Sofia Slami, le maillon du changement (interview)

Fondatrice du mouvement Houwa_Li_Hiya et présidente de Man For Woman, Sofia Slami croit dur comme fer à l’égalité des genres, au pouvoir de l’éducation et à la masculinité positive. Ses actions sur le terrain au Maroc, mais aussi dans la région MENA commencent à porter leurs fruits. Elle nous en parle.

Qui est ce qui vous a décidé à lancer le mouvement Houwa_ Li_ Hiya ?
Houwa_Li_Hiya est le fruit de plusieurs évènements personnels et de rencontres humaines. J’ai compris, dès le plus jeune âge, qu’hommes et femmes n’étaient pas égaux. Ni sur le plan juridique ni sur le plan social et économique. J’ai compris aussi que les inégalités étaient profondes et encrées dans notre culture. La seule solution pour moi était donc d’intégrer l’ensemble des citoyens, hommes et femmes pour travailler ensemble à faire changer et évoluer la situation actuelle. Une conviction traduite par la création du mouvement Houwa_Li_Hiya.

Vous avez lancé le mouvement Houwa_Li_Hiya en octobre 2015. Quel bilan en faites-vous 6 ans après ? Quelles ont été les actions les plus fortes menées au cours de cette période ?
Houwa_Li_Hiya a pour objectif d’inviter les hommes à agir pour les droits des femmes sur 3 axes majeurs : l’éducation, la santé et le travail. Nous nous sommes focalisés ces 6 premières années sur l’axe “Éducation” avec plusieurs projets :
Houwa_Li_Hiya University Tour, une tournée à la rencontre de + de 6000 jeunes étudiants pour sensibiliser sur les sujets de parité et débattre sur l’approche de notre mouvement.
9ray@Benti, la campagne qui s’adresse aux pères pour les inciter à encourager leurs filles à poursuivre leur scolarité et études universitaires.
La plateforme houwalihiya.org, première plateforme participative ouverte à tous autour des sujets d’égalité homme femmes dans le monde arabe.
Des ateliers de sensibilisation auprès d’enfants en classe primaire et la création d’un jeu de cartes éducatif et ludique que nous espérons distribuer gratuitement à tous les écoliers marocains.
Des collaborations et partenariats avec plusieurs entreprises et organisations internationales, comme Onu Femmes Arabe ou encore la GIZ.
Le bilan est positif mais le chemin encore long pour mesurer l’impact sur toute une génération.

Avez-vous rencontré des obstacles pour mettre en œuvre vos actions ?
Oui, dès le début il n’a pas été facile de faire accepter l’idée. En 2015, j’étais étudiante et pour lancer le mouvement j’ai dû me battre pour faire adhérer d’autres étudiants. Je pense que la cause est sensible et notre approche n’est pas encore comprise par tout le monde. Je reste cependant optimiste… il en faut pour continuer ! 

Vous êtes actuellement installée en France et toujours fortement impliquée dans des actions en faveur de la parité et de l’égalité au Maroc. Comment vous organisez-vous ?

Quand l’engagement est sincère et porté avec beaucoup de convictions, ni la distance ni le temps ou les activités professionnelles ne peuvent être des freins. Je fais partie de cette génération qui a réellement envie de créer un changement positif dans son pays mais aussi dans la région MENA. Aussi, j’ai une équipe qui m’accompagne pour traduire cet engagement de façon plus concrète sur le terrain et des Houwa_Li_Hiya dans ma vie qui m’encouragent à continuer…

Concrètement, comment les hommes peuvent-ils agir efficacement pour les droits des femmes ?
Premièrement, être conscients de l’inégalité qui existe. Conscients que leur fille n’aura pas les mêmes opportunités que leurs fils, que leur maman risque d’être abandonnée si elle a une maladie grave comme le cancer, que leur femme ne peut pas récupérer un document administratif et la liste est longue…
Deuxièmement, faire évoluer leur comportement à la maison, au travail ou encore dans la rue. Encourager sa femme à percer sur le plan professionnel, inciter sa fille à poursuivre ses études, ne pas faire de différence dans l’éducation de ses enfants, ne pas dénigrer une femme ou lui manquer de respect. Ne pas avoir honte aussi de parler de ses positions et défendre haut et fort les droits des femmes.

La dernière action que vous avez initiée au Maroc a été axée sur la santé des femmes. Que pourriez-vous nous en dire ?
Effectivement, à l’occasion du 6ème anniversaire du mouvement Houwa_Li_Hiya, nous avons annoncé notre programme pour l’année 2022 qui sera axé autour du rôle des hommes dans la santé des femmes. Nous voulons mettre en lumière l’importance du soutien des hommes : pères, frères, époux, fils, cousins, collègues ou autre pour les femmes malades mais aussi dans la réalisation d’une parité dans l’accès aux soins qui reste encore inégalitaire dans nos pays.

Quelles ont les grandes lignes de ce projet ?
3 projets majeures sont en cours :
– 1 médecin, 1 solution : nous avons signé une première convention de partenariat avec l’Association des Gynécologues Privés du Maroc pour offrir des consultations médicales à titre gratuit. Nous espérons développer d’autres partenariats avec d’autres spécialités.
– Live To Impact : des lives sur les réseaux sociaux pour sensibiliser sur les maladies féminines avec humour et surtout expliquer comment les hommes peuvent aider.
– Campagne #ANA : des témoignages de femmes malades qui ont été soutenues par un Houwa_Li_Hiya ou des hommes qui témoigneront de la façon avec laquelle ils ont aidé et soutenu des femmes de leur environnement dans la lutte contre la maladie.
Enfin, nous sommes très heureux d’annoncer la création de l’association Man for Woman pour un plus grand impact dans notre pays et notre région.

Les hommes alliés des femmes même dans la maladie ? Réalité ou utopie ?
Un mixte des deux. Plusieurs femmes ont pu compter sur le soutien d’hommes suite à une maladie. D’ailleurs, plusieurs professeurs ont confirmé que ce soutien était indispensable dans le processus de guérison aussi bien sur le plan psychologique que physique. Notre approche est donc de réveiller les consciences et d’inviter le plus grand nombre à agir avec plus d’humanisme et de compassion.

Que faire à votre avis pour que l’homme arabe intègre la masculinité positive et l’égalité des genres ?
Le process est long et complexe. Il n’existe pas un seul modèle d’homme ou de femme qu’on peut formater. Le sujet doit être traité dès les plus petites classes pour éduquer les enfants et leur transmettre les valeurs d’équité. Sensibiliser les parents sur l’éducation positive et égalitaire à adopter. Mais surtout faire évoluer les lois et ne plus laisser de vides juridiques, car certaines choses s’éduquent et s’inculquent, d’autres s’imposent comme les lois ! 

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