On a testé les cours d’étiquette et de protocole

Savoir se tenir en société, trouver son chemin dans un dédale de couteaux et de fourchettes, marcher élégamment sans trop en faire, ça s’apprend comme dans les films. La preuve…

Avant son inoubliable séance shopping dans Pretty Woman, Julia Robert est d’abord passée par la cases « maintien » sous la houlette d’un très distingué manager d’hôtel. Rappelez-vous : couteau à poisson, couteau à viande, posture. Nous ne partagerons pas toutes la vie d’un Richard Gere dans son penthouse californien, mais rien ne nous empêche de savoir adroitement décortiquer notre mérou. Ça s’appelle relativiser et quoi de mieux qu’un milieu de semaine à Casablanca pour s’y exercer.

C’est dans un local cossu de l’avenue Deux mars que sont dispensés ces modules de marquise en devenir. Généralement, le premier quart d’heure sert à dissiper les idées reçues. « Vous n’êtes là ni par snobisme ni par arrivisme, plutôt par goût du savoir-vivre…». La conscience lavée par un élégant discours made in London, on peut enfin passer à table. Simulation mentale : un dîner chez William et Kate. Très flatté par la visite, le couple princier a prévu plusieurs plats très compliqués à manger suivis d’un thé dans son salon d’hiver.

Règle numéro 1 : ne surtout pas paniquer devant le nombre de couverts disposés devant soi. Les calories ingérées à l’occasion sont une bien plus grande menace ! Comme pour toute activité, il y a un ordre à suivre. On utilisera ses couteaux, fourchettes et cuillères en partant de l’extérieur vers l’intérieur. Le pain, disposé à gauche, se rompt à la main et se mange par bouchées uniques. Le voisin n’a pas à supporter la vue de quignons mordillés durant son repas.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se découpe délicatement, sauf le poisson dont le « cadavre exquis » qui se décolle ou se soulève par petits morceaux. Il faut s’interrompre de manger de temps en temps pour boire et ainsi donner un certain rythme au moment. Des trois coupes placées à droite du plat, la plus grosse servira à contenir l’eau. On ne tient son verre ni par le bord, ni par le pied mais par le bas de l’arrondi pour garder le liquide frais. Si c’est trop froid, faire remonter les doigts de 2 cm pour « tiédir » un peu le breuvage.

Six services plus tard et l’estomac au bord de l’implosion, le thé ! Ici, deux points essentiel à retenir : l’assiette est maintenue 4 cm en dessous des seins et non sur la table. En buvant, pas de petit doigt en l’air contrairement aux suggestions. Ce geste était utilisé dans les maisons closes par les hommes de noble essence afin de désigner discrètement les courtisanes dont ils souhaitaient se payer les services. Vu comme ça, on a vite fait de le rengainer…

Marcher, se tenir, parler

Savoir manger n’est pas tout. Il faut aussi se mouvoir comme si l’on était habituée à fréquenter les hautes sphères. Dos et cou bien droits, épaules en arrière, abdos légèrement contractés, regard perdu dans l’horizon et pas réguliers. Inutile de reproduire la démarche des catwalks, trop pompeuse ! C’est soi-même que l’on doit mettre en avant, pas ses vêtements. Conditionnement mental : l’historien du quartier vient de vous annoncer que la rue où vous vous trouvez appartenait jadis à votre ancêtre. Vous êtes évidemment fière mais sans prétention aucune !

Chez les plus réservées d’entre nous, mener une conversation peut très vite devenir un pensum alors qu’il n’y a vraiment pas de quoi. Pour se tirer d’affaire, on évitera les sujets qui fâchent (politique et religion), les mots toxiques qui plombent la discussion (malheureusement, hélas, catastrophique, dommage…) et les interjections bruyantes (ah, oh, hé, hein). Ne pas avoir honte de montrer que l’on ne connaît pas tel auteur ou tel endroit. En cas de mensonge, ça se verra très vite ! Au lieu de tomber dans ce scénario, reprenez-le dessus en comparant par exemple avec un lieu que vous avez déjà visité ou un écrivain que vous avez lu. Attention aux hors sujets quand même.

Décliner une demande est aussi un art à maîtriser face à l’interlocuteur. Si la réponse est non, ne le dites pas de but en blanc. Préférez plutôt une phrase du style « Cela aurait été avec plaisir mais… ». Quelques secondes de diplomatie et le tour est joué. Evidemment, tout ça avec un timbre de voix clair, les jambes pliées sur le côté si vous êtes assisses ou positionnées à 10h05 si vous êtes debout. Ça fait beaucoup à retenir d’un coup mais une fois que le pli est pris, l’enchaînement devient mécanique et Nadine de Rothschild peut aller recompter son argenterie…

Etiquette Protocole Agency par Zineb Khoudraji Chioukh, 49, angle bd 2 Mars et Victor Hugo, Rés. Les roseaux, 1er étage, n°6, Casablanca. Tél. : 06.61.26.94.61

Quelques tuyaux en vrac

-On ne pointe pas du doigt. On oriente la main (côté paume) vers l’individu ou l’objet sur lequel on souhaite attirer l’attention.

-Lorsqu’elle est debout et en pleine conversation, une femme ne garde jamais les mains pendantes. Elle doit les avoir à la hauteur de la taille et en jouer élégamment pour appuyer ses propos.

-Au moment d’introduire deux personnes, on s’adresse d’abord à la plus âgée ou la plus influente (professionnellement) d’entre elles, pour lui présenter la plus jeune ou la moins avancée dans la hiérarchie.

-Si l’on vous tend une carte visite des deux mains, prenez-la des deux mains également.

-Défense de croiser les jambes en public, mieux vaut les garder jointes posées de côté.

-Défense aussi de se triturer la peau, les cheveux, les mains, les dents, ça fait brouillon.

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