Rencontre online : De quoi avons-nous honte ?

Ayant pris une énorme ampleur dans notre quotidien, internet est aussi devenu le théâtre de nos rapports affectifs et de nos jeux de séduction. Une réalité que peu assument.

“Et comment vous êtes-vous rencontrés?” Silence gêné ou réponse évasive étalée sur quinze minutes de grand-n’importe- quoi-narratif. L’amour online bat son plein mais il est rarement assumé par ses protagonistes. Derrière ce comportement flou, un sentiment de culpabilité (si, si, c’est le mot !). On se sent coupable de ne pas être les acteurs d’une rencontre classique chez des amis communs, au sport ou lors d’une rétrospective de Kacimi. Coupables d’avoir dragué ou de s’être laissé draguer par écran interposé à la manière de ces geeks loufoques qui arpentent la toile. Clichés, clichés. “C’est un phénomène récent qui concentre énormément d’a priori. Dire que vous vous êtes connus sur le net vous fait tout de suite passer pour un cas desespéré, une personne naïve, voire ringarde. Devant autant de termes négatifs, notre self-estime est mise à mal”, décrit Maria Bichra, coach affectif.

Derrière l’écran… Llah wou aalam !

Il est communément admis que le sentiment amoureux ne pourrait naître que dans la proximité, en laissant s’exprimer des codes psychologiques, tactiles, olfactifs, hormonologiques, un peu de magie et chabadabada. Certes, mais par la force des choses, par manque de temps, par isolement, par occasions ratées, nous voilà derrière nos écrans à essayer de reproduire un processus très complexe à la base.

“Les gens éprouvent un malaise car c’est comme s’ils avouaient une incapacité à trouver quelqu’un dans leur cercle social. Il y a toujours cette comparaison entre soi et l’entourage. X ou Y ont rencontré leurs partenaires de manière conventionnelle, moi c’était en écumant les sites ou les réseaux sociaux. X et Y ont eu le coup de foudre en se croisant au mall ou durant un voyage organisé, moi j’en suis encore à tapoter sur mon clavier. Ce n’est pas  évident à assumer”», éclaire la coach.

Il est pourtant assez curieux qu’à l’ère de l’hyperconnectivité et du voyant Facebook allumé 24h/7j, le sceau d’improbabilité colle encore à la rencontre via internet. Il serait ainsi possible de nouer des amitiés en un simple clic d’acceptation, de trouver du travail grâce à une annonce postée sur le mur d’une connaissance, d’adopter un chat, de créer un évènement important mais pas de trouver l’amour ? D’où vient cette hierarchisation du rapport humain, si ce n’est de notre éternelle angoisse de nous faire arnaquer. La toile est vaste, elle englobe toute la planète, pas uniquement le circuit boulot-loisir-quartier. En quelques minutes, on se retrouve à échanger avec une personne vivant à des milliers de kilomètres sans aucun moyen de vérifier ses propos.

Le scénario de la femme proie croisant la route d’un pervers sexuel ou celui du brave type tombant entre les mains d’une succube matérialiste contribuent à alimenter les appréhensions face à ce type de relations. “Lorsque j’ai fait la connaissance de Jalil sur  Facebook, le courant est très vite passé. Il avait posté un commentaire sur une page dédiée à l’artisanat marocain dont j’étais membre. J’avais répondu et c’était parti. Il habitait Agadir et moi Casablanca. C’était la première fois que j’envisageais une liaison de ce genre et j’avais un peu peur de mettre la charrue avant les bœufs. Quand j’en ai enfin parlé à ma meilleure amie, elle était toutes griffes dehors. J’ai eu droit à mille et une projections catastrophiques. Puis, à bout d’arguments, elle m’a lancé : ‘S’il a besoin d’en passer par là pour se trouver une copine, c’est soit un looser soit un queutard.” Décryptage : on manque forcément de sérieux sur les réseaux ou les sites de rencontre, on recherche la facilité, la quantité et si vous jouez le jeu, vous n’êtes pas mieux. “Elle a tellement insisté que j’ai fini par me laisser convaincre. Il parlait peut-être avec dix autres filles. Qu’est-ce que j’en savais après tout ? J’ai espacé les conversations jusqu’à disparaître complètement de son paysage. J’avais un bon feeling au départ mais ma hantise de miser sur le mauvais cheval était plus forte. Si ça s’était mal passé, je m’en serais voulue d’y avoir cru”, raconte Ilham.   

Et si ça fonctionnait ?

La gêne face à l’echec est plus ou moins compréhensible,  mais pourquoi avoir honte  d’une relation réussie née sur Mektoube ou Meetic ? “D’abord parce qu’on craint le regard des autres, leur air perplexe au moment où ils découvrent le pot-au-rose. On appréhende de ne pas pouvoir les convaincre, puis parce qu’il y a toujours une part de doute au début. Nous sommes des animaux sociaux, des êtres de proximité et chacun sait au fond de lui qu’il faut une multitude de convergences émotionnelles, de valeurs, de points communs et une bonne dose d’alchimie pour que ça puisse marcher”, reprend la psychologue.

Le doute cache aussi une question plombante :  “J’aurais réussi là où tant d’individus ont échoué avant moi ?” Ben voyons ! À chaque histoire sa dynamique, son évolution et sa fin (joyeuse ou pas). La prudence reste de mise, c’est un fait mais elle l’est également dans des rencontres dites conventionnelles. Ce n’est pas parce que nous fréquentons le même club d’échecs avec Imad ou qu’il est ami avec Hanane notre copine d’enfance que les risques sont amoindris. “L’issue de la relation dépend de la maturité des concernés. En revanche, je pense qu’il ne faut pas perdre trop de temps à tchater. S’il y a des affinités et une bonne énergie, alors voyez-vous en live pour construire une vraie histoire. Ne passez pas six mois à vous faire des confidences de 9h à 3h du matin car vous risqueriez de vous engoncer dans le virtuel et d’être affreusement déçue ensuite”, prévient Maria Bichra, non sans préciser que de nombreuses love stories ont pu germer sur le net et connaître de belles issues. Ça aussi il faut le dire…

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