu Bethany, la championne internationale de surf originaire de Hawaï. Je l’ai accostée quand elle sortait de l’eau, et j’avoue qu’elle était un peu surprise de ne pas passer incognito au Maroc, où elle n’avait jamais mis les pieds, mais où je n’étais visiblement pas le premier à l’aborder. Quelques jours plus tard, j’ai passé quelques jours chez un vieil ami originaire de Taghazout, Brahim Iddouch, un enfant du pays issu d’une famille pauvre et devenu champion international de bodyboard… Ce qui m’a le plus marqué en discutant avec ces deux personnes hors du commun, c’est leur foi inébranlable en leurs rêves.
Les Marocains, du sud au nord… L’hospitalité légendaire des Marocains n’est pas un mythe, et une chose est sûre : plus les gens sont démunis, plus ils sont accueillants. En revanche, quand on me voit débarquer avec mon sac à dos, on ne s’imagine pas une seconde que je puisse être marocain et on m’accueille à coup de “bonjour”. On peut accepter l’idée d’un tel voyage, mais à condition d’être étranger. Dès lors que j’annonce que je suis marocain, on ne comprend plus du tout mon projet. Nous, les Marocains, avons toujours cette fâcheuse manie de penser qu’une personne étrangère sait plus de chose que nous, qu’elle relève des défis que nous ne comprenons pas forcément, qui ne sont pas à notre portée. Mais quand c’est un Marocain qui entreprend quelque chose qui sort du commun, on se dit qu’il n’est pas normal, que c’est un cas social ou un fou… Mais peu importe qu’on soit d’accord ou pas avec tes idées, une chose est sûre : on t’accueillera toujours à bras ouverts.
Primé à Aït Melloul… J’ai été invité à une cérémonie de remises de prix qui est organisée tous les ans pour récompenser les gens originaires de la ville dans différentes catégories. Je ne suis pas né à Aït Melloul mais visiblement, on m’a adopté et on m’a remis un prix “art et culture” (rires). J’ai été surtout touché qu’on me distingue dans cette catégorie et pas en sport car c’était pour moi la preuve que mon voyage était compris…