FDM : Cette année encore, vous avez animé le Sidaction en duo avec Ali Baddou. Parlez-nous de votre engagement pour cette cause ?
Choumicha Chafay : Mon engagement est né d’une rencontre avec une grande dame que vous connaissez, Hakima Himmich, et c’est à travers elle que j’ai pu mesurer l’immense travail accompli par l’Association de Lutte Contre le Sida. Lors de ma première visite à l’hôpital avec Ali Baddou, nous avons rencontré des patients vivant avec le VIH… Ils étaient touchés et émus que nous leur rendions visite, que nous nous intéressions à eux, et de savoir que nous étions prêts à les aider à continuer à vivre dignement. Je me suis rendu compte de toute la détresse, la souffrance, l’exclusion de ces personnes qui sont pourtant comme vous et moi. Lorsque j’ai vu des familles entières avec des enfants et des bébés séropositifs, j’ai compris que le sida pouvait avoir plusieurs visages… celui d’un adolescent, d’un enfant, d’un bébé, d’un nouveau-né. Il est maintenant plus urgent que jamais de se mobiliser, que chacun de nous participe à la lutte contre cette maladie pour un avenir meilleur, pour nos enfants et toutes les générations à venir… C’est donc pour moi, avant toute chose, un engagement humain pour une cause nationale.
Votre engagement se poursuit-il sur le terrain ?
Mon engagement s’inscrit surtout dans la durée et je participerai, si on me le demande, à toutes les actions pour la lutte contre le sida.
Quel message souhaitez-vous faire passer au sujet du sida ?
Aujourd’hui, on peut stopper sa progression et l’apparition de nouvelles contaminations, mais cela demande vraiment beaucoup de moyens. Selon les chiffres, 51 % des gens atteints par le VIH sont des jeunes et parmi eux, de nombreux nouveau-nés. Alors aidons l’ALCS à faire encore plus de campagnes de prévention à travers le Royaume, faisons preuve d’empathie et de compassion à l’égard des personnes séropositives, sensibilisons nos enfants à cette noble cause…
Pensez-vous que la lutte contre le sida puisse être optimale avec une éducation sexuelle quasi inexistante au Maroc ?
Les moyens de lutte contre le sida doivent être enseignés, au même titre que ceux des autres maladies sexuellement transmissibles. Mais pour être optimale, cette bataille doit aussi être menée de front par la famille, l’information, les médias…
Pour le tournage de votre émission culinaire, vous sillonnez le Maroc à la rencontre de populations vivant souvent dans des régions reculées. Que ressentez-vous dans ces moments-là ?
Je ressens énormément d’admiration et d’humilité face à ces femmes qui se contentent souvent de si peu, tout en travaillant très dur pour garantir un avenir meilleur à leurs enfants. Chaque rencontre est une vraie leçon de vie pour moi.
Quels sont les principaux besoins des femmes rurales que vous avez l’occasion de croiser chaque mois ?
Les femmes que je rencontre sont des exemples de dignité et de courage. Dans leurs élans de générosité et de partage, elles ne me donnent que ce qu’elles ont de meilleur et mettent volontairement leurs soucis de côté. L’amélioration de la situation de la femme, où qu’elle soit dans le monde, ne peut être possible sans un accès à une bonne éducation.
On parle souvent de vous comme l’une des personnalités préférées des Marocains. Qu’en pensez-vous, et comment l’expliquez-vous ?
Lorsque j’ai commencé à la télévision, il y a maintenant plus d’une décennie, je ne m’attendais pas à un tel engouement de la part du public. Cela me flatte et me touche énormément, même si je suis incapable de vous expliquer le pourquoi du comment. Petite anecdote : je sors de la galerie Akouas de Rahoul à Azemmour, vers midi, et je croise un jeune homme d’une vingtaine d’années qui semblait s’être réveillé cinq minutes auparavant, les yeux mi-clos, avec une banane à la bouche. Il me regarde et soudain, il me reconnaît et me lance spontanément : “Sbah el kheir tata Choumicha”. J’étais sa tata ; c’est normal, il me regarde depuis qu’il est enfant ! Je vis chaque jour ce type de situations et cela me fait réaliser que je fais partie du quotidien de beaucoup de familles marocaines.
Vous avez fait de la cuisine votre profession, mais est-ce aussi une passion ?
En fait, je suis curieuse et passionnée, de nature gaie et joyeuse, et je ne conçois pas de faire un métier qui ne m’exalterait pas et qui ne m’apporterait pas chaque jour son lot de nouveaux défis. Je m’investis pleinement dans la réalisation et la concrétisation de mes projets, toujours à la recherche de la perfection. J’aurais été très triste et malheureuse de faire un métier qui ne me passionne pas.
Parlons de la femme marocaine et de ses droits. Jugez-vous sa situation plutôt comme une avancée ou une régression ?
Il y a eu de grandes avancées ces dernières années, notamment au niveau de l’éducation, et ce n’est qu’avec l’accès à celle-ci que la femme sera à même de défendre ses droits.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
J’ai créé une gamme de neuf compositions marocaines d’épices biologiques d’exception, qui a été le fruit de plus de trois ans de travail, de recherche, de tests… Je travaille actuellement sur des thés et des cafés, bio également, et j’ai bien d’autres projets encore en développement…