Après avoir autorisé les femmes à conduire à partir de juin 2018, Riyad vient de faire une nouvelle annonce : l’ouverture de salles de cinéma sera possible à partir de début 2018, mettant ainsi fin à une interdiction vieille depuis plus de 35 ans « C’est un moment clé dans le développement de l’économie culturelle dans le pays », a souligné le ministre de la Culture Awad al-Awad dans un communiqué. Les autorités vont, dès à présent, délivrer des permis d’exploitation. Les premières salles devraient ouvrir leurs portes au mois de mars, et d’ici 2030 le pays devrait compter plus de 300 cinémas avec quelque 2 000 écrans. Une belle avancée qui s’inscrit dans le cadre d’un ambitieux plan de réformes soutenu par le prince héritier Mohammed ben Salmane, et mené par le gouvernement pour promouvoir la culture sous toutes ses formes (concerts, spectacles, cinéma), et ce, malgré l’opposition des milieux ultraconservateurs.
Rien qu’en janvier dernier, le mufti d’Arabie saoudite s’était insurgé contre la possible ouverture de salles de cinéma, affirmant qu’elles seraient sources de « dépravation » car elles favorisent la mixité. Dans les années 1980, les cinémas avaient été interdits sous la pression des religieux alors que la société saoudienne s’orientait vers une application restrictive de l’islam refusant le divertissement et la réunion d’hommes et de femmes dans un même lieu public… Mais même si les salles étaient jusqu’à présente interdites, le cinéma saoudien a toujours existé, et commence à être reconnu internationalement. La comédie romantique « Barakah Meets Barakah » de Mahmoud Sabbagh a été projetée à la Berlinale et « Wadjda » de Haifaa Al-Mansour a été le premier film saoudien à participer en 2013 aux Oscars du meilleur film étranger.