Politique
Imane Lahrich, secrétaire générale du Forum Méditerranéen de la jeunesse
“Depuis une dizaine d’années, les initiatives visant à enraciner les valeurs égalitaires dans les institutions et au sein de la société se sont multipliées : réforme de la Moudawana, stratégie nationale pour l’équité et l’égalité entre les sexes, programme Tamkine, chantier de la budgétisation sensible au genre (BSG)… Malgré ces réalisations, sans parler de la ratification par le Maroc de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), la représentation politique des femmes reste relativement faible. Il est donc frustrant de constater que la femme marocaine n’a jusqu’à ce jour pas pu prendre pleinement sa place dans la vie politique, en dépit des réformes législatives qu’a connu le royaume depuis 1998 ou grâce au travail de la société civile et des mouvements des droits de l’Homme notamment le mouvement féministe. L’évolution demeure donc timide par rapport aux ambitions. Il ne faut pas nier que la représentation des femmes dans les fonctions électives, dans les hauts postes de responsabilité de l’administration publique et dans le monde du travail a enregistré des progrès durant les deux dernières décennies. La présence des femmes reste liée au dispositif du quota, sans lequel la représentativité des femmes serait encore plus faible. Dans ce sens, l’arrivée de plus en plus importante des femmes dans certains lieux de prise de décision renvoie à d’autres questions liées aux mécanismes de consolidation et d’élargissement du leadership féminin. En effet, le plaidoyer a souvent porté sur une représentativité féminine fondée avant tout sur le critère des quotas, au lieu de positionner les femmes comme citoyennes, comme acteurs politiques à part entière. Les femmes ont alors été associées à une identité de genre, qui leur a imposé un statut d’infériorité. Aussi, est-il important d’appeler à l’égalité, à l’équité et à plus de justice sociale dans la société. Les exigences de ces temps modernes ne pourront être satisfaites avec une sous- représentation des femmes dans beaucoup de secteurs clés qui mettent ainsi à l’écart la moitié des potentialités d’une société. D’où la nécessité d’encourager la participation des femmes aux élections nationale et régionale. Plus de femmes au pouvoir est synonyme de plus de démocratie dans un pays où les femmes et les hommes participent ensemble au développement de la société. Il est crucial que le fossé entre les lois et leur application effective soit comblé afin de garantir aux femmes leurs droits, préserver leur dignité humaine et rendre effective leur participation dans les domaines politique, syndical et civique.”
Prochain article : Ghita EL Kasri, cofondatrice de Schoonect, start-up qui améliore l’engagement des élèves en classe