Mohamed Lahna Champion des défis extrêmes

Que peut-on faire quand on n'a qu'une seule jambe ? Absolument tout ! Mohamed Lahna en est la preuve. Cet athlète de haut niveau multiplie les prouesses. Après le triathlon et la traversée du détroit de Gibraltar à la nage, il se prépare pour participer au Marathon des Sables.

FDM Dans quelles circonstances avezvous pu vous lancer dans une carrière sportive ?

Mohamed Lahna : J’ai fait mes études primaires au centre pour handicapés de Hay Mohammadi, à Casablanca. C’était une expérience unique. Je me rappelle qu’on attendait chaque jour avec impatience le moment de la récréation pour jouer au foot. Grâce à cette échappatoire, chacun d’entre nous en arrivait à oublier son handicap. Et puis, dans ce que je considère comme mon jour de chance, mon père, qui était chauffeur de taxi, a rencontré par hasard le champion paralympique marocain Abdeljalil El Biar. C’est lui qui m’a ouvert les portes du monde de la natation. Quelques années plus tard, j’ai rejoint l’association “IDMAJ” pour les personnes handicapées. Kenza Aouad, sa présidente, m’a également beaucoup soutenu ! Je participais chaque année aux événements nationaux de natation handisport. C’est là que tout a commencé…

Depuis que vous avez découvert le sport, le handicap a-t-il le même impact sur votre vie ?

Définitivement, non ! Je suis né avec un handicap congénital. En fait, je n’ai jamais eu de fémur droit. Mais cela ne m’a jamais empêché de vivre ma vie, et encore moins d’atteindre les buts que je m’étais fixés. Tout ça, grâce au sport. Après la natation, j’ai pu découvrir le cyclisme à l’âge de 20 ans par le biais d’une nouvelle rencontre, qui a marqué mon existence, avec Jean Luc Clémençon, un Français passionné de vélo qui m’a confectionné ma première vraie prothèse. Celle-ci m’a permis non seulement de marcher, mais aussi de faire du vélo pour la première fois de ma vie. C’est là que l’idée du triathlon a commencé à faire son chemin…

Vous avez depuis participé à plusieurs compétitions internationales.Quelles sont les aventures qui vous ont le plus marqué ?

Après sept ans de carrière en tant que directeur artistique dans une boîte de communication et plusieurs compétitions au Maroc et ailleurs, j’ai décidé de tout quitter pour me préparer au championnat du monde de triathlon, qui devait se tenir à Pékin, en 2011. Je suis arrivé deuxième. C’était un grand moment, d’autant plus que j’étais le seul représentant du Maroc et du monde arabe dans cette prestigieuse compétition ! Une autre aventure qui m’a beaucoup marqué : mon premier Ironman, un des plus difficiles triathlons au monde. On commence par nager 3,8 kilomètres avant de sauter sur un vélo, pour 180 km de route. Puis, on finit par 42 km de course à pied. J’ai participé avec toute une équipe de triathlètes marocains valides. J’étais la seule personne handicapée à être inscrite à cette compétition. Je l’ai terminée en 12h50m, devant plus d’un millier de concurrents. J’étais aussi le premier “handisportif” d’Afrique à terminer un triathlon Ironman. J’en suis très fier !

Racontez-nous votre traversée à la nage du détroit de Gibraltar…

Cette traversée était un défi que j’avais envie d’accomplir depuis longtemps. J’avais entendu parler de Jalil Belcaid, qui était le premier Marocain à entreprendre la traversée du détroit de Gibraltar à la nage, en 2009. J’ai donc pris contact avec lui et il m’a tout expliqué. Et puis, le 12 juillet 2010, j’ai réalisé mon rêve. Cela n’a pas été facile d’atteindre l’autre rive, surtout avec les courants à gérer. A mi-chemin, j’ai même commencé à me sentir très mal à cause de douleurs à l’estomac. Mais j’ai continué jusqu’au bout et j’ai terminé la traversée en 4h26.

Vous participez cette année au Marathon des Sables. Un nouveau défi que vous vous lancez ?

Comme vous le savez, c’est l’une des courses à pied les plus dures au monde. Il faut traverser, en l’espace de six jours, près de 255 km en plein désert. J’en rêve depuis que j’ai commencé à courir il y a deux ans, quand j’ai eu ma première prothèse prévue à cet effet avec l’aide du service des anciens combattants de l’ambassade de France à Casablanca. C’est grâce à celle-ci que j’ai pu vivre les sensations de la course à pied, à l’âge de 28 ans ! J’ai commencé par courir des semi-marathons, et puis l’idée de faire le Marathon des Sables a germé dans mon esprit très rapidement. C’est effectivement un défi que je me lance, d’autant plus que je serai le deuxième amputé de l’histoire à se lancer dans cette compétition.

Quel est le projet qui vous tient encore à coeur ?

Mon rêve, c’est de me qualifier pour les jeux paralympiques de Rio, en 2016, dans la catégorie paratriathlon. Je m’entraîne sérieusement pour y parvenir. J’adorerais monter sur le podium de Rio ! Gagner une médaille olympique reste mon plus grand projet. J’aimerais aussi faire la traversée de la Manche (rires) ! Je me prépare parallèlement pour entamer des études de prothésiste-orthésiste. Depuis mon enfance, le sport a toujours fait partie de ma vie, et comme tous les sportifs, mon plus grand souhait est de devenir un des grands athlètes du monde…

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