Depuis le 8 septembre, des centaines de photographies et de peintures ornent le salon des tapisseries de l’Hôtel de Ville. 600 pièces au total retracent l’histoire des relations entre le Maroc et l’Europe, deux destins croisés évoqués en images et en documents d’archives suivant un parcours chronologique précis en six siècles. Organisée à l’initiative du CCJM (Centre de la Culture Judéo-Marocaine de Bruxelles) et le CCME (Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger), l’exposition explore les liens tissés entre les différents pays depuis le 16ème siècle ; liens qui ne se limitent pas uniquement au colonialisme et au protectorat de Lyautey… L’évènement veut aussi mettre en lumière les rapports entre les peuples à travers l’évocation des périodes de conflit, des accords entre les pays et des liens politiques qui les unissent. Tout au long de ce parcours, une impression domine : la difficulté à représenter “l’autre”. Malgré la fascination réciproque et l’importance de l’imaginaire dans les représentations, “l’autre” ressemble à soi, comme dans cette oeuvre du graveur Thomas Jefferys, “Habit d’hiver d’un musulman marocain”, où le costume traditionnel est marocain et les traits du visage européens… Julie Lausberg et Paul Dahan, commissaires de l’exposition et psychanalystes, veulent à travers cette démarche susciter une “compréhension nouvelle” des rapports historiques existant entre les deux rives de la Méditerranée. L’objectif est aussi de casser les clichés et les stéréotypes qui continuent de se perpétuer avec des images minoratives et caricaturales. La scénographie de l’exposition s’attache à souligner les moments d’occupation et de guerre qui ont façonné l’histoire du pays et influencé sa destinée. Des documents, dont certains sont inédits, témoignent des correspondances diplomatiques et de la richesse des échanges culturels entre le Maroc et la France, la Belgique, l’Espagne, les Pays-Bas et bien d’autres pays européens… La communauté juive, présente depuis le IIème siècle au Maroc est aussi mise à l’honneur ; une manière de rendre hommage à un patrimoine culturel commun, comme en témoigne une copie d’un dessin de Delacroix représentant le mariage d’une jeune fille juive… L’exposition s’achève avec une sélection de clichés en noir et blanc, photographies de Kollar et Belin, qui révèlent un attachement mutuel entre les peuples et une fascination commune, au-delà des représentations simplistes et autres clichés… â–
(*) En marge de l’exposition, un colloque international sur les relations franco-européennes se tient le 4 octobre à Paris.