Être une femme à la tête d’un ministère n’est pas si simple, comme le souligne Najat Vallaud-Belkacem dans une interview publiée dans Respect mag. « J’avais conscience (…) qu’il y aurait, comme souvent quand les femmes prennent une citadelle, des procès soit en incompétence, soit en illégitimité. Je m’attendais à ça, mais pas forcément à tout ce qui s’en est suivi, comme des procès en extranéité, des « vous n’êtes pas vraiment française ». » Même si la ministre met en avant les projets réalisés tout au long de son mandat, elle avoue qu’elle a finalement consacré bien plus de temps qu’elle ne l’aurait voulu « à se battre contre des procès aberrants (comme « son objectif caché est d’affaiblir le niveau des élèves ») ou des rumeurs (telles que « son intention est d’obliger tous les enfants de CP à apprendre l’arabe ») ». Fatiguant.
Dans son livre, la ministre née à Beni Chiker au Maroc, réclame « une loi d’égalité au bénéfice des classes populaires ». Une volonté avouée qu’elle n’a pas pu réalisée. La raison ? « Demandez aux gens dans la rue s’ils sont pour l’égalité, tout le monde vous répondra : « Évidemment ». Mais l’égalité se fait forcément au détriment des plus privilégiés, et c’est là que vous vous rendez compte que ça devient compliqué. » Pour elle, en France, il y a une préférence pour l’inégalité. « Ce à quoi j’ai été confrontée, c’est à cette espèce de résistance permanente contre cela, qui se fait toujours au détriment des classes populaires, qui n’ont pas de porte-voix. »
Autre sujet abordé : l’atmosphère pesante qui règne en France à l’encontre des musulmans, des immigrés ou encore des réfugiés. Najat Vallaud-Belkacem confie que quand elle était jeune, on la « rangeait déjà dans la case « Arabe », mais pas forcément musulmane. Aujourd’hui, avec l’omniprésence du débat sur les religions dans la sphère publique, on cantonne davantage les gens dans des « identités supposées ». Or, la religion fait peur. » Pour elle, cette « suspicion qui aggrave la situation d’un certain nombre de jeunes » explique qu’ils « se mettent à douter de la possibilité d’une intégration alors même que factuellement, les conditions sont bien mieux réunies pour s’intégrer aujourd’hui qu’il y a 30 ans… »