Quand l’artisanat se veut select

Au-delà du regain d’intérêt qu’il suscite depuis quelques années, l’artisanat revêt aujourd’hui une identité haut de gamme. Derrière tous ces objets et ces meubles, des savoir-faire ancestraux sont enfin traités à leur juste valeur par les connaisseurs. éclairages.

Remis au goût du jour par des concepteurs audacieux, “le fait main” connaît un nouveau souffle, pour ne pas dire une renaissance. Autres approches, autres visions, les mots pour décrire les techniques de travail ont eux-mêmes changé. On parle de sublimer la matière, d’en honorer chaque partie pour un rendu unique et racé. L’artisanat s’éloigne ainsi de l’image vétuste qu’on en avait et entre par la grande porte dans les showrooms les plus cotés. Souhaitant elle aussi marquer son engagement en faveur de ce savoir-faire, la Galerie H (espace du groupe Holmarcom dédié au design et à l’artisanat) a lancé sa deuxième exposition type, “Inspirations d’ici et d’ailleurs”. Cette mise en avant de quatre designers corrobore la tendance du moment (voir Must see).

Membre de ce quatuor, Khalid Darnaoud voit dans cet engouement un besoin légitime de retourner aux sources. Juriste de formation, il a toujours été fasciné par le travail manuel, au point d’en faire son métier. Notre homme aime le bois, le plâtre, la terre mais garde une préférence pour le fer, plus malléable selon lui. Product designer chez Made in Diva Marrakech, il souhaiterait inciter davantage d’artisans à la création : “Il faut les pousser à évoluer, à user de leur créativité pour enrichir le patrimoine. Nous devons sortir du copiage et innover parce que nous en avons largement les capacités.”

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Lampes mes jumelles norvégiennes, Khalid Darnaoud & Made In Diva. TABLE_Mon-jeu-de-carreaux,-jeu-de-voyage

Table mon jeu de carreaux, jeu de voyage, Khalid Darnaoud & Made In Diva.

Toute la noblesse d’une démarche

Face à un artisanat qui aspire maintenant à faire partie de la cour des grands, une question se pose. Comment passe-t-on d’un ensemble d’activités précairement structurées à une production luxueuse destinée à une certaine clientèle ? Réponse : en encourageant la collaboration entre artisans et designers. “Notre démarche, qui s’inscrit dans un double enjeu artistique et socio-économique, vise à tirer les savoir-faire traditionnels vers la modernité. Les designers qui se sont engagés dans ce sens n’ont eu aucune difficulté à faire adhérer les artisans à une nouvelle façon d’opérer, dès lors où ils les ont impliqués et leur ont assuré des conditions de travail motivantes”, précise Loubna Tmimi, directrice de la communication du groupe Holmarcom.

Une véritable symbiose se crée ainsi avec pour maîtres-mots “racines” et “innovations”. Contrairement aux idées reçues, les deux ne sont pas incompatibles. “Avant de créer un modèle, je vais vers l’artisan, je passe du temps dans ses locaux, j’observe ses méthodes de travail et ce n’est qu’après les avoir assimilées que je me pose à mon tour pour concevoir le modèle que je lui demanderai de confectionner. Les processus doivent être étroitement liés, sinon c’est complètement décousu et surtout ça ne rime à rien”, explique Myriam Mourabit, designer. Sa spécialité : revisiter le mobilier traditionnel au moyen de riches finitions sans en sacrifier le côté utilitaire. C’est exquis de raffinement mais cela reste toujours pratique et exportable.

De l’or entre les mains

Matériaux précieux, teintes particulières, technicités séculaires ou a contrario inédites, la création est sans limites et englobe actuellement toutes sortes de paramètres. Quand on s’en donne les moyens, on réalise des merveilles. De jeunes artisans ont ainsi pris le relais, animés d’une envie d’explorer le potentiel de leurs corps de métier, également poussés par les concept-stores et, avouons-le, un regard étranger. Celui du touriste sachant apprécier le cisaillement d’un métal, le traitement particulier du cuir, le froissement provoqué d’une étoffe ou l’écologie d’une fabrication. Un dernier point très familier à Salima Abdel-Wahab, designer textile, qui penche pour ce qu’elle appelle des matières saines. Ne surtout pas ajouter plus de déchets à ce monde. “J’ai horreur des produits chimiques, du synthétique, du pétrole”, déclare-t-elle, n’hésitant pas à parler de respect pour le tissu comme pour la personne qui va le revêtir. “Ne perdons pas la quintessence du produit au risque de vicier les initiatives.”

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Gilet guerrier Pacifique, Salima Abdel-Wahab.

Naturellement, il y a un prix à tout cela. Rappelons-le, l’artisanat sort aujourd’hui de son “terreau” d’origine pour se muer en luxe. Exit la bricole payée trois fois rien au détour d’un souk, certaines pièces atteignent parfois des sommes record. On paie pour une rareté, une histoire, une authenticité et une certaine exclusivité. “Quand on parle de haut gamme, il est généralement question de matériaux nobles, de gestes maîtrisés, du temps passé à réaliser un objet. Pour ce qui est de l’artisanat revisité par le designer, la conception se fait autour d’une technique ancienne, d’un motif patrimonial ou d’une substance originale. Dans les deux cas, il est important de mettre en place une gestion de la production qui définira le juste prix de la création et de la propriété intellectuelle”, indique à nouveau Myriam Mourabit. Une nécessité si l’on veut parvenir à un essor global du secteur et au nivellement vers le haut des ateliers plus modestes.

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