Le sexe rend-il un mariage plus heureux?

Depuis que l’on a reconnu à la femme son droit au plaisir (merci mon Dieu !), la quête du frisson devient de plus en plus importante, voire stressante. On va jusqu’à nous assurer mordicus que sans sexe, notre couple est en perdition. L’est-il vraiment ?

Vous êtes ensemble depuis 3 mois ? 4 ans ? 15 ans ? Vous mettriez bien votre couple dans la rubrique nécrologique en feuilletant ces magazines qui décrètent que c’en est fini de votre relation lorsque votre libido a cessé ses folles salves d’antan. Qui ne déprimerait pas, d’ailleurs, en lisant que le désir est la traduction unique de la satisfaction, de l’amour et de la pérennité du couple ? Alors parlons-en, de ce désir.
 
Combien je te désire…

Lorsqu’il assure que l’amour dure trois ans, Frédéric Beigbeder n’avance pas un chiffre au hasard. Les neurosciences l’ont quelque peu prouvé. Durant les trois premières années de la vie du couple, la passion est assez forte pour garantir la cohésion nécessaire… à la procréation.

La science a ainsi démystifié toutes les hallucinations amoureuses et les rêves psychédéliques qu’on nous sert depuis que le monde est monde. Mais attention : on parle bien de passion. Cet état de griserie qui galvanise les sens et décuple les perceptions.

L’amour, par contre, celui qui a pris le temps de s’installer entre-temps, qui est fait de tendresse et d’échanges, exprime un désir différent. Un désir qui a changé de forme, d’intensité, exigeant un peu plus de travail, d’inventivité et de bonne volonté.

Le problème, c’est que l’on tombe souvent dans des comparaisons fatales, refusant de se rendre à l’évidence. Non, la sexualité de la passion n’est pas celle de l’amour. Une question de nostalgie, probablement, pour ces temps où la fusion était totale, où l’autre reniait sa personne pour se noyer en nous.

D’autres tombent dans un autre type de comparaison, celle qui oppose le mariage au célibat. Le premier évoque souvent une perte de l’altérité et l’installation d’une connaissance totale de l’autre, ainsi que le sentiment d’acquisition qui pousse les conjoints à céder rapidement à l’établissement de la routine et à l’extinction des ardeurs.

Les couples non mariés, en revanche, seraient stimulés par la peur de se perdre l’un l’autre. Mais c’est ignorer naïvement que les concubins peuvent également connaître une baisse de désir sexuel sans pour autant rédiger de longues lettres (SMS ?) de séparation.

Et que faisons-nous, alors, de la variabilité biologique ? Vous savez, cette notion qui fait que nous ne ressentons pas le même degré de douleur face aux mêmes stimuli, que nous ne réagissons pas de façon identique aux mêmes molécules pharmacologiques, ou que nous n’avons tout simplement pas les même goûts.

Pour quelle raison faut-il accepter les généralités galvaudées sur la sexualité, quand bien même elles seraient basées sur des statistiques ? C’est rigide, les chiffres ! Non, vous n’êtes pas anormale et le désir est un paramètre fluctuant qui dépend de tellement de facteurs extérieurs qu’il en est extrêmement fragile. Il est donc trop instable pour être la base d’un couple solide, même s’il pèse lourd dans la balance. On respire…
 
Le sexe : insuffisant mais primordial

Maintenant que nous nous sentons moins coupables de notre baisse de régime, évitons pour autant d’abandonner la partie. Car si le couple est d’abord fait de vécu, de temps et d’empathie, le sexe en est un ciment nécessaire, interpelant des recoins méconnus de la conscience humaine.

Selon le père de la psychologie et tous ses petits-fils contemporains, la sexualité serait, entre autres, l’expression de la rage de vivre et de l’instinct de survie. Il est également un anesthésiant puissant de la peur ancestrale de mourir. Pas étonnant, donc, de lui constater ces effets anxiolytiques et revigorants.

Malheureusement, d’autres paramètres rentrent en jeu, amenant la femme à renoncer à préserver la sexualité au sein de son couple. Il y a notamment le dogme masculiniste qui a assailli la libération des mœurs, faisant que la gent féminine, aujourd’hui, accepte davantage le postulat selon lequel l’homme a des besoins supérieurs, qu’il doit garder la mécanique en marche et qu’une seule donzelle ne pourra pas le combler ad vitam aeternam.

Ce qui fait qu’elle cède plus rapidement que sa mère ou sa grand-mère, probablement découragées par la “concurrence”. Ce n’est donc pas le manque de désir qui tue le couple, mais le renoncement au couple sur l’autel du désir.

Témoignages :

Sanaa, 37 ans, styliste :

“Je ne peux pas dire qu’après 14 ans de mariage, mon désir pour mon mari soit toujours intact. En tout cas, il n’est pas tout à fait le même qu’au début de notre relation. Pourtant, nous avons une activité sexuelle très régulière et à en croire mes amies mariées, beaucoup plus élevée que la normale. Mon mari est comme on dirait un “chaud lapin”, qui peut en avoir envie plusieurs fois par jour et souvent, il peut m’y entraîner assez facilement.

Cela étant dit, je ne sais pas ce que cela signifie car, à part ces moments purement physiques, les discussions quant à l’avenir des enfants et les besoins du ménage, nous ne partageons rien. J’ai une grosse soif de vivre et de découvrir, mais pas lui. Je suis quelqu’un de très sociable, alors que moins il voit de monde, mieux il se porte. Il veut tout combler par sa carte bleue, mais j’ai des besoins autres que matériels. Alors, je vous le demande : sommes-nous un couple? Moi, je dirais des colocataires… with benefits.”

Amal, 52 ans, femme au foyer :

“Comment en parler sans passer pour une frigide ou une délaissée ? Les galipettes et moi, cela fait de longs mois… Je me suis mariée il y a 22 ans, vous comprenez ? On avait 30 et 35 ans. Nous avons vécu notre apogée sexuelle. Après, il y a eu les enfants, les responsabilités, la vie… Je ne veux pas colporter l’idée débile que la femme une fois mère oublie sa féminité ou que la libido s’éteint complètement à un certain âge.

Ce sont là des idées de grands-mères ou de grands-pères pour s’assurer de la fidélité de leur conjoint. Le fait est que dans mon cas, le désir a juste disparu. Lorsqu’on partage notre lit, c’est un peu comme si je dormais avec mon frère. Il y a beaucoup de tendresse, beaucoup d’amour, rien de plus. Si je le regrette ? Évidemment que je regrette toutes les folies passées. Mais je partage autre chose avec lui. Des rêves et des projets qu’il construit pour nous chaque jour et que je complète avec joie. Si j’ai peur de le perdre ? Je ne peux même pas l’imaginer.”
 

 

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