On dit souvent que les disputes sont un indicateur de la vitalité d’une relation. Tel un bateau naviguant sur une mer agitée, le couple tangue, parfois, mais il ne coule pas… enfin, dans la plupart des cas ! La jalousie est souvent le dénominateur commun des disputes conjugales, mais quand elles sont récurrentes, le naufrage semble inévitable ! Pour comprendre cette réaction primaire qui vous envahit, il faut savoir que nul n’en est exempt. Elle traduit bien souvent un sentiment d’insécurité et un besoin naturel de se sentir aimé… “Dès le début de notre relation, je me suis mise à fouiller ses affaires, même ses papiers. J’avais besoin de trouver un indice sur son infidélité supposée. Les jours passaient et aucun signe ne semblait étayer la thèse de sa “culpabilité”. J’étais tellement jalouse que je devais être à ses côtés à chacune de ses sorties, et chaque femme rencontrée représentait une menace potentielle. J’avais l’impression qu’il pouvait me quitter à tout moment et cette insécurité me rendait malheureuse. Dieu merci, il a toujours fait preuve de compréhension et a tout fait pour me rassurer. Puis, un jour, j’ai eu une prise de conscience brutale en réalisant que je pouvais le perdre… J’ai compris que je passais à côté du bonheur et que je devenais de plus en plus invivable, suspicieuse et agressive. J’ai donc décidé de ne plus me laisser dévorer par ma jalousie, et de reprendre progressivement le contrôle”, raconte Mouna, en couple depuis sept ans avec Mustapha. La jalousie traduit avant tout un manque de confiance en soi et en ses capacités de séduction ; un besoin de “traquer” son partenaire qui révèle une profonde anxiété. Certains ressentent parfois la nécessité vitale de s’approprier l’autre, comme Leïla, qui témoigne : “Lorsque nous sommes séparés, même pour une heure, j’ai l’impression de ne pas exister et de ne servir à rien. J’ai un besoin obsessionnel d’être connectée à lui en permanence, de l’appeler 20 fois par jour, même pour des banalités. Je sais que je l’exaspère parfois, mais je n’arrive pas à me contrôler”. A fortes doses, la jalousie empoisonne le quotidien : soupçons d’infidélité, espionnage, interrogatoire de police au moindre retard… Bref, lorsqu’elle est maladive, elle cache des troubles pathologiques plus complexes qui nécessitent, dans bien des cas, une thérapie. Car le jaloux est très malheureux en étant à la fois victime et prisonnier de sa paranoïa. Il scrute et épie les moindres gestes de sa partenaire et les interprète comme des indices ou des preuves d’une trahison supposée, et rien ne peut ébranler sa conviction… Selon la personnalité et le vécu de chacun, le degré de jalousie varie et dissimule des malaises qui peuvent se révéler bien plus douloureux qu’ils n’y paraissent : un refoulement de l’enfance, des rivalités fraternelles, une préférence d’un parent envers l’aîné ou le cadet, une peur irrationnelle d’être quitté, l’infidélité d’un parent par le passé… “Quand je me suis mariée avec Mohamed, il avait 20 ans de plus que moi. Dès le début de notre union, je profitais de n’importe quel prétexte pour lui faire des scènes de ménage. C’était ma gymnastique quotidienne, en quelque sorte. Pour venir à bout de ce sentiment qui me gâchait la vie, j’ai décidé de suivre une psychothérapie : j’ai découvert que cette insécurité affective trouvait son origine dans la relation que j’avais avec mon père. En effet, mes parents ont divorcé alors que j’entrais dans l’adolescence, un âge où j’avais besoin de trouver des repères dans ma féminité… Mon père s’est alors remarié avec une autre femme, plus jeune et très belle. J’ai ressenti cet éloignement comme un abandon, un manque d’intérêt vis-à-vis de moi, et j’ai tout de suite jalousé cette nouvelle femme qui est entrée dans sa vie, tout en rêvant secrètement de lui ressembler…”, explique Rania. Un état de dépendance affective mal vécu au cours de l’enfance ou une relation trop “fusionnelle” avec l’un des parents peut, à l’âge adulte, avoir des conséquences éfastes sur un couple telles qu’une tendance à “étouffer” son partenaire et dans certains cas, à “infantiliser” le conjoint et reproduire le modèle conjugal de ses parents… Mais souvent, aussi, il n’y a pas de fumée sans feu, et guidée par un sixième sens, une personne peut avoir une attitude excessive ou suspicieuse à juste titre ! “Quand j’ai découvert son infidélité, nous étions mariés depuis trois ans et je nageais dans le bonheur. Je n’avais alors aucune raison de douterde lui. Peut-être que l’amour me rendait un peu aveugle !Un jour, il est parti au travail en oubliant son téléphone portable à la maison. Le scénario classique me direz-vous ! Je décide alors de chercher dans le répertoire de son mobile le numéro du standard de son bureau. Et, me laissant guider par ma curiosité, je regarde alors les prénoms dans sa liste de contacts, et l’historique de ses messages. Et là, tout s’écroule ! Je tombe sur des dizaines de SMS très intimes et sans équivoque échangés avec une certaine F.. J’ai eu l’impression que le sol se dérobait sous mes pieds et que je tombais dans un vide infini. Une heure plus tard, mon mari rentre à la maison à la hâte pour récupérer son téléphone et il a tout de suite compris, en me voyant, que je savais et que toute tentative pour sedisculper était vaine…”, raconte Nezha. Pas toujours évident de respecter les limites d’une jalousie “saine”, et celle plus obsessionnelle, qui perturbe l’équilibre d’un couple. Lorsqu’elle se manifeste de façon “normale”, la jalousie est considérée comme une preuve d’amour et d’attachement. Dans d’autres cas, elle conduit à des attitudes liberticides et toxiques pour un couple. Pour sortir de ce cercle vicieux, il faut comprendre les mécanismes déclencheurs et entreprendre parfois une vraie démarche thérapeutique. Avoir confiance en soi pour avoir confiance en son partenaire est un travail fondamental pour garder la “maîtrise” de soi, et préserver l’harmonie du couple. Le dialogue et la verbalisation de ses angoisses sont certainement les meilleurs moyens de canaliser ses émotions et de dépasser sa jalousie…