La photographe marocaine Dounia Fikri va accrocher du 8 mars au 8 avril sa série « Bo’jloud » à l’Institut Cervantes de Casablanca. C’est sa première exposition individuelle même si elle n’est pas novice dans le milieu. En effet, ses photographies ont été notamment présentées aux Nuits Photographiques d’Essaouira, un festival auquel elle a participé à deux fois. Cette jeune femme de 27 ans qui ne s’éloigne jamais de son argentique, a été sélectionnée comme jeune promesse dans la lecture de portfolios Trasatlantica organisée par PHotoEspaña à l’Uzine de Casablanca en octobre 2017. Une photographe autodidacte talentueuse qui a démarré la photo sous un pseudonyme par peur des retours. Au contraire, les feedback ont été très positifs. Aujourd’hui, Dounia Fikri tape dans l’œil de nombreux professionnels de l’image par la qualité de son travail.
Elle a « une vision onirique du monde, un regard qui nous plonge dans un univers étrange avec ces petites tâches vertes qui papillonnent dans l’air », comme elle est décrite sur le compte Facebook de l’Institut Cervantes de Casablanca. Ces petites tâches vertes viennent des procédés naturels qu’elle utilise pour altérer ses pellicules. Dans sa première exposition individuelle, Dounia Fikri a immortalisé au fil des années le rite de Boujloud fêté les lendemains de l’Aïd el-Kebir à Aglou, au sud du Maroc. La tradition ? Que les jeunes hommes du village s’habillent de la peau des moutons sacrifiés. Des « masques » portés permettant une liberté totale dans une communauté pourtant conservatrice. En bref, les tabous tombent durant les trois jours de festivité. La distance, la naïveté voire la timidité des images de la première année laisse place à des angles de vue plus engagés les années suivantes. En résume, une expo à voir et une artiste à suivre.