Quand la « femenitude » dérange

Les Femen ont débarqué au Maroc. Va-t-on voir courir dans nos rues des excitées aux seins nus qui hurlent que les femmes ont des droits ? C'est la question qui était sur toutes les lèvres ces dernières semaines...

es Femen, on les connaît désormais toutes et tous, enfin surtout leurs paires de seins… Ces féministes “sextrémistes” venues d’Ukraine multiplient leurs actions chocs à travers le monde, en inscrivant sur leurs bustes l’objet de leur colère: les droits des femmes, les parties de jambes en l’air de DSK, le niqab, les violences faites aux femmes, le manque de femmes aux jeux Olympiques, la libération des Pussy Riot, l’islamisme, Poutine, les frasques de Berlusconi, le Vatican qui ne désigne jamais de femme pape… Bref, on l’aura compris, elles sont très très très en colère et s’il y a bien une chose dont elles sont persuadées, c’est que leur méthode radicale est la meilleure manière qui soit d’attirer l’attention sur elles et de facto, de plaider la cause des femmes à grande échelle. Dernier cas à défendre en date, celui d’Amina Tyler, la Tunisienne de 19 ans disparue (et réapparue depuis) après avoir fait le buzz en postant des photos d’elle sur Facebook, les seins nus, un doigt d’honneur narguant l’objectif, et en lettres bien visibles inscrites sur son torse : “Fuck your morals”, ou encore “Mon corps m’appartient, il n’est l’honneur de personne”. Pour rallier l’opinion internationale à la cause d’Amina, les “valkyries sextrémistes” ont alors décrété le 4 avril “journée internationale de soutien à Amina” ou au choix, “topless djihad day”. Et pour enfoncer le clou, elles ont choisi d’arborer fièrement leurs seins nus devant des mosquées, et notamment devant la grande mosquée de Paris, en brûlant le drapeau salafiste, étendard noir sur lequel est inscrit la chahada.

Musulmanes et pas pour autant victimes

Côté musulmans, on n’accepte pas les provocations des Femen. On crie au scandale, à la haine raciale, à une attitude anti-islam et pour peu qu’on soit musulmane sans être une victime, on s’insurge et on revendique son droit à se voiler ou pas. D’ailleurs, la contre-offensive ne se fait pas attendre et des photos de musulmanes voilées (ou pas) posant avec des pancartes se mettent à circuler sur le Net, toutes taguées d’un même “muslimah pride” (fières d’être musulmanes). “Ai-je l’air d’être opprimée ?”, “Vous ne me représentez pas !”, “Ne me libère pas, je m’en charge !”, “Je n’ai pas besoin de montrer ma poitrine pour prouver au monde que je suis une femme libre”, “Opprimée ? Ha ha ha ha”, “La nudité n’est pas ma liberté, nous n’avons pas besoin de votre morale”… peut-on lire sur les pancartes des anti-Femen. La réplique de nos “sextrémistes” ne se fait pas attendre non plus. Dans un communiqué publié sur Facebook et intitulé “Seins nus au pays du Niqab !”, Inna Shevchenko, la leader du mouvement ukrainien, répond à ces musulmanes qui continuent “de se voiler la face” : “Je ne nie pas qu’il existe des femmes musulmanes capables de dire qu’elles sont libres et que le niqab est leur choix, leur droit. Soeurs, vous nous dites que vous êtes contre Femen, mais c’est aussi pour vous que nous sommes là, c’est pour nous toutes, car les femmes sont des esclaves modernes, peu importe leur couleur de peau (…). Mettez autant de foulards que vous voulez, si demain vous êtes libres de les enlever et de les remettre le jour suivant, mais n’oubliez pas vos soeurs qui sont des millions à avoir été violées et tuées parce qu’elles ne suivaient pas la volonté d’Allah ! C’est contre cela que nous luttons” .

Les Femen marocaines

Pendant ce temps-là, la vague Femen déferlait sur le Maroc ; du moins c’est ce que tout le monde a cru en découvrant pour la première fois la page Facebook “Femen Maroc”. Mais en lieu et place de féministes dénudées défilant dans les rues, nous avons droit à des Femen version marocaine somme toute très chastes. Celles-ci se contentent de photos postées anonymement et sur lesquelles on distingue une paire de seins pudiquement vêtus de leur soutien- gorge, ou quand les hommes s’y mettent, un ventre bedonnant… Sur ces bouts de corps sans tête sont inscrits des messages tels que : “Le corps des femmes n’est pas la priorité des hommes”, “Libérez Amina”, “Contre la dictature, le patriarcat, les dogmatismes. Vive Femen !”… Bref, un mélimélo de revendications qui font écho aux commentaires tout aussi dispersés du modérateur qui dénonce pêle-mêle les institutions religieuses, l’islam, les dictatures, la monarchie absolue du Maroc, l’intolérance des Marocains, le machisme au quotidien… Mais pour en savoir plus sur les principales concernées, le mieux est encore de leur donner la parole… Ce que nous avons fait en les contactant par mail via Facebook. Si ils ou elles sont d’accord pour une interview écrite anonyme, pas moyen d’espérer un rendez-vous. Attitude justifiée, nous dit-on, par le grand nombre de menaces reçues. Nous nous contentons donc d’une interview écrite, mais aux réponses plus que succinctes et très évasives, quand réponse il y a. A l’autre bout du Web, on nous explique que : “Vu l’intolérance incontestable de la société marocaine, on a opté pour choquer et transmettre notre message avec le moindre risque.” ; et on justifie cette action en expliquant que “la nudité s’est avérée être la meilleure façon, actuellement, de transmettre un message. Cela libère le corps du contexte uniquement sexuel qui l’entoure, surtout en ce qui concerne celui de la femme.” Assez décevant… Nous qui nous attendions à un grand chamboulement de la planète féministe marocaine. Les Femen ukrainiennes sont-elles derrière cette initiative? A priori, non. Femen Maroc reste une initiative individuelle quand bien même ses membres disent “avoir eu des contacts avec Femen par la suite”. Leurs actions changerontelles quelque chose au quotidien des femmes marocaines ? Il y a fort à parier que non, car même si les anonymes qui se cachent derrière cette page pensent que “le modèle Femen est encore plus reproductible dans les pays “arabo-musulmans” qu’en Europe car les dogmes religieux et socioculturels y sont beaucoup plus opprimants et répressifs pour les femmes”, cette action manque beaucoup trop d’envergure pour pouvoir espérer faire bouger les choses. Ce n’est donc pas aujourd’hui que nous découvrirons le nouveau visage du féminisme marocain. Toutefois, une nouvelle tendance semble voir le jour: tenter d’importer au Maroc des modèles d’actions féministes extrêmes et ultra médiatisées. Il y a quelques mois, le mouvement MALI créait le buzz en invitant l’association hollandaise pro avortement “Women on Waves” à prêcher la bonne parole au Maroc. Aujourd’hui, nous avons droit aux Femen. Que nous réserve-t-on pour demain ? Les Pussy Riot, peut-être…

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