“Tu te dépêches, oui ? On va encore être en retard !”, “Pourquoi c’est toujours la pagaille quand tu sors de la salle de bain ? Tu ne ranges jamais rien, comme d’habitude !”, “Tes vêtements traînent dans toutes les pièces de la maison, c’est insupportable”,“ Trop, c’est trop ! Je fais tout dans cette maison”… On perd tous un temps fou à râler, à longueur de journée, et il faut dire qu’on a de quoi faire avec notre lot quotidien de petits tracas. Râler… le phénomène est universel. Chez nous, “ngir” est souvent le mode de communication numéro 1 dans les couples. A la maison, Madame a la réputation d’une râleuse invétérée. Normal, elle aime que les choses soient bien faites, en temps et en heure, et elle en a assez d’être entourée de gens qui prennent tout par-dessus la jambe ; y compris sa chère et tendre moitié. Le tableau est le suivant : il arrive à Madame de s’énerver parce que son partenaire ne parle pas, n’exprime pas assez ses sentiments, ou parce qu’il se montre trop macho. Elle verrait d’un bon oeil qu’il soit plus impliqué dans l’éducation des enfants, dans l’organisation du foyer et aussi dans les tâches ménagères. Elle déplore tellement que le partage des corvées ne soit pas équitable ! Alors si Madame râle, c’est peut-être qu’elle a une véritable raison de le faire et qu’elle ne peste pas pour rien. Problème au travail, de couple, ou soucis avec les enfants, râler est la seule façon qu’elle trouve parfois pour extérioriser ce qui la chiffonne.
Râleurs, les hommes ?
Mais râler ne se conjugue pas uniquement au féminin. Au quotidien, Monsieur râle tout autant, pour un oui ou pour un non. Il peut même devenir insupportable, à force de traîner un tempérament d’éternel insatisfait. Plus rien ni personne ne trouve grâce à ses yeux. Les gens sont tous des idiots qui n’y connaissent rien. Les objets font exprès de se mettre au travers de son chemin pour qu’il se prenne les pieds dedans. Bref, l’univers tout entier s’est ligué contre lui. Soyons honnêtes ! On connaît tous des mauvais jours… Si chez certains râler peut cacher un malaise plus profond, pour la plupart, c’est simplement une mauvaise habitude qu’ils n’arrivent pas à faire passer. Mais là où ça pose problème dans un couple, c’est que l’un ou l’autre des deux partenaires doit supporter cela. Ça peut rendre fou d’écouter d’incessantes complaintes et de ne pas savoir comment réagir ! Le sang froid et la patience ne sont hélas pas éternels, et vous risquez de craquer tôt ou tard. Mieux vaut donc réagir avant la crise de nerfs pour ne pas risquer de s’entretuer par phrases assassines interposées.
Il faut essayer d’établir une meilleure communication dans le couple en abordant les sujets qui fâchent, en mettant en place des compromis pour dépasser les blocages…
Au secours, docteur !
La solution préconisée par nos spécialistes est d’établir une bonne communication. Encore et toujours, me diriez-vous ! Mais si votre couple contient un râleur par intermittence, le mieux en effet est de lui faire part de votre sentiment. C’est la réaction la plus saine. Si votre moitié vous tape sur les nerfs, sans même s’en rendre compte peut-être, alors dites-le lui franchement. Dans le meilleur des cas, ça lui ouvrira les yeux. Elle tombera des nues et fera des efforts. C’est rare, mais ça peut arriver – soyons optimistes. Sinon, et c’est le plus fréquent, votre douce et tendre moitié râlera davantage et ira même jusqu’à pointer du doigt votre côté intransigeant en amour… Faites très attention à ne pas rentrer dans ce petit jeu, car vous serez bien entendu tentée de lui rendre la pareille. La réaction la plus saine à ce moment-là est de lui expliquer sereinement que vous l’aimez, mais que là, c’est trop ; on peut être ennuyé par quelque chose sans râler à tout-va. Parce que vous pouvez supporter beaucoup de choses au nom de l’amour, mais pas la bougonnerie continue et totalement injustifiée. Selon le Dr Loubna Lemseffer, psychologue et psychothérapeute, il faut essayer d’établir une meilleure communication dans le couple en abordant les sujets qui fâchent, en mettant en place des compromis pour dépasser les blocages… Cela peut sembler long et inefficace, mais ça marche… paroles de spécialiste ! Mais il arrive parfois que dans un couple, l’un des deux partenaires soit un râleur chronique qui a “ngir” dans le sang. Dans certains cas, la bougonnerie est à ce point inscrite dans les gènes que la personne ne saurait s’en passer. Elle a beau faire des efforts, elle n’arrive pas à s’arrêter de râler. Là, ça devient périlleux. “Ça peut même constituer une cause de séparation”, avertit Loubna Lemseffer. Dans ce cas de figure, il se peut que ce soit héréditaire – si si, je vous jure. Sinon, il se peut aussi que ce soit révélateur d’un malaise plus profond. Le partenaire doit essayer d’être davantage à l’écoute. Le couple n’en sortira que plus renforcé.
Quand on arrête de râler, on recommence automatiquement à parler de ce qui va bien dans notre vie. On positive, on parle de toutes ces choses qu’on apprécie chez nos proches.
J’arrête !
Le problème, quand nous râlons, c’est que tout finit par devenir source de frustration. Râler, c’est se poser en victime et accuser les autres. “Quand on râle en permanence, on se positionne en victime. C’est toujours la faute de l’autre alors que c’est peut-être nous qui n’arrivons pas à faire notre travail, et nous nous trouvons des excuses. C’est possible aussi. De toutes les manières, le fait de râler véhicule une image négative de la personne, qu’on considère comme quelqu’un qui n’est pas agréable à vivre. Du coup, on l’évite et on l’isole de plus en plus”, indique notre psychologue.
A un moment, il faut certes évacuer les pressions qui nous accablent, mais nous pouvons aussi décider que râler n’est plus une option, et que réagir positivement aux menus tracas du quotidien est préférable. Nous pouvons nous atteler à régler les problèmes lorsqu’ils sont encore petits, apprendre à dire les choses tout de suite, éviter d’accumuler les rancoeurs… Par exemple, et plutôt que d’accuser l’autre de tous les maux, essayez de vous adresser à lui, car mieux vaut parler de son propre ressenti et ramener le tout à la première personne du singulier. Ainsi, nous exprimons ce que l’on ressent sans accuser les autres. Ce qui est un énorme pas en avant. Et puis, quel plaisir après, pour nous et pour les autres, quand nous ne râlons plus ! Automatiquement, on recommence à parler de ce qui va bien dans notre vie, de ce qui nous est arrivé de beau dans la journée ! On positive, on parle de toutes ces choses qu’on apprécie chez nos proches, nos amis, nos collègues… Et franchement, il n’y a pas mieux pour voir sa vie autrement ! â–