HASSAN, agent immobilier
LES GOUVERNEMENTSse renouvellent et rien ne change. Les conditions dans lesquelles nous évoluons laissent franchement à désirer. En 2013, nous vivons toujours dans une atmosphère périlleuse, où l’insécurité et la non-application des lois règnent. Je suis commerçant, et je peux vous dire que ce secteur souffre énormément à cause des investisseurs étrangers qui ne trouvent plus le terrain propice à leurs opérations à cause, entre autres, de la corruption. En outre, les banques marocaines fournissent de moins en moins de crédits, ce qui empêche certains de réaliser leurs projets. En tant que citoyens du Royaume, nous continuons d’espérer que le récent gouvernement sera meilleur que le précédent. Je pense sincèrement qu’il est impératif qu’il mette les bouchées doubles pour sauver la mise. Cette nouvelle équipe est composée d’anciens ministres ayant de l’expérience dans la gestion des biens publics, mais également de technocrates comme Moulay Hafid Elalami, qui est un professionnel du management des entreprises et qui connaît très bien son secteur d’activité. En tant que peuple, nous ne voulons plus de promesses, mais plutôt des preuves. Il faut passer à la vitesse supérieure.
NAJIB, expert portuaire
C’EST UN BRICOLAGE.Si un parti ne cherche qu’à sauver sa peau, comment peut-il protéger le pays ? Comment quelqu’un qui s’obstine à s’accrocher au pouvoir, à n’importe quel prix, peut-il assurer le changement et améliorer nos conditions ? Certains partis n’ont pas les moyens nécessaires d’exercer efficacement leur politique, alors ils dépannent. En guise d’exemple, le nombre de trente-neuf ministres au nouveau gouvernement est une aberration. Il y a beaucoup de postes inutiles et donc, beaucoup d’énergie gaspillée…
ALAA, gérant d’une société
J’AI REMARQUÉqu’il y avait beaucoup de récidivistes au sein de cette nouvelle composition gouvernementale. Mais je me dis qu’il s’agit d’un remaniement, chose courante dans ce genre de situation. En revanche, je pense que c’était mieux quand le parti de l’Istiqlal était associé au PJD. C’est vrai qu’on ne s’attendait pas au coup de Chabat et à la démission presque collective des ministres istiqlaliens, mais c’est tout de même arrivé. Maintenant que le PJD est allié au RNI, j’ai bien peur qu’on ait de mauvaises surprises ; surtout que la relation entre Benkirane et Mezouar n’a jamais été au beau fixe. Mais bon, tout peut arriver en politique, n’est-ce pas ? Espérons au moins que les choses s’amélioreront pour le Maroc
SOUAD, actrice associative
IL EST VRAIque ces nouvelles nominations m’ont surprise. Personnellement, je ne m’attendais pas à autant de ministres. Trente-neuf ! Je ne pense pas que la quantité fasse un bon gouvernement, mais plutôt son programme et l’ingéniosité de son équipe. En plus, on ne cesse de nous rappeler que le Maroc est touché par la crise et que la caisse de l’Etat ne peut pas supporter beaucoup de dépenses. Je ne pense donc pas que le pays puisse supporter autant de charges ! Maintenant, je ne remets pas en cause la légitimité de ces personnes, j’espère uniquement que créer de nouveaux postes et de nouveaux ministères sera bénéfique pour nous tous. D’ailleurs, nous avons six femmes au gouvernement. Bassima Hakkaoui n’est plus seule. Cela fait tellement plaisir !
SOUKAINA, chargée de clientèle dans une banque
EN DÉCOUVRANTla liste des ministres du gouvernement Benkirane II, ma première surprise a été le nombre de trente-neuf ministres, dont beaucoup de délégués. Je me dis qu’il y a forcément une raison… Est-ce pour la segmentation de certains secteurs ? Pour que chaque ministère ait des ressources humaines spécialistes ? Je pense tout de même qu’il aurait été préférable de centraliser davantage.
ZAHRA, coordinatrice dans une association
JE CROISsincèrement que c’est une perte d’énergie et d’argent. Est-ce le nombre qui prime ? Est-ce qu’un gouvernement ne peut pas être efficace avec moins de ministres ? J’ai suivi les tractations politiques ayant précédé la nomination du gouvernement Benkirane II, mais dans la pratique, on ne sentait pas réellement l’absence du gouvernement. Cela dit, je me réjouis de voir qu’il y a plus de femmes, même si celles-ci restent peu nombreuses par rapport aux hommes, à savoir six contre trente-trois. Il n’y a plus besoin de rappeler le rôle que joue la gent féminine dans la société aujourd’hui. Au Maroc, sa présence dans de nombreux secteurs ne cesse de croître. Idem pour la politique. Je pense qu’il faut œuvrer dans ce sens et encourager davantage la représentativité féminine, afin qu’il puisse y avoir plus de parité dans le futur.
NORA, professeur retraitée
JE PENSE QUEBenkirane s’est un peu trop “lâché”. Trente-neuf ministres ! Le Maroc a-t-il les moyens de supporter les charges que représentent ces hauts fonctionnaires de l’Etat et leurs équipes ? Je ne m’y connais pas très bien, mais j’imagine qu’il s’agit de grandes dépenses qui risquent d’alourdir le déficit des caisses publiques alors qu’on est en pleine crise économique. Le gouvernement a d’ailleurs augmenté le prix de beaucoup de matières premières, du carburant… Alors, si nous sommes en crise, comment peut-on assumer tous ces portefeuilles ? Est-ce uniquement pour faire plaisir à un parti politique ou un autre qu’il faut se laisser aller sur les nominations, en créant de nouveaux postes et en augmentant les délégués ? On a beau essayer de comprendre comment le Maroc fonctionne, rien n’y fait…
SIMO-HAMED, employé dans une assurance
JE PENSE QUEcette nouvelle composition gouvernementale a marqué quelques points en intégrant des femmes. On n’a cessé de déplorer le manque de représentativité féminine dans l’ancien gouvernement ! Mais je ne dis pas que c’est suffisant… Le gouvernement Benkirane II doit prouver au peuple qu’il avait raison de voter PJD lors des élections législatives. Après deux ans d’exercice, on n’a pas vu de réelles avancées. Nous espérons au moins que cette nouvelle mouture sortira du lot.
HOUDA, responsable dans une association
LA MAJORITÉdes Marocains a découvert le nouveau gouvernement avec beaucoup d’intérêt. Trente-neuf ministres, c’est énorme ! Pendant les trois mois où il n’y avait pas de gouvernement, nous n’avons pas ressenti une grande différence. Les affaires continuaient à marcher… Je veux juste savoir à quoi nous serviront ces trente-neuf personnes. En plus, afin de justifier le chiffre, ils ont trouvé le moyen de créer de nouveaux ministères ayant été cumulés dans un seul depuis belle lurette. On n’est pas dupes, vous savez. On sait très bien que c’est un arrangement préalable entre partis politiques pour que chacun puisse avoir un maximum de portefeuilles. Je me demande si c’est un gouvernement censé améliorer la situation au Maroc et veiller au respect des valeurs, ou un simple business où le fort s’accapare la part du lion. â—†