Le caftan, tout un art !

Avec cette jeune styliste venue du Nord, une chose est sûre, les traditions ont encore de beaux jours devant elles. Dans "La malle de ma grand-mère", nom qu'elle donne à sa collection, la jeune styliste, découverte à Caftan en 2005, a su remettre le caftan au goût du jour avec talent, matières et techniques anciennes. Dans un tourbillon de paillettes et de pierres précieuses, El Batoul nous transporte dans un autre temps et dans un ailleurs à mi-chemin entre le Maroc et l'Andalousie.

C’est un petit bout de femme à la grâce féline, aux yeux en amande et à la longue chevelure d’un brun ténébreux qui me rejoint à la réception de l’hôtel et m’aborde avec un visage très souriant. El Batoul vient du nord comme en témoigne son incroyable accent chantant. A peine installées, Abdessalam son frère nous rejoint. Jamais l’un sans l’autre, c’est ensemble que les deux inséparables répondent à mes questions. Bien que ne travaillant pas avec elle, il l’accompagne partout et ravive ses souvenirs quand, en répondant à mes questions, elle omet certains détails. Douce, rieuse, enthousiaste et confiante en l’avenir, El Batoul se confie…

FDM : Que vous inspire la thématique “Vogue Zaman” ? Vous a-t-elle posé quelques difficultés ou a-t-elle été au contraire une source d’inspiration évidente ?
El Batoul Cain Allah : Je n’ai pas éprouvé de difficultés particulières avec ce thème car le chemin était en quelque sorte tout tracé et cela m’a beaucoup facilité les choses. Le caftan est ancien et on en revient toujours à son origine car son ancienneté est son essence même. La thématique “vogue zaman” m’a inspirée, notamment s’agissant de tissus comme le brocart et le tlija. J’ai aussi utilisé les broderies à la main en accord avec le style ancien du caftan. J’ai beaucoup eu recours au travail du maâlem, aux broderies chargées ainsi qu’au fil d’or qui donne de la valeur à la tenue. On utilise régulièrement des techniques traditionnelles comme la sfifa, la defra, l’aâkad mais en voulant les moderniser on en vient à les européaniser en transformant de plus en plus le caftan en robe de soirée. Ce thème nous a donc encouragés à revenir aux origines du caftan et du tissu. Que la tenue soit moderne est une chose mais à condition que cette modernité ne porte pas atteinte au caftan lui-même. Le caftan doit aussi pouvoir se porter et être accessible à tous. Car un caftan c’est comme un tableau. On fait des croquis qui sont uniquement le reflet de nos idées. Une fois ces idées réalisées on se rend compte de ce qu’il faut encore ajouter à la tenue et on s’aperçoit de ce qui manque ou pas. Je crois que tant que je serai vivante, je continuerai d’ajouter encore et encore des choses au caftan ! (rires). Car pour moi, un caftan n’est jamais achevé, à tel point que je fais souffrir les maâlmine car je n’en finis jamais de retoucher mes tenues. Impossible d’apaiser ce sentiment d’inachevé !

Comment avez-vous procédé pour vos recherches ? Vers quoi vous êtes-vous tournée ?
J’ai beaucoup cherché sur Internet, dans de vieux livres mais je me suis surtout inspirée de ma grand-mère. Elle a transmis ses caftans à ma mère et celle-ci m’expliquait l’importance de la couleur verte, de l’or et de la broderie. J’ai aussi empreinté aux motifs de vieilles nappes appartenant à ma mère et je les ai reproduits avec la ghorza. J’ai utilisé l’aâkad ancien, le vieux travail du maâlem et j’ai modernisé la sfifa. J’ai cherché à savoir ce que portaient les vieilles femmes mais je n’ai pas trouvé grand-chose car il y a très peu de photos qui datent de cette époque et de documents sur le sujet. C’est pour cette raison aussi que je j’ai puisé auprès de mes grands-mères et que j’ai trouvé l’inspiration en fouillant dans leurs malles.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées et comment les avez-vous surmontées ?
J’ai essentiellement travaillé les broderies à la main mais je n’avais que très peu de temps. J’ai eu des difficultés pour trouver les matières car il n’y a pas grand choix de tissus là où je vis. Il a fallu que je me déplace plusieurs fois et surtout à Casablanca pour trouver ce que je voulais. Je devais aussi répartir le travail efficacement entre les maâlmine tout en respectant les délais nécessaires pour la réalisation de chaque étape du caftan. Chacun avait donc sa spécialité. Le problème est qu’il faut aussi courir après tout ce petit monde pour que tout soit livré dans les délais. Sans compter mes enfants à qui, en parallèle, je devais aussi accorder du temps.

Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez su que vous étiez nominée ?
J’étais très contente ! J’ai beaucoup travaillé sur mon dossier et j’avais vraiment beaucoup d’idées. J’ai interrompu pendant cinq ou six ans, mais quitter ainsi la scène est très dur car les gens sont à la recherche de choses nouvelles. Il faut qu’ils continuent à entendre parler de nous sinon ils nous oublient. Je sentais donc que le moment était venu pour moi de faire
mon retour.

Combien vous a coûté la préparation de Caftan ?
C’est très cher et surtout dans le cadre de la haute couture car on travaille avec des matières précieuses, des tissus et des pierres. On ne peut pas réaliser le modèle de l’année avec des matières bon marché. Les pierres swarovski, que j’ai beaucoup utilisées, sont très onéreuses.

Quelle est l’identité forte, la particularité de votre collection ?
Le lien entre mes caftans ce sont les pierres swarovski qui agrémentent le travail du maâlem, les broderies qui sont aussi omniprésentes, les tenues composées de 4 ou 5 pièces, les cols officiers et les manches ballonnées.

Quels sont vos projets après Caftan ?
J’ai plusieurs responsabilités inhérentes à mon travail et je vise plusieurs objectifs. Il faut que je profite de Caftan et de ses retombées pour travailler davantage.

Vous qui avez déjà été nominée plusieurs fois à Caftan, y a-t-il un avant et un après Caftan ?
Avant Caftan, je travaillais beaucoup mais de façon limitée. Caftan m’a ouvert les portes et m’a apporté la renommée et davantage de clients. Participer à cet événement est comme avoir un label caftan qui nous consacre.

Quel est votre sentiment aujourd’hui à quelques jours de Caftan ?
Il y a toujours une anxiété car la moindre petite erreur peut tout faire basculer, quand bien-même la collection sur laquelle on a travaillé serait réussie. J’espère vraiment que ça se passera bien !

Comment imaginez-vous le caftan dans vingt ans ?
Je l’imagine international. J’espère qu’il sera partout dans le monde, qu’il y aura un caftan dans chaque domicile occidental. Le caftan plaît beaucoup à l’étranger mais il reste encore cher aux yeux des Européens qui préfèrent acheter des robes de soirée. C’est compréhensible car il est évident qu’il faut un événement grandiose pour porter une tenue composée de 3 ou 4 pièces. Sinon, j’espère aussi que certains de ces caftans portés dans le monde entier seront signés Cain Allah El Batoul ! (rires).

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